Publié le 22-01-2010
Jared Malsin, rédacteur en chef de l’édition anglaise de l’agence de presse Maan, vient d’être expulsé d’Israël après avoir été kidnappé, arrêté et mis au secret par les autorités israéliennes. Mya Guarnieri, journaliste en Israël, fait le point sur la fameuse démocratie israélienne et ses mesures de répression, à l’encontre de la presse indépendante comme des militants palestiniens non-violents.
"Quelle démocratie, quelle liberté d’expression ? Et qu’en est-il des gens qu’on kidnappe et emprisonne hors de la juridiction israélienne ? Mesures de répression israélienne contre la presse
par Mya Guarnieri*
Jared Malsin, rédacteur en chef de l’édition anglaise de l’agence de presse Maan, a été arrêté par les autorités israéliennes. Malsin, un juif américain qui vit et travaille en Cisjordanie, a été enlevé à l’aéroport international Ben Gourion, alors qu’il revenait avec son co-équipier de vacances en république Tchèque. Après avoir été soumis à huit heures d’interrogatoire, Malsin a été expulsé cette semaine vers les Etats-Unis. Pourquoi ?
Les transcriptions de l’interrogatoire en hébreu obtenues par Maan révèlent que Malsin est considéré comme "un risque pour la sécurité d’Israël", en raison de ses opinions politiques. Les interrogateurs ont fait des recherches en ligne sur les écrits du journaliste, qui comprennent des articles « critiquant l’Etat d’Israël ».
Bien que l’agence Maan, basée à Bethléem, soit identifiée comme un service d’information palestinien, elle est largement connu comme media indépendant, publication dégagée des agendas politiques et elle est doit sa réputation a ses reportages dénués de parti pris. Comme telle, Maan attire un lectorat en constante augmentation, et reçoit plus de 3 millions de visiteurs par mois.
Depuis son arrestation, initialement démentie par les dirigeants israéliens, Maisin a eu peu de contact avec le monde extérieur. Me Daoud n’a eu qu’une brève rencontre avec son client et Maisin a eu une courte conversation téléphonique avec la rédaction de Maan et son rédacteur en chef adjoint George Hale.
En septembre Mohammed Othman, l’important militant du mouvement Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS), a par ailleurs été enlevé par l’armée israélienne, alors qu’il voulait entrer en Cisjordanie par la Jordanie. Othman revenait d’un séjour en Norvège, pays dont le gouvernement s’est récemment désinvesti d’une entreprise israélienne directement engagée dans l’occupation. Othman a été accusé d’avoir joué un rôle crucial dans la décision de la Norvège de se désinvestir. Après des mois de détention administrative sans inculpation, détenu sur la base de "preuves" que ni Othman ni son avocat n’ont été autorisés à connaître, Othman a finalement été relâché le 13 janvier dernier.
Récemment l’armée a arrêté différents leaders de mouvements populaires non violents contre le Mur. En décembre, Abdallah Abu Ramah, coordinateur du Comité populaire de Bil’in contre le Mur a été arrêté et accusé d’incitation et de jets de pierres. Abu Rahamah est aussi accusé de possession d’armes pour avoir brandi des bombes lacrymogènes vides et exhibé des balles de caoutchouc tirées par l’armée contre lui et contre d’autres manifestants, au cours d’une manifestation hebdomadaire non violente tenue dans son village.
Le 12 janvier, Ibrahim Amirah, coordinateur du Comité populaire contre le Mur de Ni’ilin a été arrêté à son tour. Amirah a été détenu et relâché sans charges deux fois dans le passé.
L’armée israélienne a également conduit un raid de nuit contre la maison en Cisjordanie d’une coordinatrice du mouvement ISM (International Solidarity Movement), Eva Novakova, puis l’a arrêtée et expulsée au motif que son visa était périmé."
*Mya Guarnieri, journaliste-écrivain est installée à Tel-Aviv. Elle contribue régulièrement au Jérusalem Post et à The National ; ses articles paraissent aussi dans Outlook India, Newsweek, dans Ha’aretz, ainsi que dans les dépêches de l’agence de presse Maan, au Common Ground News service, à Mondoweiss, à Zeek, au Daily News Egypt, et au Khalej Times.
(Traduit par Carole SANDREL)
CAPJPO-EuroPalestine