vendredi 12 mars 2010

Condamnation unanime du nouveau projet de construction à Jérusalem-Est

publié le jeudi 11 mars 2010
Catherine Monnet et Karim Lebhour

 
Les condamnations se sont multipliées au lendemain du feu vert du gouvernement Netanyahu à la construction de 1 600 logements de colons juifs à Jérusalem-Est. Une « insulte », selon les Arabes. La presse israélienne, elle-même, évoque un « crachat au visage » de Washington, alors que le vice-président américain était en tournée au Proche-Orient. Joe Biden était venu tenter d’arracher une reprise des négociations indirectes en Israël et les Palestiniens. Il était ce mercredi 10 mars à Ramallah. Côté palestinien, on estime que l’heure n’est plus vraiment aux négociations.
C’est un Joe Biden, gratifiant le président Abbas d’une chaleureuse accolade et l’enveloppant d’un bras protecteur qui a fait son entrée ce mercredi 10 mars à la Moukata, le siège de l’Autorité palestinienne. Lors de sa visite dans les Territoires, le vice-président américain a une nouvelle fois condamné la décision israélienne de construire plus de 1 500 logements à Jérusalem-Est, une mesure qui « sape la confiance » nécessaire à la reprise des pourparlers et qui empêche, d’après Joe Biden, de « commencer et de produire des négocations fructueuses ».
Menaces sur le dialogue israélo-palestinien
Joe Biden, le bon ami de Benyamin Netanyahu à Washington, sait aussi montrer qu’il est vraiment faché en arrivant, comme il l’a fait, avec plus d’une heure de retard à un diner offert par le couple Netanyahu. Quant à l’homme qui est à l’origine du courou américain, le ministre de l’Intérieur Eli Yishaï -qui a annoncé mardi 9 mars le nouveau plan de construction- il s’est excusé d’avoir créé un tel embarras et assure n’avoir voulu provoquer personne.
Ce n’est pas l’avis de nombreux commentateurs israéliens qui accusent le Premier ministre d’avoir « ruiné » la visite de Joe Biden et « torpillé » la relation israélo-américaine.

La colère des Palestiniens

Ça devait être la semaine de reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Ces discussions de proximité, comme on les appelle, ont été totalement éclipsées par cet accroc diplomatique sur Jérusalem-Est.
Côté palestinien, on estime maintenant qu’il est prématuré de parler d’une reprise de processus de paix. Mahmoud Abbas a dit que la décision de reprendre des négociations, même indirectes, avaient été difficiles et que l’annonce de ces logements à Jérusalem-Est pourrait bien faire dérailler ces discussions avant même qu’elles ne commencent.
Et puis, il y a aussi une certaine satisfaction côté palestinien parce que l’annonce de constructions dans la colonie de Beitar Ilit, lundi, en Cisjordanie, était passée presque inaperçue. Eh bien là, ces annonces à Jérusalem-Est ont tapé dans le mille si l’on peut dire. Et en faisant cette annonce, au moment de la visite de Joe Biden, Israël apparaît comme le fauteur de troubles alors que les Palestiniens eux-mêmes étaient très hésitants à reprendre ces négociations.
Des actes, pas des paroles
Les dirigeants palestiniens attendent surtout des mesures concrètes, notamment des mesures économiques. En tout cas, c’est ce que Mahmoud Abbas a dit à Joe Biden, ici, à Ramallah. Il a notamment dit que les condamnations verbales de la politique israélienne ne suffisent plus, qu’il faut maintenant des actes. Les Palestiniens voudraient que les Etats-Unis et l’Europe également prennent des mesures de rétorsion quand des constructions sont lancées en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est.
Les Etats-Unis, disent-ils, peuvent jouer de l’aide militaire qu’ils offrent à Israël. Les Européens, eux, peuvent jouer des liens commerciaux qu’ils ont avec Israël. On est encore loin évidemment de ces sanctions, mais en tout cas l’idée fait son chemin et est rendue un petit peu plus crédible par ce pataquès diplomatique pendant la visite de Joe Biden.
[1] correspondant à Ramallah, Karim Lebhour