Le jeu politique au Proche-Orient semble en voie de profonde modification, ou plus précisément d’un retour à la situation prévalant à la veille de la dernière réunion du CNP (Conseil national palestinien) en 1991 à Alger. Une session qui marquait le passage de la résistance palestinienne à la négociation, avec des coups de gueule, des dissidences et même un changement dans les statuts de cette instance, passant de l’unanimité à la majorité simple. Une procédure qui a permis de mettre à l’écart de nombreux chefs palestiniens parmi les plus prestigieux. Craignant pour l’avenir de la lutte palestinienne, George Habbache, le chef charismatique du FPLP aujourd’hui disparu, lancera un nouveau slogan : «Unité jusqu’à la victoire».
Lui et d’autres avaient vu juste comme l’ont prouvé les affrontements interpalestiniens, même si, selon la direction palestinienne, il y a matière à débat. Directement visé, le défunt leader palestinien Yasser Arafat, défendra son choix et déclarera à Alger, en 1993, que ceux qui ont d’autres propositions n’ont qu’à les soumettre. C’était, se rappelle-t-on, ce qu’on appelait l’option «Ghaza-Ariha d’abord», débouchant en 1993 sur la conclusion en 1993 de l’Accord d’Oslo. C’est tout, devrait-on dire, car les Palestiniens vivent toujours sous occupation israélienne, ou encore que les Israéliens ont étendu la colonisation. Et si aujourd’hui, l’on parle de retour au statu quo prévalant avant cet accord, c’est tout simplement parce qu’il y a une situation de fait, et qu’il ne faille se nourrir d’illusions.
Pour les Palestiniens, il n’est plus question de servir d’alibi, d’être ligotés par un processus qui a cessé d’exister et se couper de leur peuple qui a su dire son mot quand il a donné, en 2006, ses voix aux opposants au processus de paix. Aujourd’hui, le mouvement Hamas, qui a su capter ce mécontentement, n’est plus seul, puisque l’OLP et le Fatah réintègrent la scène palestinienne, reprenant leur rôle de cadre politique avec en main le pouvoir décisionnel en ce qui concerne la question du processus de paix, au détriment de l’Autorité palestinienne dont l’existence est souvent remise en cause par les Palestiniens, ou qui pourrait se retrouver sans président si Mahmoud Abbas venait à en démissionner, comme il le laisse entendre.
C’est dans ce contexte que se tient la réunion du Comité de suivi issu de la Ligue arabe, avec en tête l’idée tout à fait logique «de voir d'autres solutions si les négociations piétinent». En parler ainsi laisse une place même minime à un espoir de relance, alors qu’il n’en est nullement question. Israël a mis fin à tous les espoirs, malgré les appels de ses plus proches alliés. Quant à la participation palestinienne aux négociations de paix, elle a bénéficié il y a dix années, du soutien arabe, avec en plus, d’une offre à Israël d’une normalisation en échange de son retrait des territoires arabes. Voilà dix années que cette offre a été faite, mais sans qu’elle soit acceptée par Israël. Il était temps d’en tirer les conclusions.
Mohammed Larbi