Un calme relatif a régné mardi à Jérusalem, sous haute surveillance policière, mais les tensions entre Palestiniens et Israéliens ont gagné la scène internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU décidant de se réunir en urgence mercredi.
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU sont censés débattre de la poursuite de la colonisation, après une nouvelle annonce israélienne sur le sujet lundi.
Le Conseil de sécurité a déjà dit par le passé que les colonies israéliennes dans les territoires occupés et à Jérusalem-Est n'avaient aucune «validité légale» et faisaient obstacle aux efforts de résolution du conflit israélo-palestinien.
Cela ne dissuade pas Israël. Malgré les troubles qui agitent Jérusalem-Est depuis quelques mois et qui se sont aggravés dernièrement, le gouvernement israélien a annoncé lundi son intention d'accélérer les plans pour la construction de 1000 logements à Jérusalem-Est.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a encore signifié son inflexibilité mardi, alors même que se profilait la réunion du Conseil de sécurité, pas encore annoncée à ce moment-là, mais déjà demandée par la Jordanie, jouant habituellement le rôle d'intermédiaire pour les Palestiniens.
«Tout comme les Français construisent à Paris et les Anglais construisent à Londres, les Israéliens construisent à Jérusalem (...) Nous avons construit à Jérusalem par le passé, nous construisons en ce moment même à Jérusalem, et nous continuerons à construire à Jérusalem», a déclaré M. Nétanyahou.
Frustration internationale
La veille, il avait anticipé les critiques à venir et parlé de «droit absolu» à construire dans les quartiers juifs de Jérusalem-Est, bien que la communauté internationale considère comme illégales l'annexion et l'occupation par Israël de cette partie palestinienne de la ville.
Même si les détails manquaient encore mardi sur les programmes de construction, Washington et l'Union européenne ont souligné combien de tels projets compliquent la recherche d'une solution à un conflit vieux de plus de 65 ans.
Dans un contexte de grande frustration de la communauté internationale devant les faibles perspectives de paix, mais aussi de dégradation des relations israéliennes y compris avec Washington, M. Nétanyahou a accusé implicitement les États-Unis et l'Union européenne de pratiquer un «deux poids, deux mesures (...) inacceptable» dans leurs critiques.
La poursuite de la colonisation n'est pas seulement considérée comme une entrave majeure à la paix et l'une des causes de l'échec de la dernière initiative américaine en avril. Elle est aussi l'un des facteurs de l'aggravation récente des tensions entre Israéliens et Palestiniens, globalement dressés contre tout ce qui relève de l'occupation.
Le maire juif sur l'esplanade des Mosquées
Mais elle n'est pas le seul. Pour les Palestiniens, toute la «situation de crise à Jérusalem-Est occupée» doit être débattue au Conseil de sécurité.
Le statut de l'esplanade des Mosquées en particulier, vénérée par les musulmans et les juifs, cristallise les tensions.
Les musulmans s'alarment de l'intention prêtée au gouvernement israélien d'autoriser les juifs à y prier. Ils s'indignent de ce qu'ils considèrent comme des provocations de la part de juifs autorisés à visiter les lieux. Le premier ministre israélien s'est encore défendu lundi de vouloir changer les règles sur l'esplanade.
Dans ce contexte, le maire juif de Jérusalem, Nir Barkat, a effectué mardi sur l'esplanade une visite potentiellement délicate. Il s'agissait pour lui de «se rendre compte de la situation et mieux comprendre les problèmes sur le site», selon ses services.
La visite s'est déroulée sans incident, a indiqué la police. La fondation Al-Aqsa, une branche du Mouvement islamique, organisation anti-sioniste de défense des intérêts musulmans, a cependant exprimé l'extrême sensibilité musulmane devant de telles visites et a dénoncé une «prise d'assaut» de l'esplanade de la part du maire.
Jérusalem a connu une journée «relativement calme», à l'exception de quelques confrontations entre de jeunes Palestiniens et des policiers israéliens, a dit à l'AFP un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Les policiers ont à nouveau répondu aux jets de pierres par des gaz lacrymogènes et des projectiles assourdissants, notamment dans le quartier troublé de Silwan, a-t-il dit.
En Cisjordanie occupée, des soldats israéliens ont blessé quatre Palestiniens lors d'échauffourées dans le village de Yabad dans le nord, selon des sources militaires israéliennes et médicales palestiniennes.
La patrouille israélienne a été attaquée par des jets de pierres en entrant dans le village, ce à quoi elle a répondu par des tirs d'avertissement, selon une porte-parole de l'armée. Les Palestiniens continuant à jeter des pierres, les soldats ont «tiré sur les principaux instigateurs» de l'attaque selon elle, précisant qu'il y a eu quatre Palestiniens blessés sans que leurs vies soient en danger.