José Luis Moraguès - CCIPPP
Désormais Israël-USA ne sont plus tout puissants, ils n’ont pu
empêcher cette adhésion, ils sont condamnés à réagir. Pour aussi
violentes et meurtrières qu’elles soient et seront, leurs réactions ne
peuvent ni ne pourront empêcher la fin prochaine de leur hégémonie.
LA PALESTINE À L’UNESCO
Le 31/10/2011 les États membres de l’UNESCO réunis en Conférence générale ont « décidé de l’admission de la Palestine comme membre de l’Unesco »
par un vote écrasant : sur les 195 États membres, 107 ont voté pour, 52
abstentions et 14 contre. Dans la logique de leur campagne de menaces
et de pressions diverses, dès le résultat du vote connu, les USA
annonçaient l’arrêt de leur contribution financière (22% du budget de
l’UNESCO) à commencer par le blocage du versement de 60 millions de
dollars prévu en novembre 2011. Nouvel exemple magistral et une leçon de
respect de la démocratie par l’oncle Obama. Dans la foulée Israël
annonçait : 1) l’extension de la colonisation avec l’autorisation de la
construction de 2250 logements à Jérusalem-Est, Gush Etzion et Maale
Adumim en Cisjordanie ; qui, selon le premier ministre « resteront israéliennes dans tout accord de paix » ;
2) la suspension du transfert de près de 100 millions de dollars (72,4
millions d’euros) de droits de douanes et taxes sur les produits
palestiniens perçus par Israël et reversés chaque mois à l’Autorité
palestinienne. Encore deux exemples et une leçon de violation flagrante
du droit par la « seule démocratie du moyen orient ».
Rappelons que UNESCO signifie : Organisation des
Nations-Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture. Ses missions
sont consacrées à la culture, à la science, à la création et à
sauvegarde et la gestion des patrimoines nationaux. Le porte-parole des
affaires étrangères de la France n’a-t-il pas déclaré que la « vocation de l’UNESCO est d’oeuvrer à la généralisation d’une culture de la paix au sein de la communauté internationale ? »
Il est vrai qu’admettre la Palestine à l’UNESCO c’est
reconnaître à l’évidence que les Palestiniens sont un peuple, qu’ils ont
un pays, une histoire, une culture, un patrimoine archéologique et
architectural, etc.
Il est vrai que les Palestiniens voudraient que l’église
de la Nativité à Bethléem soit le premier site inscrit "au nom de la
Palestine" au Patrimoine mondial, dès 2012. Bien sûr, avec cette
adhésion, les Palestiniens pourraient signer la Convention sur le
Patrimoine Mondial et pourraient par ce biais déposer des demandes de
reconnaissance pour d’autres sites, comme par exemple, le tombeau de
Rachel, le Caveau des patriarches, la demeure supposée d’Abraham avec la
mosquée El Khalil (Hébron), mais également pour des sites chrétiens...
tous situés dans les territoire occupés par Israël.
Même si l’on sait que ces demandes risquent de se perdre
dans d’interminables procédures ou que leur mise en œuvre sera bloquée,
leur existence même est visiblement une « menace » pour l’État
sioniste. Et il n’en faut pas plus pour déclencher la colère haineuse
d’Israël (qui depuis plus de 60 ans pratique le nettoyage ethnique des
Palestiniens et veut rayer la Palestine de la carte) et des USA, leur
soutien inconditionnel.
Jugez-en par vous mêmes : Le quotidien conservateur Washington Times est catégorique : "Il n’y a pas et il n’y a jamais eu un pays appelé Palestine". Et selon l’éditorialiste, Sonia Bloomfield, "le terroriste et chef palestinien Yasser Arafat a inventé un peuple qui n’a jamais existé". Le très influent éditorialiste de CNN et Time, Fareed Zakaria, prend clairement position contre la démarche palestinienne. Dans un éditorial, il explique : "Il
n’y a qu’une seule façon de voir émerger un État palestinien. Seulement
si les Israéliens donnent leur accord. Ils ont la terre, ils ont les
armes, ils ont l’argent".
Ceci n’est malheureusement pas une simple opinion. Deux
lois étatsuniennes de 1990 et 1994 interdisent le financement d’une
agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en
tant qu’État membre à part entière en l’absence d’accord de paix avec
Israël.
C’est sans doute pour cette raison qu’ils qualifient « d’unilatérale »
la démarche de l’Autorité palestinienne à l’UNESCO et à L’ONU ( !) tout
ce que le monde entier pourrait décider sans Israël est « unilatéral ».
Mais cette arrogance ne peut changer le sens de ce vote à
UNESCO qui confirme la tendance générale : désormais Israël-USA ne sont
plus tout puissants, ils n’ont pu empêcher cette adhésion, ils sont
condamnés à réagir. Pour aussi violentes et meurtrières qu’elles soient
et seront, leurs réactions ne peuvent ni ne pourront empêcher la fin
prochaine de leur hégémonie.
Depuis Gaza et les révolutions du monde arabe les États
sont contraints de tenir compte de la colère des peuples et de leurs
aspirations à la justice. Le vote massif pour la Palestine à l’UNESCO et
les nombreux soutiens pour la « reconnaissance » de la Palestine à
l’ONU (indépendamment des divergences palestiniennes sur la question)
sont un désaveu cinglant et mondialement majoritaire de la politique de
haine à l’égard du peuple palestinien et de la négation de ses droits
fondamentaux.
La campagne BDS nous offre à nous, société civile, la
possibilité de passer à l’offensive contre Israël et de l’isoler chaque
jour davantage pour l’obliger à respecter les droits fondamentaux du
Peuple Palestinien.
(Lire l’excellente interview de Lisa Taraki par Mark LeVine : Pourquoi boycotter Israël ?)
J.L.M. CCIPPP34 - 6/11/2011