Alors que le président Barack Obama accueillait à la Maison Blanche le premier ministre Benyamin Netanyahu pour débloquer un processus de paix moribond, l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem a fait des révélations accablantes pour l’Etat hébreu, montrant ses vraies intentions quant à la solution des deux Etats, souhaitée par la communauté internationale.
Contrairement aux idées répandues, le rapport de B’Tselem souligne que les colonies juives contrôlent plus de 42 % de la superficie de la Cisjordanie. Bien que les zones construites de ces colonies ne couvrent que 1 % seulement de ce territoire, appelé à former le cœur du futur Etat palestinien, les colons se sont emparés de terres palestiniennes bien au-delà des périmètres immédiats des colonies. C’est ainsi que les limites administratives des colonies sont dix fois plus larges que les zones construites. En outre, 21 % des terres sur lesquelles les colonies ont été construites sont des terrains privés appartenant à des Palestiniens.
Les principales méthodes qu’Israël utilise pour « voler » les terres palestiniennes sont connues : la déclaration du terrain ou son enregistrement comme terre de l’Etat, sa réquisition pour des raisons militaires, et l’expropriation pour intérêt public. Le moyen le plus répandu et le plus facile est de déclarer une large portion de terre appartenant à l’Etat. C’est ainsi que 20 % de la Cisjordanie ont été déclarées terres d’Etat. Le gouvernement a également réquisitionné des terres privées palestiniennes sous prétexte des besoins de sécurité. Conformément au droit international, l’autorité militaire ne peut attribuer ces terres à une tierce partie et doit les rendre à la fin de l’occupation. Or, l’armée israélienne a réquisitionné quelque 31 km2 et les a cédés à 42 colonies depuis 1967. Le gouvernement a aussi « dérobé » des terres privées palestiniennes, en élargissant la compétence juridictionnelle de 92 colonies. Les nouvelles limites municipales des colonies empiétaient ainsi sur des terres appartenant à des Palestiniens. Ces terres sont désormais sous le contrôle effectif des colonies puisque les propriétaires palestiniens ne sont plus autorisés à y accéder.
Toutes ces mesures violent non seulement le droit international mais aussi les engagements pris par Israël dans la feuille de route de 2003, selon laquelle Israël a promis de geler les activités de colonisation. Depuis 2004, toutefois, en raison de la construction extensive dans les colonies et les incitations généreuses qu’Israël offre aux colons, la population des colonies (en excluant celle de Jérusalem-Est) a augmenté de 28 % à la fin 2009. En conséquence, la croissance annuelle de la population des colonies a été trois fois supérieure à la croissance naturelle à l’intérieur d’Israël : 5 contre 1,8 %. Le nombre des colons a également triplé depuis 1993, date des accords d’Oslo, passant de 110 000 à 301 200.
Dans ces conditions, qui pourrait encore croire en la foi d’Israël dans une solution basée sur l’établissement d’un Etat palestinien vivant côte à côte avec l’Etat juif ? Celui-ci ne fait-il pas tout pour, au contraire, grignoter les terres et ruiner toute chance de créer un Etat palestinien viable, compromettant par la même toute solution pacifique durable ?
Dr Hicham Mourad