Gilles Paris
Pressions et promesses, réunions des puissants, colonisation en plein essor et menace de démission du président palestinien, "où en sont les discussions israélo-palestiniennes ouvertes officiellement le 2 septembre à Washington ? Nulle part ..."
Paul Virilio serait satisfait, l’enchaînement vertigineux des “immédiatetés” du processus de paix israélo-palestinien illustre à merveille ses réflexions sur l’accélération néfaste du temps. En l’occurrence, la séquence est éclairante.
Où en sont les discussions israélo-palestiniennes ouvertes officiellement le 2 septembre à Washington ? Nulle part puisqu’elles sont suspendues à la suite qui sera apportée ou non par Israël à la demande américaine de prolonger de deux mois le gel partiel de la colonisation décrété en novembre 2009 par Benyamin Nétanyahou et qui est arrivé à son terme le 26 septembre. Soit un premier obstacle majeur au bout d’un peu plus de trois semaines, dont il apparaît aujourd’hui que les Etats-Unis, à la manoeuvre dans cet affaire, n’avaient pas la clef avant de se lancer dans cette entreprise. Depuis, les rumeurs israéliennes sur des promesses américaines pleuvent au même rythme que les démentis américains.
L’objectif de cette prolongation voulue par les Américains est d’obtenir dans l’intervalle un accord sur le tracé d’une frontière en Cisjordanie (annexant les blocs parmi les plus importants de colonies proches de la “Ligne verte” de 1949) pour régler en partie ce problème de la construction. Audacieux, se dit-on in petto, au vu des échecs précédents.
Depuis, les principales instances politiques palestiniennes, ainsi que l’opinion publique (si sa mesure a un sens), se sont opposées le 3 octobre à la poursuite de négociations sans prolongation du gel. Côté israélien, le premier ministre n’est pas assuré de disposer d’une majorité pour une telle prolongation. La Ligue arabe va se réunir le vendredi 8 octobre pour soutenir le marché négociations/gel de la colonisation, sans pour autant se prononcer de manière trop catégorique, pour donner encore une chance à Washington [1].
Lancement de négociations mal préparées (ce qui accrédite la thèse d’un enjeu de politique intérieure américaine), entouré d’ambiguïtés destructrices, agendas flous et flottants : on assiste depuis six semaines à un condensé des précédents échecs (Oslo, 1993-2000, Annapolis, 2007-2008). Seul a changé le rythme, effréné.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"
Intro : CL, Afps