Depuis des mois, plus de 50 000 fonctionnaires du Hamas ne touchent plus de salaire de la part du gouvernement d’union nationale. Une majorité d'entre eux s'étaient mis en grève la semaine dernière en signe de protestation.
L’Autorité palestinienne a entamé mercredi la distribution d’une partie des salaires des fonctionnaires civils du Hamas dans la bande de Gaza, répondant à l’une des principales revendications du mouvement islamiste. Des milliers d’employés, parmi les 24 000 travailleurs civils employés par les autorités à Gaza, ont fait la queue devant le bureau de poste de la ville de Gaza pour récupérer chacun, en liquide, 1 200 dollars, convoyés depuis Ramallah en Cisjordanie.
Ces paiements interviennent une semaine après qu’une grève générale a paralysé les ministères, institutions et écoles relevant du Hamas à Gaza. Les 43 000 employés dépendant du mouvement islamiste avaient arrêté le travail pour protester contre le non-paiement de leurs salaires par le gouvernement d’union nationale. Un responsable de l’ONU a expliqué que l’argent avait été amené à bord de véhicules de transport de fonds israéliens jusqu’au point de passage d’Erez, au nord de l’enclave palestinienne avant d’être transféré dans des véhicules de l’ONU qui l’ont amené à la Poste centrale de Gaza.
L’argent, 30 millions de dollars débloqués par le gouvernement d’union nationale palestinien, a été transporté en liquide après que les banques ont refusé d’effectuer des transferts. Le Hamas étant considéré comme une organisation «terroriste» par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, de nombreuses institutions financières refusent d’effectuer des virements vers Gaza par peur de sanctions.
«CELA FAIT DIX MOIS QUE NOUS NE SOMMES PLUS PAYÉ»
Le gouvernement du Hamas a théoriquement cédé le pouvoir à Gaza le 2 juin à un gouvernement de personnalités indépendantes né de sa réconciliation avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui chapeaute l’Autorité palestinienne. Mais il continue de facto à contrôler l’enclave côtière déchirée durant l’été par une guerre avec Israël qui a tué près de 2 200 Palestiniens et plus de 70 Israéliens.
Après la réconciliation, le Hamas avait exigé que le nouveau gouvernement paye les salaires de ses fonctionnaires. Le Premier ministre Rami Hamdallah a affirmé début septembre que son gouvernement avait été menacé de «boycott» par la communauté internationale s’il accédait à cette demande. Depuis des mois, plus de 50 000 fonctionnaires du Hamas ne touchent plus un dollar de salaire. Les employés des secteurs militaires et de la sécurité ne sont pas concernés par les paiements de mardi.
Le Hamas s’est félicité de ces versements et dit espérer qu’ils soient «un pas positif vers un paiement mensuel des fonctionnaires civils et militaires». Hana al-Absi, employée de la justice à Gaza, a salué «un pas positif pour tous les fonctionnaires».«Cela fait dix mois que nous ne sommes plus payés, j’ai accumulé des dettes, je dois encore payer le loyer et le transport scolaire de mes enfants», a pour sa part affirmé Oum Youssef, une autre employée du service public.