M. Saadoune - Le Quotidien d’Oran
Une nouvelle flottille de la liberté fait route vers Ghaza, précédée par une propagande hystérique d’Israël que même des journaux israéliens ont trouvée excessive. Un navire a déjà été saboté par des moyens sophistiqués et non par une « scie à métaux ». Et on devine parfaitement qui peut être l’auteur.
Ceux qui vont à Ghaza, étranglée par un siège immoral et indigne, ne vont pas transporter des armes. Tout le monde le sait. Ils ne sont là que pour témoigner et alerter. C’est cela qui constitue des « armes et des munitions » pour Israël qui, pendant longtemps et avec l’appui des médias, s’est présenté sous les aspects de la victime.
Le peuple palestinien est le seul peuple opprimé du monde qu’une propagande éhontée en Occident a tenté pendant longtemps de présenter comme un agresseur. Au discours, ridicule, d’Israël « seule démocratie au Moyen-Orient », s’est ajoutée, avec des variantes, la vile affirmation d’un pseudo-philosophe selon laquelle l’armée israélienne est la « plus morale du monde ». Ces propagandistes, en dépit de leurs grands moyens, sont de plus en plus dévoilés. Il est vrai qu’ils ne se privent d’aucune outrance.
La précédente flottille de la liberté pour Ghaza avait montré aux Occidentaux le visage brutal d’une armée coloniale qui n’hésite pas à s’attaquer à des civils. La présente flottille maintient la protestation contre un siège illégal. Certes, le passage de Rafah n’est plus hermétique après les grands évènements de la place Al-Tahrir, mais la situation des Palestiniens de Ghaza et dans les territoires occupés est un quotidien fait d’oppression et de privations.
Les régimes occidentaux qui soutiennent de manière indéfectible l’État oppresseur tentent de surfer sur le « printemps arabe » et de se présenter comme des « libérateurs ». Les régimes arabes sont tellement grossiers et brutaux dans leurs rapports à leurs populations qu’ils n’ont pas beaucoup d’efforts à faire.
Pourtant, la propagande finit toujours par être éventée par le réel. Sur le fond, les Occidentaux sont totalement hostiles à une démocratisation réelle des pays arabes. Beaucoup de situations seraient remises en cause et « revisitées » en cas de démocratisation. La très grande soumission des régimes arabes depuis au moins deux décennies sur la question palestinienne fait partie des combustibles qui font carburer les révoltes des citoyens arabes.
Et on peut s’attendre à des manœuvres sournoises pour que les appels à la liberté et à la citoyenneté dans les pays arabes soient détournés et contrariés par tous les moyens. On peut déjà observer que le soutien au « printemps arabe » est à géométrie très variable et que les pauvres Bahreïnis en sont exclus. C’est pourtant très clairement un pays où un régime monarchiste réduit la majorité de la population à des sujets de seconde zone. Les notions de liberté et de justice ne pèsent pas lourd devant les intérêts de la Ve flotte US.
Mais ce que l’on veut surtout masquer est que les Palestiniens sont depuis des décennies aux prises avec une dictature oppressive et raciste et qu’ils réclament la liberté. C’est désormais le plus vieux mouvement de révolte dans le monde arabe. Sa répression par l’armée « la plus morale du monde » et son abandon par les régimes arabes ont contribué à alimenter l’immense colère qui secoue le monde arabe. Rien n’éteindra cette vieille et entêtante colère. Rien, sauf la liberté.
30 juin 2011 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial