samedi 23 janvier 2010

A Jérusalem la colonisation s’accélère

publié le vendredi 22 janvier 2010
Michel Warschawski

 
Le trio Netanyahou-Lieberman-Barack veut précipiter la colonisation de Jérusalem-Est avec pour l’objectif de lui enlever son caractère de ville arabe.
Dans le lieu-dit Beit Orot, en plein Jérusalem-Est, la municipalité vient de donner un permis de construire pour 24nouvelles unités de logement. Beit Orot est une colonie établie il y a une vingtaine d’années au coeur du quartier arabe d’A-Tur, sur les flancs du mont Scopus. Jusqu’à présent, elle était restée isolée, à quelques dizaines de mètres de des résidences palestiniennes. Le projet ratifié par la municipalité autorise la construction de quatre immeubles qui seront habités par des colons d’extrême-droite, dont le but est de faire partir le plus grand nombre possible de résidents arabes et de les remplacer par d’autres colons.
Ce type de colonisation, au coeur des quartiers arabes de la ville, n’est pas nouveau : alors que l’ancien maire de Jérusalem, Teddy Kollek, architecte de l’« unification » unilatérale et forcée de la ville, avait voulu éviter les mélanges de populations, et défendu la « colonisation dans la séparation », Ehoud Olmert qui lui avait succédé à la tête de la mairie, et surtout Ariel Sharon, à l’époque ministre de la Construction et du Logement, ont, au cours des deux dernières décennies, encouragé la colonisation juive au coeur des quartiers arabes.
L’élargissement de la colonie de Beit Orot à A-Tur fait partie d’un plan d’ensemble qui incluse les quartiers de Cheikh Jarrah, de Silwan et le parc de l’ancien hôtel Shepherd, plan qui vise à « désarabiser » progressivement Jérusalem-Est. Après avoir échoué dans la politique de nettoyage ethnique de la ville et réalisé que malgré tous les moyens administratifs mis en oeuvre depuis quarante ans, la population palestinienne, loin de se réduite, était passée de 27% à 34% des deux villes réunies, la nouvelle stratégie est donc d’enlever, petit à petit, à Jérusalem-Est son caractère de ville arabe. Les Palestiniens resteront un tiers de la population de Jérusalem, mais noyés dans la population juive majoritaire.
Nombreux sont les politiciens israéliens qui s’opposent à cette politique, lourde de tensions futures entre les deux communautés, mais leurs voix sont aujourd’hui marginalisées par l’extrême-droite au pouvoir. Cette même extrême-droite qui a répondu à la demande du président Obama de geler la colonisation par la construction de, provocatrice s’il en est, de 3000 nouvelles unités de logement dans la colonie de Guilo, dans la banlieue sud de Jérusalem.
Au moment où la présidence sortante de l’Union européenne réaffirme que Jérusalem-Est doit être la capitale du futur Etat palestinien, où la Délégation de cette même Union européenne à Jérusalem met en garde contre l’irréversibilité de cette judaïsation de Jérusalem-Est, où le président états-unien demande le gel de la colonisation, le trio Netanyahou-Lieberman-Barack donne un coup d’accélérateur à une colonisation tous azimuts de Jérusalem-Est. Jusqu’à quand les laissera-t-on faire ?
publié dans Siné Hebdo , "le journal mal élevé" est un hebdomadaire en vente dans les kiosques (2 euros) tous les mercredis.