Par : Djerrad Amar
Ces énièmes négociations, qui entrent dans le cadre d’un processus de paix interminable, obéissent en fait à une “Pax Americana” dont les conditions sont l’apanage des lobbies toujours en veille pour imposer leur volonté.
La nouvelle tentative d’arranger une paix entre eux par des négociations dites directes et “sans conditions”, ce 2 septembre, est présentés par l’Administration d’Obama sous forme d’un nouveau plan pour mettre un terme au conflit, et voudrait que les deux parties signent un accord sur le cadre d’une solution définitive dans un an.
La relance faite par la secrétaire d'État américaine — qui rejette “toute référence devant servir de base pour les négociations” en exigeant que “Palestiniens et Israéliens devraient s’entendre pour déterminer ensemble la référence qui leur convient par négociations bilatérales” — présente déjà les signes d’un échec au regard du monopole des États-Unis dans ce processus qui néglige les autres parties arabes concernées et des enjeux contradictoires des antagonistes. Surtout l’entêtement de la partie israélienne à poursuivre la colonisation avec, en plus, des conditions pour le “futur” État palestinien qui s’apparentent à un “État vassal” (poursuite de la colonisation, reconnaître Al Qods (Jérusalem) capitale éternelle d’Israël ainsi que sa judaïté, démilitarisation du futur État, tenir compte des considérations de sécurité israéliennes). En somme, des négociations “sans conditions préalables” dans le cadre des “conditions d'Israël”.
La fin de ce conflit signifierait, sans aucun doute, aussi une paix à l’échelle continental. Mais cette paix se heurte à une idéologie qui lui est antinomique, à savoir le “sionisme”.
Selon R. Malley, directeur du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’International Crisis Group, “pour le mouvement national palestinien, le choix était entre aller à des pourparlers auxquels il ne croit pas et pas d’alternative du tout”. Pour lui, l’Administration américaine bénéficie “d’avoir vu ce qui s’est passé en 2000” et au “corpus de négociations” qui en est sorti en précisant que l’“on a déjà balisé le chemin”.
Le président de l'Autorité palestinienne justifie sa participation “sur la base du communiqué publié par le Quartette sur le Proche-Orient” dont le texte affirme, selon lui, “la nécessité de mettre fin à l'occupation qui dure depuis 1967, la non-reconnaissance de l'annexion de l’est de Jérusalem ou de toute mesure visant à modifier le caractère de la ville, la nécessité d'établir un État palestinien indépendant et viable, et le refus de la colonisation, y compris ce que l'on appelle la ‘croissance naturelle’ dans les colonies et que le gouvernement d'Israël assumera l'entière responsabilité du risque d'échec et d'effondrement des négociations si la colonisation continue dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967”. Le Hamas rejette à l’avance ces négociations qui, selon Khaled Mechaâl, “ne donneraient rien... que le Quartette est une tromperie car incapable d'adopter une position indépendante de la position israélo-américaine”. Pendant que Hanane Achraoui, membre du CEOLP, y voit “une dernière chance, il n’y aura pas de direction palestinienne aussi souple que celle-ci”, d’autres factions y perçoivent une “liquidation de la cause”.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré : “(…) Nous sommes très pessimistes quant à la viabilité du processus de paix, compte tenu de ce qui s'est déjà passé.”
Netanyahu espère “trouver un partenaire de paix courageux comme Sadat”, tout en rassurant le Likoud et la principale organisation de colons, la ‘Yesha’ — qui s'opposent à la prolongation éventuelle du gel des colonisations qui s'achève le 26 septembre — par “vous ne devez pas être inquiets. Personne ne m'apprendra ce qu'est l'amour d'Eretz Israël (la terre d'Israël)”. A. Lieberman reconnaît son scepticisme sur ce sommet de Washington qu’il qualifie d’“un autre événement festif, qui ne peut pas aboutir en un an à un accord de paix”.
Quant à Kouchner, qui place les intérêts d’Israël avant toutes considérations, il avait proposé “la reconnaissance d’un État palestinien avant un accord sur des frontières”. Si reconnaissance il y a, pourquoi faudra-t-il que cet État soit sans frontières alors qu’il a celles de 1967 fixées par l’ONU ?
Ces énièmes négociations, qui entrent dans le cadre d’un processus de paix interminable, obéissent en fait à une “Pax Americana” dont les conditions sont l’apanage des lobbies toujours en veille pour imposer leur volonté. La dernière démonstration de force du courant conservateur est bien la manifestation de ces lobbies financiers et industriels que dominent les sionistes.
En faisant le point, il a fallu donc plus de 18 années de “processus de paix” pour aboutir à une guerre contre Gaza et à son blocus, à plus de colonisation, d’expropriations et d’expulsions, à plus d’assassinats politiques, à plus d’instabilité, pour arriver à nouveau à des négociations. Comment donc négocier avec un adversaire non crédible et versatile, qui a toujours renié ses engagements, et des médiateurs partiaux ? De quelle solution pourrait-il s’agir quand Ariel Sharon conseillait aux militants du parti Tsomet que “tout le monde doit bouger, courir et s'emparer d'autant de collines qu'il est possible pour agrandir les colonies parce que tout ce que l'on prendra maintenant restera à nous. Tout ce que nous ne prendrons pas par la force ira à eux” ? Ou quand il donnait cette sentence à Shimon Pérès en 2001 : “À chaque fois que nous faisons quelque chose, vous me dites que l'Amérique fera ceci ou fera cela. Je veux te dire une chose très claire : ne t'inquiète pas des pressions américaines sur Israël. Nous, le peuple juif, contrôlons l'Amérique, et les Américains le savent.”
Comment se fait-il que l’Occident s’intéresse, maintenant, avec empressement à ce conflit pour en rechercher une solution, lui qui tergiversait depuis plus d’un demi-siècle ? En fait, il y a le nouveau rapport de force que bouleverse l’Iran suite au développement de son industrie militaire de défense, de son option réussie pour l’énergie nucléaire civile et de sa puissance incontournable dans la solution et la prévention des conflits de la région. Ce rapport de force est consolidé par le camp dit de la résistance (Iran, Syrie, Liban et Hamas) que l’Occident s’évertue à diviser sur des bases surtout religieuses ou communautaires (entre chiites et sunnites) dans le but d’isoler l’Iran du monde arabe, principalement sunnite.
Ce basculement n’est pas pour arranger le sionisme qui a aussi d’autres objectifs. Le sionisme, qui s’enlise dans une situation paradoxale de “ni guerre ni paix”, doit son existence à la perpétuation du conflit du MO dont il se sert comme alibi. Sa finalité de création d’un “État juif” — suite duquel il aurait dû être aboli — vise désormais la domination des gouvernements occidentaux, par l’infiltration, en s’appuyant sur des lobbies juifs puissants. C’est la raison pour laquelle toutes les solutions avancées pour mettre fin au conflit au MO, par lequel il se perpétue, sont systématiquement sabordées. La réponse de Netanyahu à l’Amérique par un refus de l’arrêt de la colonisation est des plus logiques, car obéissant à une doctrine dont il n’est pas le maître ! Le sionisme est d'essence colonialiste et expansionniste. Il ne peut survivre sans ces conditions. La paix signifierait la fin de l’alibi permettant l’existence de cette idéologie et donc la “fin de mission” de toutes les organisations sur lesquelles s’appuie le sionisme pour imposer son hégémonie et une nouvelle guerre pourrait signifier sa disparition du fait du nouveau rapport de force.
En ce qui concerne les Arabes, il s’agit d’un moment historique qui leur est favorable. Leur “choix de la paix” ne recevant comme réponse que l’option de défi et d’adversité du côté israélien, ils doivent d’abord admettre l’impossible solution et rejoindre le camp de la résistance ensuite, mettre leurs pouvoirs économique, financier et politique contre le sionisme et ses soutiens comme option de défense légale. Si cette option devait être retenue, le conflit israélo-palestinien et par extension israélo-arabe serait définitivement clos et l’idéologie sioniste arriver au bout de son évolution historique.
Avant de terminer, il est bon de rappeler les propos du général de Gaulle, lors d’une conférence de presse, en 1967, faite au sujet de ce conflit : “Une fois mis un terme à l’affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d’Orient la même politique d’amitié, de coopération qui avaient été pendant des siècles celle de la France… Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que, pour nous, l’État d’Israël était un fait accompli… De sorte qu’on pouvait imaginer qu’un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce qu’une paix fût conclue et garantie en Orient, pourvu qu’aucun drame nouveau ne vint la déchirer. Hélas ! Le drame est venu (...) J’avais (…) déclaré (…) à Monsieur Eban (…) ‘si Israël est attaqué’ (…) ‘nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative’. (…) Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain et au point de vue international, dans des difficultés grandissantes, d’autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences (…) pour beaucoup de pays, si bien que ce serait à vous, devenus des conquérants, qu’on en imputerait peu à peu les inconvénients (…) Israël, ayant attaqué (…) Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme (…) Un règlement dans cette voie (solution par la voie internationale) (…) doit avoir pour base l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des États en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations unies, en présence et sous la garantie de leurs forces, il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous (…) Pour qu’un tel règlement puisse être mis en œuvre, il faudrait qu’il y eût l’accord des grandes puissances (…) Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître (…) par une action commune, tant que l’une des plus grandes des quatre ne se sera pas dégagée de la guerre odieuse qu’elle mène ailleurs (Vietnam) (…) car tout se tient dans le monde d’aujourd’hui (…).”
La relance faite par la secrétaire d'État américaine — qui rejette “toute référence devant servir de base pour les négociations” en exigeant que “Palestiniens et Israéliens devraient s’entendre pour déterminer ensemble la référence qui leur convient par négociations bilatérales” — présente déjà les signes d’un échec au regard du monopole des États-Unis dans ce processus qui néglige les autres parties arabes concernées et des enjeux contradictoires des antagonistes. Surtout l’entêtement de la partie israélienne à poursuivre la colonisation avec, en plus, des conditions pour le “futur” État palestinien qui s’apparentent à un “État vassal” (poursuite de la colonisation, reconnaître Al Qods (Jérusalem) capitale éternelle d’Israël ainsi que sa judaïté, démilitarisation du futur État, tenir compte des considérations de sécurité israéliennes). En somme, des négociations “sans conditions préalables” dans le cadre des “conditions d'Israël”.
La fin de ce conflit signifierait, sans aucun doute, aussi une paix à l’échelle continental. Mais cette paix se heurte à une idéologie qui lui est antinomique, à savoir le “sionisme”.
Selon R. Malley, directeur du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’International Crisis Group, “pour le mouvement national palestinien, le choix était entre aller à des pourparlers auxquels il ne croit pas et pas d’alternative du tout”. Pour lui, l’Administration américaine bénéficie “d’avoir vu ce qui s’est passé en 2000” et au “corpus de négociations” qui en est sorti en précisant que l’“on a déjà balisé le chemin”.
Le président de l'Autorité palestinienne justifie sa participation “sur la base du communiqué publié par le Quartette sur le Proche-Orient” dont le texte affirme, selon lui, “la nécessité de mettre fin à l'occupation qui dure depuis 1967, la non-reconnaissance de l'annexion de l’est de Jérusalem ou de toute mesure visant à modifier le caractère de la ville, la nécessité d'établir un État palestinien indépendant et viable, et le refus de la colonisation, y compris ce que l'on appelle la ‘croissance naturelle’ dans les colonies et que le gouvernement d'Israël assumera l'entière responsabilité du risque d'échec et d'effondrement des négociations si la colonisation continue dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967”. Le Hamas rejette à l’avance ces négociations qui, selon Khaled Mechaâl, “ne donneraient rien... que le Quartette est une tromperie car incapable d'adopter une position indépendante de la position israélo-américaine”. Pendant que Hanane Achraoui, membre du CEOLP, y voit “une dernière chance, il n’y aura pas de direction palestinienne aussi souple que celle-ci”, d’autres factions y perçoivent une “liquidation de la cause”.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré : “(…) Nous sommes très pessimistes quant à la viabilité du processus de paix, compte tenu de ce qui s'est déjà passé.”
Netanyahu espère “trouver un partenaire de paix courageux comme Sadat”, tout en rassurant le Likoud et la principale organisation de colons, la ‘Yesha’ — qui s'opposent à la prolongation éventuelle du gel des colonisations qui s'achève le 26 septembre — par “vous ne devez pas être inquiets. Personne ne m'apprendra ce qu'est l'amour d'Eretz Israël (la terre d'Israël)”. A. Lieberman reconnaît son scepticisme sur ce sommet de Washington qu’il qualifie d’“un autre événement festif, qui ne peut pas aboutir en un an à un accord de paix”.
Quant à Kouchner, qui place les intérêts d’Israël avant toutes considérations, il avait proposé “la reconnaissance d’un État palestinien avant un accord sur des frontières”. Si reconnaissance il y a, pourquoi faudra-t-il que cet État soit sans frontières alors qu’il a celles de 1967 fixées par l’ONU ?
Ces énièmes négociations, qui entrent dans le cadre d’un processus de paix interminable, obéissent en fait à une “Pax Americana” dont les conditions sont l’apanage des lobbies toujours en veille pour imposer leur volonté. La dernière démonstration de force du courant conservateur est bien la manifestation de ces lobbies financiers et industriels que dominent les sionistes.
En faisant le point, il a fallu donc plus de 18 années de “processus de paix” pour aboutir à une guerre contre Gaza et à son blocus, à plus de colonisation, d’expropriations et d’expulsions, à plus d’assassinats politiques, à plus d’instabilité, pour arriver à nouveau à des négociations. Comment donc négocier avec un adversaire non crédible et versatile, qui a toujours renié ses engagements, et des médiateurs partiaux ? De quelle solution pourrait-il s’agir quand Ariel Sharon conseillait aux militants du parti Tsomet que “tout le monde doit bouger, courir et s'emparer d'autant de collines qu'il est possible pour agrandir les colonies parce que tout ce que l'on prendra maintenant restera à nous. Tout ce que nous ne prendrons pas par la force ira à eux” ? Ou quand il donnait cette sentence à Shimon Pérès en 2001 : “À chaque fois que nous faisons quelque chose, vous me dites que l'Amérique fera ceci ou fera cela. Je veux te dire une chose très claire : ne t'inquiète pas des pressions américaines sur Israël. Nous, le peuple juif, contrôlons l'Amérique, et les Américains le savent.”
Comment se fait-il que l’Occident s’intéresse, maintenant, avec empressement à ce conflit pour en rechercher une solution, lui qui tergiversait depuis plus d’un demi-siècle ? En fait, il y a le nouveau rapport de force que bouleverse l’Iran suite au développement de son industrie militaire de défense, de son option réussie pour l’énergie nucléaire civile et de sa puissance incontournable dans la solution et la prévention des conflits de la région. Ce rapport de force est consolidé par le camp dit de la résistance (Iran, Syrie, Liban et Hamas) que l’Occident s’évertue à diviser sur des bases surtout religieuses ou communautaires (entre chiites et sunnites) dans le but d’isoler l’Iran du monde arabe, principalement sunnite.
Ce basculement n’est pas pour arranger le sionisme qui a aussi d’autres objectifs. Le sionisme, qui s’enlise dans une situation paradoxale de “ni guerre ni paix”, doit son existence à la perpétuation du conflit du MO dont il se sert comme alibi. Sa finalité de création d’un “État juif” — suite duquel il aurait dû être aboli — vise désormais la domination des gouvernements occidentaux, par l’infiltration, en s’appuyant sur des lobbies juifs puissants. C’est la raison pour laquelle toutes les solutions avancées pour mettre fin au conflit au MO, par lequel il se perpétue, sont systématiquement sabordées. La réponse de Netanyahu à l’Amérique par un refus de l’arrêt de la colonisation est des plus logiques, car obéissant à une doctrine dont il n’est pas le maître ! Le sionisme est d'essence colonialiste et expansionniste. Il ne peut survivre sans ces conditions. La paix signifierait la fin de l’alibi permettant l’existence de cette idéologie et donc la “fin de mission” de toutes les organisations sur lesquelles s’appuie le sionisme pour imposer son hégémonie et une nouvelle guerre pourrait signifier sa disparition du fait du nouveau rapport de force.
En ce qui concerne les Arabes, il s’agit d’un moment historique qui leur est favorable. Leur “choix de la paix” ne recevant comme réponse que l’option de défi et d’adversité du côté israélien, ils doivent d’abord admettre l’impossible solution et rejoindre le camp de la résistance ensuite, mettre leurs pouvoirs économique, financier et politique contre le sionisme et ses soutiens comme option de défense légale. Si cette option devait être retenue, le conflit israélo-palestinien et par extension israélo-arabe serait définitivement clos et l’idéologie sioniste arriver au bout de son évolution historique.
Avant de terminer, il est bon de rappeler les propos du général de Gaulle, lors d’une conférence de presse, en 1967, faite au sujet de ce conflit : “Une fois mis un terme à l’affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d’Orient la même politique d’amitié, de coopération qui avaient été pendant des siècles celle de la France… Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que, pour nous, l’État d’Israël était un fait accompli… De sorte qu’on pouvait imaginer qu’un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce qu’une paix fût conclue et garantie en Orient, pourvu qu’aucun drame nouveau ne vint la déchirer. Hélas ! Le drame est venu (...) J’avais (…) déclaré (…) à Monsieur Eban (…) ‘si Israël est attaqué’ (…) ‘nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative’. (…) Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain et au point de vue international, dans des difficultés grandissantes, d’autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences (…) pour beaucoup de pays, si bien que ce serait à vous, devenus des conquérants, qu’on en imputerait peu à peu les inconvénients (…) Israël, ayant attaqué (…) Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme (…) Un règlement dans cette voie (solution par la voie internationale) (…) doit avoir pour base l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des États en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations unies, en présence et sous la garantie de leurs forces, il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous (…) Pour qu’un tel règlement puisse être mis en œuvre, il faudrait qu’il y eût l’accord des grandes puissances (…) Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître (…) par une action commune, tant que l’une des plus grandes des quatre ne se sera pas dégagée de la guerre odieuse qu’elle mène ailleurs (Vietnam) (…) car tout se tient dans le monde d’aujourd’hui (…).”