mercredi 14 juillet 2010

Un conflit d’existence ou de frontières

Après l’assassinat d’Ytzhak Rabin et au lendemain des premières élections effectuées après l’assassinat et remportées par Shimon Pérès, un journal israélien avait publié à la une qu’Idgal Omeir, l’assassin, avait voté 2 fois. Cela signifie que l’assassinat de Rabin constitue son premier vote et que le second est celui qu’il a fait à l’intérieur de la prison contre Pérès, alors que la loi israélienne donne le droit de vote aux prisonniers.
Et quand d’autres élections avaient été effectuées plus tard et avaient été remportées par Barak, le leader du parti travailliste qui est le parti de Rabin, Barak s’était éloigné de la voie que son prédécesseur avait suivie pour faire quelques pas en arrière et s’approcher de la ligne du Likoud. C’est ce que Pérès lui-même a fait ultérieurement et le parti travailliste a changé sa tendance qui lui était connue depuis sa fondation et selon laquelle il tenait plus à la paix qu’à la terre et qu’il acceptait l’Etat palestinien indépendant.
Cette position constituait un changement dans la politique de Pérès, alors qu’il avait signé les accords d’Oslo en 1993 et dans lesquels il a reconnu les droits légitimes des Palestiniens. Et ce abstraction faite des doutes dans les intentions non-annoncées de la part du parti travailliste.
Or, le changement du point de vue de la droite israélienne contre ce qui a été considéré comme un désengagement de la part de Rabin au projet sioniste a eu lieu avec la victoire de Netanyahu aux élections de 1996, et qui a été décrite par l’écrivain américain juif Egal Slifer, professeur à l’Université de New York, comme constituant un retour au passé.
Là, le passé signifie le projet sioniste aspirant à l’expansion des territoires israéliens et non pas le retrait et qui nie les droits légitimes des Palestiniens dans ces territoires, y compris le droit d’autodétermination et de la création de l’Etat palestinien.
Pendant la conférence annuelle du lobby juif Aipac à Washington, alors que Netanyahu venait d’être élu en 1996, il levait sa voix en criant : « Il n’y a pas de nouveau Proche-Orient, le Proche-Orient est le Proche-Orient » ; le terme de nouveau Proche-Orient que Pérès avait utilisé comme titre de son livre publié en 1993.
Cette position assurait son refus de tous les nouveaux engagements décidés par le gouvernement Rabin/Pérès et qui se résume à l’acceptation de la paix en se basant sur le retrait et l’Etat.
En 1998, l’ex-ambassadeur israélien à Washington Simha Dinitz a annoncé que le processus de paix avait transféré le conflit entre Israël et les Palestiniens de conflit d’existence en conflit de frontières. Il reconnaît ainsi que l’essentiel du projet sioniste consiste à éradiquer l’existence palestinienne. Et il est évident que Netanyahu a remmené la politique israélienne au concept du conflit d’existence. Ce qui va totalement à l’encontre de la reconnaissance de la paix. Et cette tendance était claire dans les déclarations et les positions de Netanyahu depuis qu’il a accédé au pouvoir pour la deuxième fois en 2009.
C’est dans cette atmosphère que les tentatives du président américain Obama sont effectuées, alors que des négociations indirectes sont actuellement en cours. Il n’est pas nouveau d’entendre dire qu’Obama a préparé un plan qui détermine la position de son administration engagée vis-à-vis des problèmes essentiels, ou ce qu’on appelle les problèmes du statut final, qui sont : Jérusalem, les réfugiés, les frontières … De sa part, Netanyahu a pris le devant par des procédures concrètes et des communiqués arrogants dans lesquels il affirme que c’est lui seul qui détermine le destin de ces dossiers.
Il est actuellement connu qu’Obama veut parvenir à une solution finale pour la cause palestinienne avant la fin de son mandat actuel et que dans son plan, il est soutenu par James Johnes, son conseiller pour la sécurité nationale et tous ses prédécesseurs qui avaient occupé ce poste avec les autres présidents américains, et ce en plus d’un grand nombre d’experts et d’assistants qui avaient assumé la responsabilité des négociations israélo-palestiniennes.
Ceci signifie que l’action diplomatique américaine, que ce soit à travers les négociations indirectes actuelles ou selon le plan prévu d’Obama, rencontrera une forte objection de la part du gouvernement israélien.
Quel que soit le résultat, si Obama n’entreprend pas un pas décisif envers cette position israélienne, surtout après l’annonce du règlement selon la conception américaine, c’est une question de sécurité nationale pour les Etats-Unis qui pourrait nuire à la crédibilité américaine dans la région et dans le monde entier … Que va faire Obama ?
Atef Al-Ghamri
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