Palestine - 22-07-2009 |
Un petit village niché dans une vallée entre plusieurs collines, dans le gouvernorat de Bethléem, lutte aujourd’hui pour sa survie. Tout autour de Wadi Fuqin, à l’extérieur de Bethléem, au sud de la Cisjordanie, la colonie israélienne illégale de Beitar Ilit, forte de 35.000 colons, est en pleine expansion. Elle est située sur une colline qui surplombe le petit village, qui abrite 2.500 Palestiniens.
A côté de la colonie, plusieurs avant-postes coloniaux ont poussé comme des champignons et, avec Beitar, encerclent et bouclent Wadi Fuqin.
Alors que la construction coloniale connaît un boom et que le nombre de colons à Beitar et dans les avant-postes continue d’augmenter, autorités israéliennes interdisent aux Palestiniens de Wadi Fuqin de construire de nouvelles maisons, ou d’agrandir l’existant pour loger les nouvelles générations.
IPS a accompagné les fonctionnaires du ministère de l’agriculture de l’Autorité Palestinienne (PA) lors d’une visite de Bethléem et des villages alentours pour constater de visu la diminution inquiétante de la terre qui reste disponible pour les Palestiniens au fur et à mesure que l’expansion coloniale s’accélère en Cisjordanie.
« C’est un désastre, » dit le docteur Ismail Da’iq, ministre de l’agriculture de l’AP. « Nous perdons des terres à une vitesse sans précédent à cause de l’expansion des colonies israéliennes et des zones militaires fermées. »
« Pour combattre ce vol de terre continue, nous avons lancé le projet de planter 5 millions d’arbres sur les terres du gouvernorat de Bethléem au cours des 5 prochaines années, » dit Da’iq à IPS. « Nous espérons qu’Israël aura plus de difficultés à exproprier nos terres, mais ce n’est pas une garantie. »
Evidemment, sur la route de Ramallah à Bethléem, le correspondant d’IPS a vu plusieurs dizaines d’arbres palestiniens sciés juste au dessus du niveau du sol par les autorités israéliennes.
Selon les accords d’Oslo de 1993, 66% du gouvernorat de Bethléem se retrouvaient faisant partie de la zone C, qui tombe sous juridiction israélienne totale en ce qui concerne le plan et la construction.
« L’Autorité Palestinienne a fait une erreur en acceptant ça pendant Oslo, mais c’est quelque chose que nous espérons rectifier. Nous sommes déterminés à ne pas reprendre les pourparlers de paix tant qu’Israël ne gèlera pas toute activité de colonies en Cisjordanie, » dit Da’iq à IPS.
Selon un rapport publié le mois dernier par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), après les quatre dernières décennies d’occupation israélienne, il ne reste à l’usage des Palestiniens que 13% des terres du gouvernorat, dont la plupart sont fragmentées.
« Aujourd’hui, sur le gouvernorat de Bethléem, environ 86.000 israéliens vivent dans 19 colonies et 16 avant-postes, » dit le rapport d’OCHA. « La population palestinienne est d’environ 175.000 personnes. »
Si la construction de la barrière de séparation continue sur le tracé actuel, l’accès palestinien à la terre, aux pâturages et aux ressources d’eau sera encore davantage limité.
Le mur actuel pénètre profondément dans le territoire palestinien par rapport à la ligne Verte reconnue internationalement, avalant de grands pans de territoire.
On estime à 21.000 le nombre de résidents palestiniens du gouvernorat de Bethléem qui en conséquence auront davantage de restrictions d’accès aux marchés, aux services de santé et à l’enseignement dans les secteurs urbains de Bethléem, et le potentiel de la ville pour l’expansion résidentielle et industrielle a déjà été réduit.
La plupart des habitants sont également coupés de Jérusalem Est palestinienne, puisque un nombre limité d’entre eux obtient le permis de sécurité israélien requis pour entrer dans la cité.
Ceux qui ont la chance d’avoir ce permis, la plupart du temps pour travailler, attendent en moyenne une heure et dix minutes pour passer la barrière de sécurité, selon un rapport de l’UNRWA publié au début de l’année.
Jérusalem Est est un pôle culturel, éducatif, religieux, commercial et familial considérable pour les Cisjordaniens.
La municipalité de Jérusalem a également redessiné les limites municipales de la ville pour intégrer de gros morceaux du secteur de Bethléem, dont les grandes colonies israéliennes Har Homa et Gilo.
Israël a accéléré l’appropriation de la terre palestinienne en 1950 sous la Loi des Biens des Absents. Des centaines de milliers de Palestiniens avaient soit fui, pour la plupart temporairement, ou avaient été chassés de leurs terres pendant la guerre de 1948 qui a vu la naissance de l’Etat juif.
Il ne reste aujourd’hui au village de Nahalin, près de Bethléem, que 10.000 dunams (1 dunam = 0,1 hectare) de terre. Avant 1948, il en avait 17.000 dunams.
« En 1948, mon grand-père avait 100 dunams de terres, sur lesquelles il faisait pousser des oliviers et de la vigne, »
raconte à IPS Dib Najaja, père de 5 enfants. « Aujourd’hui, il ne reste à ma famille que 2 dunams. Je pourrais gagner 700 dollars de plus par mois si je pouvais toujours cultiver cette terre. »
« Mais j’ai de la chance parce que j’ai un travail à temps plein comme membre du conseil municipal. Ceux dont les revenus ne dépendent que de la terre sont dans la misère. »
Wadi Fuqin, qui se trouve contre la Ligne Verte, est dans une situation précaire parce que la survie de la moitié du village dépend de l’agriculture.
Avant 1948, lorsque tous les villageois ont soit fui soit été expulsés, le village possédait 14.000 dunams de terre. Aujourd’hui, il en a 6.000.
« A la suite de la guerre arabo-israélienne de 1967, lorsqu’Israël a occupé la Cisjordanie, nous avons commencé à quitter le camp de réfugiés de Deheishe et nous nous sommes glissés en douce, la nuit, petit à petit, jusqu’à ce qu’un nombre important d’entre nous soit revenu au village, » raconte Muhammad Shaker, 80 ans, un des réfugiés de l’époque, qui vit dans une grotte voisine.
L’avenir de Wadi Fuqin est à la merci de la pression internationale sur Israël.
« Nous avons besoin d’aide pour réhabiliter la terre et la rendre une fois encore viable d’un point de vue agricole, » dit à IPS Awni Al-Manassra, membre du comité du village. « Nous avons aussi besoin d’aide financière pour les procès devant les tribunaux israéliens pour confiscation de terre et démolitions de maisons, pour celles qui ont été construites sans permis israélien. »
Le groupe israélien pour les droits de l’homme Peace Now a rapporté que les autorités israéliennes ont approuvé la construction de 790 nouveaux appartements à Beitar Illit. Un projet existe également de construction de 2.500 appartements à Gi’vat Eitam, une extension de la colonie Efrat, près de Bethléem.
Alors que la construction coloniale connaît un boom et que le nombre de colons à Beitar et dans les avant-postes continue d’augmenter, autorités israéliennes interdisent aux Palestiniens de Wadi Fuqin de construire de nouvelles maisons, ou d’agrandir l’existant pour loger les nouvelles générations.
IPS a accompagné les fonctionnaires du ministère de l’agriculture de l’Autorité Palestinienne (PA) lors d’une visite de Bethléem et des villages alentours pour constater de visu la diminution inquiétante de la terre qui reste disponible pour les Palestiniens au fur et à mesure que l’expansion coloniale s’accélère en Cisjordanie.
« C’est un désastre, » dit le docteur Ismail Da’iq, ministre de l’agriculture de l’AP. « Nous perdons des terres à une vitesse sans précédent à cause de l’expansion des colonies israéliennes et des zones militaires fermées. »
« Pour combattre ce vol de terre continue, nous avons lancé le projet de planter 5 millions d’arbres sur les terres du gouvernorat de Bethléem au cours des 5 prochaines années, » dit Da’iq à IPS. « Nous espérons qu’Israël aura plus de difficultés à exproprier nos terres, mais ce n’est pas une garantie. »
Evidemment, sur la route de Ramallah à Bethléem, le correspondant d’IPS a vu plusieurs dizaines d’arbres palestiniens sciés juste au dessus du niveau du sol par les autorités israéliennes.
Selon les accords d’Oslo de 1993, 66% du gouvernorat de Bethléem se retrouvaient faisant partie de la zone C, qui tombe sous juridiction israélienne totale en ce qui concerne le plan et la construction.
« L’Autorité Palestinienne a fait une erreur en acceptant ça pendant Oslo, mais c’est quelque chose que nous espérons rectifier. Nous sommes déterminés à ne pas reprendre les pourparlers de paix tant qu’Israël ne gèlera pas toute activité de colonies en Cisjordanie, » dit Da’iq à IPS.
Selon un rapport publié le mois dernier par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), après les quatre dernières décennies d’occupation israélienne, il ne reste à l’usage des Palestiniens que 13% des terres du gouvernorat, dont la plupart sont fragmentées.
« Aujourd’hui, sur le gouvernorat de Bethléem, environ 86.000 israéliens vivent dans 19 colonies et 16 avant-postes, » dit le rapport d’OCHA. « La population palestinienne est d’environ 175.000 personnes. »
Si la construction de la barrière de séparation continue sur le tracé actuel, l’accès palestinien à la terre, aux pâturages et aux ressources d’eau sera encore davantage limité.
Le mur actuel pénètre profondément dans le territoire palestinien par rapport à la ligne Verte reconnue internationalement, avalant de grands pans de territoire.
On estime à 21.000 le nombre de résidents palestiniens du gouvernorat de Bethléem qui en conséquence auront davantage de restrictions d’accès aux marchés, aux services de santé et à l’enseignement dans les secteurs urbains de Bethléem, et le potentiel de la ville pour l’expansion résidentielle et industrielle a déjà été réduit.
La plupart des habitants sont également coupés de Jérusalem Est palestinienne, puisque un nombre limité d’entre eux obtient le permis de sécurité israélien requis pour entrer dans la cité.
Ceux qui ont la chance d’avoir ce permis, la plupart du temps pour travailler, attendent en moyenne une heure et dix minutes pour passer la barrière de sécurité, selon un rapport de l’UNRWA publié au début de l’année.
Jérusalem Est est un pôle culturel, éducatif, religieux, commercial et familial considérable pour les Cisjordaniens.
La municipalité de Jérusalem a également redessiné les limites municipales de la ville pour intégrer de gros morceaux du secteur de Bethléem, dont les grandes colonies israéliennes Har Homa et Gilo.
Israël a accéléré l’appropriation de la terre palestinienne en 1950 sous la Loi des Biens des Absents. Des centaines de milliers de Palestiniens avaient soit fui, pour la plupart temporairement, ou avaient été chassés de leurs terres pendant la guerre de 1948 qui a vu la naissance de l’Etat juif.
Il ne reste aujourd’hui au village de Nahalin, près de Bethléem, que 10.000 dunams (1 dunam = 0,1 hectare) de terre. Avant 1948, il en avait 17.000 dunams.
« En 1948, mon grand-père avait 100 dunams de terres, sur lesquelles il faisait pousser des oliviers et de la vigne, »
raconte à IPS Dib Najaja, père de 5 enfants. « Aujourd’hui, il ne reste à ma famille que 2 dunams. Je pourrais gagner 700 dollars de plus par mois si je pouvais toujours cultiver cette terre. »
« Mais j’ai de la chance parce que j’ai un travail à temps plein comme membre du conseil municipal. Ceux dont les revenus ne dépendent que de la terre sont dans la misère. »
Wadi Fuqin, qui se trouve contre la Ligne Verte, est dans une situation précaire parce que la survie de la moitié du village dépend de l’agriculture.
Avant 1948, lorsque tous les villageois ont soit fui soit été expulsés, le village possédait 14.000 dunams de terre. Aujourd’hui, il en a 6.000.
« A la suite de la guerre arabo-israélienne de 1967, lorsqu’Israël a occupé la Cisjordanie, nous avons commencé à quitter le camp de réfugiés de Deheishe et nous nous sommes glissés en douce, la nuit, petit à petit, jusqu’à ce qu’un nombre important d’entre nous soit revenu au village, » raconte Muhammad Shaker, 80 ans, un des réfugiés de l’époque, qui vit dans une grotte voisine.
L’avenir de Wadi Fuqin est à la merci de la pression internationale sur Israël.
« Nous avons besoin d’aide pour réhabiliter la terre et la rendre une fois encore viable d’un point de vue agricole, » dit à IPS Awni Al-Manassra, membre du comité du village. « Nous avons aussi besoin d’aide financière pour les procès devant les tribunaux israéliens pour confiscation de terre et démolitions de maisons, pour celles qui ont été construites sans permis israélien. »
Le groupe israélien pour les droits de l’homme Peace Now a rapporté que les autorités israéliennes ont approuvé la construction de 790 nouveaux appartements à Beitar Illit. Un projet existe également de construction de 2.500 appartements à Gi’vat Eitam, une extension de la colonie Efrat, près de Bethléem.
Source : IPS- Ism (International Solidarity Movment)