Voilà ce qui pourrait irriter le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu. Après avoir milité ardemment la semaine dernière pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, la chef de la diplomatie européenne, l'Italienne Federica Mogherini, a estimé, samedi, que Jérusalem devait «être la capitale de deux Etats» palestinien et israélien. Ce, au moment où la partiepalestinienne de la Ville sainte annexée par Israël est en proie à des violences. Fin octobre, la Suède a été le premier pays membre de l’Union européenne à reconnaître l’Etat de Palestine. Une initiative saluée par le président palestinien comme «courageuse et historique» mais considérée «malheureuse» par Israël.
Federica Mogherini qui était en visite à Ramallah, en Cisjordanie occupée, a jugé que «le défi est de montrer que Jérusalem peut être partagée en paix et dans le respect». Cette déclaration intervient alors que les tensions sont à leur comble à Jérusalem-Est, les Israéliens y poursuivant la colonisation, au grand dam des Palestiniens qui dénoncent également des provocations sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam. «Ce n'est pas qu'une question israélo-palestinienne, il s'agit d'un problème global», a expliqué la chef de la diplomatie européenne lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah. Elle a également qualifié la colonisation israélienne d'«illégale» et d'«obstacle à une solution à deux Etats».
Le matin, elle avait plaidé depuis la bande de Gaza pour un Etat palestinien indépendant. Cette prise de position intervient au moment où la direction palestinienne s'apprête à soumettre dans le courant du mois un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU fixant un calendrier pour la fin de l'occupation et ouvrant la voie à un Etat dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.
Depuis plus de deux semaines, des affrontements opposent chaque jour à Jérusalem-Est des jeunes Palestiniens jetant des pierres et des pétards sur des policiers israéliens qui répliquent à coup de balles en caoutchouc, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. La Vieille ville, haut lieu touristique où se côtoient des pèlerins venus du monde entier pour visiter les lieux saints des trois religions monothéistes, est au coeur de toutes les tensions.
Elle a été gagnée par les violences lorsque des extrémistes juifs ont renforcé leur campagne pour réclamer un bouleversement du statu quo entériné en 1967 qui leur permet de se rendre sur l'esplanade des Mosquées qui surplombe le Mur des Lamentations sans toutefois avoir le droit d'y prier. Ces militants ultra religieux ont récemment multiplié les visites sur le troisième lieu saint de l'islam, déclenchant des heurts avec les Palestiniens qui estiment répondre à une énième tentative de les évincer de Jérusalem-Est dont ils veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Devant la pression qui monte en France, notamment chez les députés socialistes, pour que l'exécutif socialiste reconnaisse l'Etat palestinien, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius a indiqué que la France est «profondément attachée à la solution des deux Etats». La France devra «prendre ses responsabilités» si les négociations de paix au Proche-Orient n'aboutissent pas, a jugé samedi le quai d'Orsay. Il y aura «à un moment - c'est une évidence - reconnaissance de l'Etat palestinien par la France... La question, c'est quand et comment ? Car il faut que cette reconnaissance soit utile aux efforts pour sortir de l'impasse et contribuer à un règlement définitif du conflit», a souligné Laurent Fabius.