Le chef du parti ultranationaliste, Israël Beiteinou, et controversé ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, se pose en futur chef de la droite tout en se disant pour l’heure fidèle à la majorité de Benjamin Netanyahu.
Qualifiant de «correctes» ses relations avec le Premier ministre, M. Lieberman a estimé dans un entretien avec l’AFP que «la coalition actuelle est la meilleure solution, la meilleure possibilité». Mais, stimulé par des sondages encourageants, il a reconnu s’être «fixé pour objectif d’obtenir de 21 à 26 sièges» aux prochaines législatives, laissant entendre que sa formation (15 élus) va mordre sur l’électorat de ses rivaux de droite, notamment le Likoud (27 députés) de M. Netanyahu. Depuis près de deux ans à la tête de la diplomatie, M. Lieberman, 52 ans, semble profiter de chaque tribune pour promouvoir ses ambitions sur la scène politique intérieure. En septembre, devant l’ONU, il n’hésite pas à exprimer sa vision personnelle d’un règlement du conflit israélo-palestinien par «un accord intérimaire à long terme» et «un échange de territoires avec leur population», s’attirant le désaveu de M. Netanyahu.
«Nous devons reporter la solution politique (avec les Palestiniens) à au moins une décennie», a-t-il affirmé à l’AFP, estimant que les accords d’autonomie d’Oslo (1993) menaient à l’impasse. Profondément pessimiste, il joue du sentiment d’insularité de ses compatriotes qui se disent souvent «entourés d’un océan d’hostilité» et stigmatise «l’extrémisme» des représentants de la minorité arabe d’Israël (20% de la population). Né en Moldavie et immigré en Israël à l’âge de 5 ans, il trouve beaucoup de sympathisants au sein du million de Juifs venus de l’ex-URSS depuis 1989, mais son audience déborde désormais le vote communautaire.
Collier de barbe poivre et sel, regard pénétrant, le verbe lent à l’accent russe râpeux, M. Lieberman reproche aux pays occidentaux leur «hypocrisie», leur «lâcheté», voire leur «double langage». Pour lui, le conflit israélo-arabe est «marginal» et s’inscrit dans le cadre global du «choc des civilisations entre l’Occident et l’Islam radical». «Aujourd’hui, il y a 57 Etats islamiques englobant 1,5 milliard d’habitants et contrôlant environ 70% de l’énergie mondiale, alors qu’Israël compte 7,5 millions d’habitants», d’où les «pressions exercées sur lui», estime-t-il.
Visiblement plus doué pour les joutes verbales que pour les salons feutrés, ce diplômé en relations internationales de l’université hébraïque de Jérusalem multiplie les incidents diplomatiques pour un film anti-israélien à la télévision turque, un article jugé antisémite d’un journal suédois, ou quand le gouvernement norvégien commémore Knut Hamsun (1859-1952), prix Nobel de littérature et pro-nazi. Coutumier des outrances verbales, et jugé «raciste» et «anti-arabe» en raison de son programme politique, M. Lieberman est considéré comme «persona non grata» en Egypte et en Jordanie, seuls pays arabes en paix avec Israël.
Ecarté du processus de paix avec les Palestiniens pour ces mêmes raisons, ainsi que du dossier crucial des relations avec Washington, domaine réservé de M. Netanyahu, M. Lieberman s’est rabattu sur l’Afrique et l’Amérique latine, où il a effectué des périples en 2009. Une activité mal récompensée, à en juger par la vague de reconnaissance de l’Etat palestinien sur les frontières de 1967 en Amérique latine.
Russophone, M. Lieberman se flatte des relations privilégiées nouées en Europe de l’Est, mais joue de malchance : une grève du personnel de son ministère a conduit le président russe Dmitri Medvedev à reporter une visite «historique» prévue entre le 16 et le 19 janvier.
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