|
22/01/2010 Ils sont résidents de Jérusalem mais privés de services fournis par la municipalité israélienne: plus de 50.000 Palestiniens du secteur oriental de la Ville sainte se retrouvent dans une situation absurde, de l'autre côté du "mur de séparation".
Sitôt franchi un barrage militaire israélien, à l'entrée du faubourg de Kfar Aqeb, on entre dans un autre monde: les rues sont pleines d'ornières, certaines ne sont pas goudronnées, des immondices s'entassent avant d'être brûlées et de nouvelles maisons jaillissent du sol dans une profusion anarchique au défi de toute planification urbaine.
"Nous vivons dans un no man's land. La police palestinienne ne peut faire la loi ici car nous faisons toujours partie de Jérusalem-Est. La police israélienne n'intervient pas davantage puisque nous sommes de l'autre côté du mur", explique Samih Abou Romeileh, 33 ans, qui anime un comité de quartier.
Il y a quelques semaines, rapporte ce directeur d'école, "quatre voyous armés ont pu terroriser impunément enfants et professeurs pendant une heure et demie sans que personne n'intervienne" malgré les appels à un poste de police israélien voisin.
En cas d'urgence médicale, "il est difficile de transporter des malades à Jérusalem, étant donné que les ambulances israéliennes refusent de franchir le barrage", témoigne-t-il.
Il en va de même pour la voirie. Il a fallu, selon lui, que le comité de quartier ameute les médias en déversant à Tel Aviv, devant des caméras, les poubelles de Kfar Aqeb, pour que la municipalité hiérosolomytaine signe enfin un contrat avec un entrepreneur local.
Seules les écoles publiques sont encore financées par la mairie de Jérusalem et le ministère israélien de l'Education.
"Tout est fait du côté israélien pour nous séparer de Jérusalem et se débarrasser de nous. Mais sans le reconnaître officiellement car cela signifierait qu'Israël renonce à une partie de Jérusalem-Est", s'indigne-t-il.
"Nous vivons dans une grande prison depuis la construction du mur", se plaint Nisreen al-Mimi, 32 ans, une mère de quatre enfants, dont la maison se situe à quelques dizaines de mètres de la muraille de huit mètres de haut.
Comme les autres habitants de Kfar Aqeb, elle se plaint de devoir s'acquitter des impôts municipaux sans contrepartie de la municipalité.
"Ici, c'est chacun pour soi, il n'y pas de loi", confie un voisin septuagénaire, dont la maison est tout près de la barrière de séparation.
Présentée par Israël comme une "clôture anti-terroriste", cette barrière est qualifiée par les Palestiniens de "mur de l'apartheid".
Début janvier, le responsable du dossier de Jérusalem-Est de la mairie, Yakir Segev, a admis pour la première fois que "la municipalité de Jérusalem ne gère plus les quartiers (hors du mur) où se trouvent quelque 55.000 résidents".
"L'Etat d'Israël a en fait renoncé à ces quartiers. Ils échappent à son contrôle et certainement à celui de la mairie", a souligné M. Segev.
Pour l'Association israélienne des droits civils, cet aveu a "dévoilé le pot-aux-roses alors que depuis des années la mairie prétendait se soucier du bien être des habitants de ces quartiers".
"On se débarrasse de toute responsabilité sur ces quartiers sans pour autant la confier à l'Autorité palestinienne", renchérit Orly Noï, une responsable de l'ONG Ir Amim ("Une Ville pour tous les peuples").
"On veut une Jérusalem unifiée sans en payer le prix", ajoute-elle, en référence à une loi israélienne de 1981 décrétant Jérusalem "capitale unifiée d'Israël" à la suite de l'annexion du secteur oriental conquis par l'armée israélienne lors de la Guerre des Six jours en juin 1967.
Par Marius SCHATTNER
(AFP)
Sitôt franchi un barrage militaire israélien, à l'entrée du faubourg de Kfar Aqeb, on entre dans un autre monde: les rues sont pleines d'ornières, certaines ne sont pas goudronnées, des immondices s'entassent avant d'être brûlées et de nouvelles maisons jaillissent du sol dans une profusion anarchique au défi de toute planification urbaine.
"Nous vivons dans un no man's land. La police palestinienne ne peut faire la loi ici car nous faisons toujours partie de Jérusalem-Est. La police israélienne n'intervient pas davantage puisque nous sommes de l'autre côté du mur", explique Samih Abou Romeileh, 33 ans, qui anime un comité de quartier.
Il y a quelques semaines, rapporte ce directeur d'école, "quatre voyous armés ont pu terroriser impunément enfants et professeurs pendant une heure et demie sans que personne n'intervienne" malgré les appels à un poste de police israélien voisin.
En cas d'urgence médicale, "il est difficile de transporter des malades à Jérusalem, étant donné que les ambulances israéliennes refusent de franchir le barrage", témoigne-t-il.
Il en va de même pour la voirie. Il a fallu, selon lui, que le comité de quartier ameute les médias en déversant à Tel Aviv, devant des caméras, les poubelles de Kfar Aqeb, pour que la municipalité hiérosolomytaine signe enfin un contrat avec un entrepreneur local.
Seules les écoles publiques sont encore financées par la mairie de Jérusalem et le ministère israélien de l'Education.
"Tout est fait du côté israélien pour nous séparer de Jérusalem et se débarrasser de nous. Mais sans le reconnaître officiellement car cela signifierait qu'Israël renonce à une partie de Jérusalem-Est", s'indigne-t-il.
"Nous vivons dans une grande prison depuis la construction du mur", se plaint Nisreen al-Mimi, 32 ans, une mère de quatre enfants, dont la maison se situe à quelques dizaines de mètres de la muraille de huit mètres de haut.
Comme les autres habitants de Kfar Aqeb, elle se plaint de devoir s'acquitter des impôts municipaux sans contrepartie de la municipalité.
"Ici, c'est chacun pour soi, il n'y pas de loi", confie un voisin septuagénaire, dont la maison est tout près de la barrière de séparation.
Présentée par Israël comme une "clôture anti-terroriste", cette barrière est qualifiée par les Palestiniens de "mur de l'apartheid".
Début janvier, le responsable du dossier de Jérusalem-Est de la mairie, Yakir Segev, a admis pour la première fois que "la municipalité de Jérusalem ne gère plus les quartiers (hors du mur) où se trouvent quelque 55.000 résidents".
"L'Etat d'Israël a en fait renoncé à ces quartiers. Ils échappent à son contrôle et certainement à celui de la mairie", a souligné M. Segev.
Pour l'Association israélienne des droits civils, cet aveu a "dévoilé le pot-aux-roses alors que depuis des années la mairie prétendait se soucier du bien être des habitants de ces quartiers".
"On se débarrasse de toute responsabilité sur ces quartiers sans pour autant la confier à l'Autorité palestinienne", renchérit Orly Noï, une responsable de l'ONG Ir Amim ("Une Ville pour tous les peuples").
"On veut une Jérusalem unifiée sans en payer le prix", ajoute-elle, en référence à une loi israélienne de 1981 décrétant Jérusalem "capitale unifiée d'Israël" à la suite de l'annexion du secteur oriental conquis par l'armée israélienne lors de la Guerre des Six jours en juin 1967.
Par Marius SCHATTNER
(AFP)