Palestine - 11 juillet 2011
Par Abdel Bari Atwan
Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du quotidien pan-arabe Al Quds Al Arabi.
Tandis que le reste du monde arabe est en proie à des luttes et des changements capitaux, les Palestiniens - les architectes de l'Intifada - restent embourbés dans des luttes internes et une direction faible et égoïste. Il y a eu des moments d'espoir - le Président Mahmoud Abbas a par deux fois eu le cran d'agir en dehors des assignations de l'Amérique depuis que le processus de paix a sombré fin 2010 - mais ils sont restés lettre morte.
En février cette année, Abbas a présenté au Conseil de Sécurité des Nations Unies un projet de résolution condamnant l'activité coloniale illégale d'Israël. Avant la réunion, le président Barack Obama a appelé Abbas personnellement et l'a mis en garde contre de graves "répercussions" s'il allait de l'avant. Bien que l'administration ait fréquemment condamné les colonies, les États-Unis ont posé leur véto pour la première fois depuis qu'Obama est entré en fonction en 2009 pour bloquer la résolution "anti-Israël" d'Abbas.
Début mai, les Palestiniens ont à nouveau joué les trouble-fêtes quand le Fatah et le Hamas ont signé un accord d'unité, négocié par le nouveau gouvernement intérimaire égyptien, et sont convenus de tenir des élections et de réformer l'OLP et ses institutions. Les Palestiniens en lutte intestine ont gratifié Israël du luxe d'un scénario "diviser pour régner" pendant plus de quatre ans ; l'Etat hébreu s'est à juste titre alarmé.
Avec l'unité est venue la promesse d'un Etat. Dans son discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies en 2010, Obama a dit qu'il s'attendait à ce que la Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies cet automne.
Puis, Abbas a annoncé que devant l'intransigeance israélienne à la table des négociations, il chercherait unilatéralement la reconnaissance d'un Etat indépendant aux Nations Unies en septembre.
Dans un round de diplomatie féroce visant à raviver la scission entre le Fatah et le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a donné à Abbas un ultimatum, déclarant qu'il devait choisir entre le Hamas et Israël comme partenaire de négociation.
Puis Obama a décidé que l'unité palestinienne constituait un "obstacle" au processus de paix puisqu'elle impliquerait de parler au Hamas (Obama n'a aucun problème à parler aux Frères musulmans ou à négocier avec les Taliban, comme nous l'avons vu dernièrement. Le fait qu'il exclut le Hamas est donc purement une exigence israélienne).
L'alliance Fatah-Hamas était déjà précaire, parce que fondée sur le désespoir plutôt que sur l'ambition. Les deux factions ont été affaiblies par des événements récents - le Fatah par l'échec de ses pourparlers de paix avec Israël, le Hamas par la perte du soutien de la Syrie (à cause de la révolution) et du Hezbollah (à cause des tensions sunnites/chiites dans toute la région).
Maintenant, ils sont à couteaux tirés sur le choix du premier ministre. Le Hamas est favorable à un représentant indépendant originaire gazaoui, Jamal al-Khudari, tandis que le Fatah veut reconduire le titulaire actuel, Salam Fayyad.
Les 150.000 fonctionnaires et les 75.000 employés supplémentaires considèrent que Fayyad est indispensable pour qu'ils puissent percevoir des"indemnités" mensuelles généreuses car il est le seul canal de confiance utilisé par les soi-disant "pays donateurs" pour acheminer les fonds à l'ANP.
Les élites grassement payées de l'ANP redoutent la faillite et c'est une faiblesse qu'Israël et ses alliés peuvent facilement exploiter. Pour tenter de faire pression sur les dirigeants Fatah pour qu'ils excluent le Hamas d'un futur gouvernement, Israël a gelé les paiements des taxes douanières qu'il collecte au nom de l'ANP et les États-Unis ont convaincu les pays donateurs de la région de différer les aides - jusqu'à présent l'ANP n'a reçu que 331 millions de dollars sur les 970 millions promis pour l'année.
Les employés de l'ANP ne perçoivent actuellement que la moitié de leurs salaires habituellement gonflés. Ces salaires étant, de fait, des pots-de-vin destinés à réfréner toute critique de leurs bailleurs de fonds, un défaut de paiement peut entraîner une révolte généralisée.
Abbas a gagné le respect du peuple palestinien lorsqu'il a tenu tête aux États-Unis sur le projet de résolution aux Nations-Unies en février. Malheureusement, il ne montre pas la même fermeté en ce qui concerne la déclaration unilatérale d'Etat qui doit être discutée en septembre. Obama dit maintenant que les Etats-Unis opposeront leur veto, et Abbas a récemment qualifié son propre projet de "démarche malencontreuse".
Le chef négociateur de l'ANP, Saab Erekat, a été dépêché à Washington pour discuter des formules de retrait et Abbas a fait savoir aux membres du Quartet qu'il était prêt à revenir à la table de négociation avec les Israéliens.
Flagornerie massive/strong>
Abbas ne représente ni son propre peuple ni le bon sens lorsqu'il cherche le soutien des États-Unis à ses propres décisions politiques. Obama n'est pas son obligé. L'approche israélienne d'Obama est passée de l'autorité à la déférence à la supplication ; mais cela ne fait aucune différence, tant l'Etat fait confiance au soutien absolu venant de son puissant lobby pro-Israël à Washington. Quand Netanyahu s'est adressé au Sénat et à la Chambre des Représentants en mai, il a reçu de multiples ovations debout dans un spectacle éblouissant de flagornerie de masse.
Abbas sera confronté à la faillite politique s'il ne parvient pas à garder son sang-froid en septembre ; ses supporters disparaîtront avec leurs salaires impayés et le peuple palestinien ne lui fera jamais plus confiance.
Les Palestiniens doivent cesser de céder aux pressions étrangères nuisibles. Ce n'est pas une excuse de dire qu'Israël est un ennemi trop puissant - les Taliban ont démontré ce qui est possible en battant les forces de l'OTAN après 10 années de guerre. Les Palestiniens ont des amis aussi bien que des ennemis sur la scène internationale - montrer du courage politique et diplomatique face à l'injustice flagrante et l'intimidation leur en fera gagner beaucoup d'autres.
Il est temps que le printemps arabe arrive en Palestine. Le vieux régime corrompu n'a apporté que des déceptions. Les Palestiniens méritent un gouvernement fort et représentatif, avec l'intégrité, la détermination et le poids pour continuer la lutte réelle, qui est contre l'occupation israélienne.
Début mai, les Palestiniens ont à nouveau joué les trouble-fêtes quand le Fatah et le Hamas ont signé un accord d'unité, négocié par le nouveau gouvernement intérimaire égyptien, et sont convenus de tenir des élections et de réformer l'OLP et ses institutions. Les Palestiniens en lutte intestine ont gratifié Israël du luxe d'un scénario "diviser pour régner" pendant plus de quatre ans ; l'Etat hébreu s'est à juste titre alarmé.
Avec l'unité est venue la promesse d'un Etat. Dans son discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies en 2010, Obama a dit qu'il s'attendait à ce que la Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies cet automne.
Puis, Abbas a annoncé que devant l'intransigeance israélienne à la table des négociations, il chercherait unilatéralement la reconnaissance d'un Etat indépendant aux Nations Unies en septembre.
Dans un round de diplomatie féroce visant à raviver la scission entre le Fatah et le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a donné à Abbas un ultimatum, déclarant qu'il devait choisir entre le Hamas et Israël comme partenaire de négociation.
Puis Obama a décidé que l'unité palestinienne constituait un "obstacle" au processus de paix puisqu'elle impliquerait de parler au Hamas (Obama n'a aucun problème à parler aux Frères musulmans ou à négocier avec les Taliban, comme nous l'avons vu dernièrement. Le fait qu'il exclut le Hamas est donc purement une exigence israélienne).
L'alliance Fatah-Hamas était déjà précaire, parce que fondée sur le désespoir plutôt que sur l'ambition. Les deux factions ont été affaiblies par des événements récents - le Fatah par l'échec de ses pourparlers de paix avec Israël, le Hamas par la perte du soutien de la Syrie (à cause de la révolution) et du Hezbollah (à cause des tensions sunnites/chiites dans toute la région).
Maintenant, ils sont à couteaux tirés sur le choix du premier ministre. Le Hamas est favorable à un représentant indépendant originaire gazaoui, Jamal al-Khudari, tandis que le Fatah veut reconduire le titulaire actuel, Salam Fayyad.
Les 150.000 fonctionnaires et les 75.000 employés supplémentaires considèrent que Fayyad est indispensable pour qu'ils puissent percevoir des"indemnités" mensuelles généreuses car il est le seul canal de confiance utilisé par les soi-disant "pays donateurs" pour acheminer les fonds à l'ANP.
Les élites grassement payées de l'ANP redoutent la faillite et c'est une faiblesse qu'Israël et ses alliés peuvent facilement exploiter. Pour tenter de faire pression sur les dirigeants Fatah pour qu'ils excluent le Hamas d'un futur gouvernement, Israël a gelé les paiements des taxes douanières qu'il collecte au nom de l'ANP et les États-Unis ont convaincu les pays donateurs de la région de différer les aides - jusqu'à présent l'ANP n'a reçu que 331 millions de dollars sur les 970 millions promis pour l'année.
Les employés de l'ANP ne perçoivent actuellement que la moitié de leurs salaires habituellement gonflés. Ces salaires étant, de fait, des pots-de-vin destinés à réfréner toute critique de leurs bailleurs de fonds, un défaut de paiement peut entraîner une révolte généralisée.
Abbas a gagné le respect du peuple palestinien lorsqu'il a tenu tête aux États-Unis sur le projet de résolution aux Nations-Unies en février. Malheureusement, il ne montre pas la même fermeté en ce qui concerne la déclaration unilatérale d'Etat qui doit être discutée en septembre. Obama dit maintenant que les Etats-Unis opposeront leur veto, et Abbas a récemment qualifié son propre projet de "démarche malencontreuse".
Le chef négociateur de l'ANP, Saab Erekat, a été dépêché à Washington pour discuter des formules de retrait et Abbas a fait savoir aux membres du Quartet qu'il était prêt à revenir à la table de négociation avec les Israéliens.
Flagornerie massive/strong>
Abbas ne représente ni son propre peuple ni le bon sens lorsqu'il cherche le soutien des États-Unis à ses propres décisions politiques. Obama n'est pas son obligé. L'approche israélienne d'Obama est passée de l'autorité à la déférence à la supplication ; mais cela ne fait aucune différence, tant l'Etat fait confiance au soutien absolu venant de son puissant lobby pro-Israël à Washington. Quand Netanyahu s'est adressé au Sénat et à la Chambre des Représentants en mai, il a reçu de multiples ovations debout dans un spectacle éblouissant de flagornerie de masse.
Abbas sera confronté à la faillite politique s'il ne parvient pas à garder son sang-froid en septembre ; ses supporters disparaîtront avec leurs salaires impayés et le peuple palestinien ne lui fera jamais plus confiance.
Les Palestiniens doivent cesser de céder aux pressions étrangères nuisibles. Ce n'est pas une excuse de dire qu'Israël est un ennemi trop puissant - les Taliban ont démontré ce qui est possible en battant les forces de l'OTAN après 10 années de guerre. Les Palestiniens ont des amis aussi bien que des ennemis sur la scène internationale - montrer du courage politique et diplomatique face à l'injustice flagrante et l'intimidation leur en fera gagner beaucoup d'autres.
Il est temps que le printemps arabe arrive en Palestine. Le vieux régime corrompu n'a apporté que des déceptions. Les Palestiniens méritent un gouvernement fort et représentatif, avec l'intégrité, la détermination et le poids pour continuer la lutte réelle, qui est contre l'occupation israélienne.
Source : Site Abdel Bari Atwan
Traduction : MR pour ISM