INTERNATIONAL - Le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié de "déclaration de guerre" aux Palestiniens et aux musulmans la fermeture par Israël de l'esplanade des Mosquées et les récents agissements israéliens à Jérusalem-Est. "La poursuite de ces agressions et cette dangereuse escalade israélienne constituent une déclaration de guerre au peuple palestinien, à ses lieux sacrés et à la nation arabe et musulmane", a dit Mahmoud Abbas selon son porte-parole Nabil Abou Roudeina.
Face à ces déclarations, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé qu'il avait ordonné le déploiement de renforts "significatifs" de police et accuse le président palestinien Mahmoud Abbas d'inciter aux troubles grandissants à Jérusalem.
Rouverte en fin de journée
La décision de fermer l'esplanade des Mosquées intervient après un nouvel épisode dans l'escalade des tensions qui secouent la ville sainte. En effet, jeudi 30 octobre, des policiers israéliens ont tué à Jérusalem un Palestinien soupçonné d'avoir tiré sur une figure ultra-nationaliste juive quelques heures auparavant.
Devant cet accès de fièvre, les autorités israéliennes ont pris la décision rare de fermer l'ultra-sensible esplanade des Mosquées jusqu'à nouvel ordre. La police a été placée en état d'alerte sur tout le territoire, a indiqué un porte-parole. Elle a finalement été rouverte en fin de journée par la police locale mais reste interdite aux hommes de moins de 50 ans. En clair, ces derniers pourraient être empêchés d'assister à la prière du vendredi.
Les Etats-Unis ont réclamé dans la foulée que tous les musulmans puissent accéder à la mosquée Al-Aqsa et appelé toutes les parties à faire preuve de retenue face à l'escalade des tensions.
Durant la journée, de jeunes Palestiniens ont échangé avec les policiers israéliens des pierres et des grenades assourdissantes aux confins des quartiers d'Abou Tor et de Silwan, épicentre des troubles au pied de la Vieille ville et de l'esplanade des Mosquées depuis une semaine.
L'esplanade des Mosquées, lieu de tensions
Les juifs sont autorisés à visiter l'esplanade des Mosquées, mais pas à prier, par crainte des incidents. L'esplanade des Mosquées est sacrée pour les musulmans et les juifs. Le statut de ce lieu est une source de tensions permanentes. Les musulmans s'alarment de l'intention prêtée au gouvernement israélien d'autoriser les juifs à y prier. Ils redoutent qu'une telle autorisation constitue le premier pas vers la destruction des mosquées en vue de bâtir le "troisième temple" juif.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est de nouveau défendu lundi 27 octobre de vouloir changer le statut de ce lieu saint.
La statut de l'esplanade des Mosquées est, pour les Palestiniens, la plus cardinale des sources de tensions, une "ligne rouge" selon les autorités palestiniennes. Mais les crispations ont été exacerbées par une série d'événements depuis juin, la guerre de Gaza, la poursuite de la colonisation par Israël, les brimades permanentes auxquelles les Palestiniens se disent en butte, et plus globalement la poursuite de l'occupation.
La mort d'un Palestinien, l'attaque contre un ultra-nationaliste juif mais aussi la fermeture de l'esplanade des Mosquées sont susceptibles d'échauffer encore davantage les esprits.