vendredi 12 mars 2010

Gaza un an plus tard

jeudi 11 mars 2010 - 12h:40
Micheál Martin
New York Times
La semaine dernière je me suis rendu à Gaza et j’étais le premier ministre des affaires étrangères de l’union européenne à y pénétrer.
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Micheál Martin
Je suis allé dans un but humanitaire, afin de voir de première main l’effet d’un blocus imposé maintenant au peuple de Gaza depuis deux ans et demi et pour rencontrer le personnel courageux et dévoué de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), notamment son directeur des opérations, l’Irlandais John Ging. Ces personnes ont joué un rôle indispensable dans le maintien des services humanitaires vitaux pour le peuple de Gaza.
Dès mon arrivée à Gaza, j’ai constaté que les privations et les difficultés créées par le blocus n’étaient que trop évidentes. Quand je me suis rendu au centre de distribution d’aliments de l’UNWRA, j’ai pu voir le désespoir et la souffrance marquant les visages de ceux qui faisaient la file pour obtenir les rations les plus essentielles de riz, de lait en poudre et d’huile de tournesol. 80 % de la population de Gaza vit à présent sous le seuil de pauvreté et l’UNWRA trouve de plus en plus de cas de pauvreté totale où les gens n’ont pas assez de nourriture pour vivre, même avec leurs maigres rations.
La tragédie de Gaza est que la Bande court le danger imminent de devenir une crise humanitaire tolérée, une situation que la plupart des personnes justes reconnaissent comme absolument inacceptable à notre époque, mais qui s’avère extrêmement difficile à corriger ou à améliorer à cause du blocus et des ramifications des efforts visant à réaliser un progrès politique au Moyen-Orient.
On peut imaginer combien il est difficile de ne pas céder au désespoir dans un tel environnement. Toutefois, ce qui m’a le plus impressionné et encouragé pendant la visite, a été la résilience et l’incroyable dignité des gens ordinaires.
Il me faut mentionner en particulier deux jeunes filles que j’ai rencontrées pendant ma visite à l’école préparatoire pour filles de l’UNWRA à Rafah. Reem Abu Owida à 10 ans, mais sa petite taille vous ferait penser qu’elle a au minimum deux ans de moins. Dina Ali Awaja est âgée de 15 ans.
En tant qu’ancien enseignant moi-même, j’ai été très impressionné par l’éloquence, l’enthousiasme et l’attitude positive de ces deux petites filles. Leur dignité et leur attachement aux valeurs des droits humains et à un dialogue dans le respect, dont elles ont parlé avec éloquence et passion, étaient manifestes et confirmaient la validité du travail merveilleux accompli par l’UNWRA dans le secteur de l’éducation.
J’ai été pareillement frappé par ce que m’ont dit les membres d’un groupe d’hommes d’affaires au parc industriel de Karni. Ce groupe composé en majorité de jeunes hommes et femmes d’affaires m’a décrit avec force détails la dévastation qui a frappé le secteur privé à Gaza dont l’économie ne fonctionne maintenant qu’à 10 - 15 % de sa capacité. Plus de 1000 sociétés ont mis la clé sous la porte depuis l’opération plomb durci de l’armée israélienne début de 2009. Le chômage dépasse maintenant 50 %.
Ce que j’ai vu à Gaza, dans tous les gravats et la dévastation tellement évidente un an après le conflit, est une population traumatisée et réduite à la pauvreté par un blocus injuste et complètement contre-productif. Le seul résultat du blocus est d’enrichir le Hamas et de marginaliser encore davantage les voix modérées.
Je considère la situation actuelle pour la population ordinaire comme inhumaine et totalement inacceptable, en termes de normes internationales des droits humains.
Ce sont des messages évidents que j’apporterai avec moi à Cordoue, le week-end prochain lorsque je rencontrerai la haute représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton, et mes collègues des affaires étrangères de l’Union européenne. L’Union européenne et la communauté internationale doivent simplement accroître davantage la pression pour mettre fin au blocus et ouvrir les passages aux frontières permettant la reprise d’un trafic commercial et humanitaire normal.
Je crois sincèrement que le siège médiéval imposé au peuple de Gaza est inacceptable. Je ne suis aussi que trop conscient que quelque part à Gaza, se trouve le jeune soldat israélien Gilad Shalit, prisonnier depuis quatre ans et je renouvelle mon appel pour sa libération rapide et son retour dans sa famille.
Le peuple de Gaza est légitimement fier de son patrimoine. Ce patrimoine est riche, ainsi que je l’ai découvert quand j’ai visité le musée archéologique, petit mais impressionnant, récemment construit en bordure de la ville de Gaza. Deux jeunes personnes comme Reem et Dina méritent d’avoir l’occasion de vivre un avenir conforme à leur héritage.
J’en appelle à tous ceux qui se soucient véritablement de la paix au Moyen-Orient pour qu’elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin que tous les jeunes comme Reem et Dina aient accès à tout que nous souhaiterions pour nos propres enfants : un avenir décent.
* Micheál Marten est ministre des affaires étrangères de l’Irlande
4 mars 2010 - Ce texte peut être consulté ici :
http://www.nytimes.com/2010/03/05/o...
Traduction : Anne-Marie Goossens
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8316