L’armée israélienne a tué mardi deux Palestiniens accusés d’avoir tué, en juin dernier, trois colons en Cisjordanie occupée. Marwan Qawasmeh, 29 ans, et Amer Abou Eisheh, 32 ans, ont été assassinés au cours d’un assaut de l’armée d’occupation contre leur maison à Hébron.
Dans l’affaire, plus que louche, de la mort de ces trois jeunes colons, Israël semble préférer les assassinats à la comparution de « suspects » devant un tribunal...
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a salué la mort des deux Palestiniens, estimant qu’« on s’était occupé d’eux » comme il l’avait promis après les enlèvements. « Je ne suis pas si désolé que ça de ne pas avoir à voir leur visage riant au tribunal », a réagi Rachel Frenkel, la mère de Naftali, 16 ans, un des trois Israéliens assassinés.
« Leur mort ainsi que l’arrestation de trois autres membres de la famille Qawasmeh, très influente à Hébron, font redouter de nouvelles violences dans cette ville où s’affrontent régulièrement Palestiniens d’un côté et colons et soldats israéliens de l’autre. La tension est en effet déjà élevée en temps normal à Hébron, où vivent 200 000 Palestiniens et quelque 700 colons juifs. », écrit l’AFP
À Hébron, le 23 septembre 2014. HAZEM BADER / AFP
"Après la disparition des trois jeunes Israéliens, une vaste campagne d’arrestations avait été lancée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, aboutissant à l’incarcération de quelque 2 000 Palestiniens en trois mois. Israël a accusé le Hamas d’être derrière les enlèvements, arrêtant environ 300 de ses membres en Cisjordanie, alors que le Hamas a démenti toute implication dans ces meurtres.
L’armée a réaffirmé mardi que Marwan Qawasmeh appartenait au Hamas. En juillet, un autre membre de sa famille, Hussan, avait été arrêté et présenté comme celui ayant « orchestré » l’enlèvement des trois Israéliens.
L’assaut de mardi à Hébron a dégénéré en échanges de tirs intenses entre soldats et agents du renseignement israéliens d’un côté, et les Palestiniens retranchés dans une maison de l’autre. Aussitôt après ces affrontements, des dizaines de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres vers les soldats, ont indiqué des témoins. Les heurts, sporadiques, ont connu un moment de répit à la mi-journée lors des funérailles des deux hommes. Quelque 3 000 personnes y ont participé au milieu des slogans de la foule et de drapeaux, notamment du Hamas. La plupart des magasins n’ont pas ouvert, suivant le traditionnel mot d’ordre de grève général lancé après chaque décès d’un Palestinien tué par l’armée.
Au Caire, où doivent reprendre les discussions indirectes pour consolider le cessez-le-feu proclamé il y a un mois à Gaza, les négociateurs palestiniens ont un temps fait peser la menace de ne pas retourner à la table des négociations après l’assaut israélien à Hébron. Ezzat Al-Rishq, un haut responsable du Hamas, a indiqué que la délégation palestinienne, en route pour le siège des services de renseignements égyptiens, avait fait demi-tour en apprenant la mort des deux Palestiniens. « Les discussions ont été retardées de deux heures », a précisé Ezzat Al-Rishq, qui a dénoncé des « assassinats ».
Les discussions de mardi visent à se mettre d’accord sur un calendrier des négociations qui devraient se poursuivre après la fête musulmane du sacrifice, Aïd al-Adha, célébrée durant la première semaine d’octobre, selon un responsable palestinien. Les deux parties doivent discuter de la reconstruction de Gaza, la construction d’un port, la rénovation de l’aéroport et l’échange de prisonniers palestiniens contre les dépouilles de soldats israéliens."