Avec la baisse des aides et des dons, la croissance va
fortement diminuer dans les mois à venir, plongeant la
population dans d’importantes difficultés financières.
Après son recours à l’Organbtenir
la reconnaissance d’un Etat, l’Autorité palestinienne
affrontera une réalité économique jalonnée de défis majeurs.
C’est ce qu’a révélé le Fonds Monétaire International (FMI)
dans son dernier rapport. « L’économie palestinienne est
entrée dans une phase très difficile depuis le lancement du
programme de réforme économique en 2007 », note le rapport.
Il s’agit notamment d’une crise de manque de liquidités qui
a obligé le gouvernement à ne pas verser les salaires des
employés pour la première fois depuis 4 ans. C’est le cas
notamment de Abdallah Amar, un employé à la bande de Gaza,
qui déclare : « Comme de nombreux employés, je m’attendais à
ce que le gouvernement nous paye la moitié restant du
salaire de juin en plus du salaire de juillet. Or, selon les
déclarations, il est probable que nous n’obtenions que la
moitié du salaire de ce mois aussi. Que peut faire une
moitié de salaire alors que l’année scolaire est sur le
point de commencer ? La situation est encore plus
désastreuse pour ceux qui ont des prêts bancaires à
rembourser ». Abdallah est un exemple parmi des milliers
d’employés à Gaza et en Cisjordanie qui traversent de graves
difficultés financières. Ils sont incapables de rembourser
leurs dettes et de subvenir aux besoins familiaux. Et cela
car 70 % des employés de l’Autorité palestinienne sont liés
à des prêts bancaires dont les crédits dépassent parfois la
moitié de leur salaire. Cette situation a entraîné aussi le
ralentissement de l’activité commerciale suite à la chute du
pouvoir d’achat au sein des territoires palestiniens, comme
l’a révélé Fahd Ebeid,
propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter à Ramallah, qui
critique la situation économique du pays. « J’ai acheté
beaucoup de marchandises à l’occasion de l’Aïd et de la
rentrée scolaire. Mais je n’ai presque rien vendu, les
ventes ne dépassent pas 20 % de celles de l’année passée. Je
vais être obligé de vendre les marchandises à des prix
inférieurs aux prix d’achat pour éviter des pertes encore
plus grandes », se plaint-il.
Cette crise de liquidités est due tout d’abord au recul des
aides et des dons provenant des pays donateurs. « L’Autorité
palestinienne a besoin de 300 millions de dollars d’ici la
fin de cette année pour financer ses ressources. C’est vrai
que certains pays arabes ont versé leurs dons, mais d’autres
se sont abstenus », souligne Ossama
Kanaan, directeur dans la bande
de Gaza du FMI. Il ajoute que le gouvernement palestinien
est devenu incapable de financer ses dépenses. De sa part,
le ministre palestinien de l’Economie, Hassan Abou-Lida,
prévoit le prolongement de cette crise de liquidité.
Humeur de la droite extrémiste
« Cette situation sera plus grave au cas où les Etats-Unis
décideraient de punir le peuple palestinien qui les a
affrontés aux Nations-Unies. Par conséquent, ils vont
suspendre le financement des projets de développement, ce
qui aura de mauvaises répercussions sur l’économie »,
note-t-il. Les aides et les dons, représentant plus de la
moitié du PIB de l’économie palestinienne, sont également
liés à l’humeur de la droite extrémiste en Israël et qui est
évidemment soutenue par le lobby juif aux Etats-Unis. C’est
ainsi que les décisions américaines sont liées à Israël,
notamment aux décisions de ses groupes de pression. Il en
est de même pour l’Union européenne qui n’octroie que le
minimum à l’Autorité et tient à ce qu’il n’y ait pas de
surplus dans sa trésorerie, pour garantir qu’elle ne prendra
aucune décision politique sans prendre en considération la
probabilité de l’interruption des dons.
Ainsi, le recul de ces dons va entraîner la baisse du taux
de croissance du PIB de l’économie palestinienne. La Banque
mondiale a baissé ses estimations de la croissance du PIB de
9 à 7 % cette année. Selon le rapport de l’organisation pour
le commerce et le développement auprès de l’Onu (CNUCED),
l’économie palestinienne s’est développée à un taux de 7,4 %
en 2009 et 9,3 % en 2010. Cependant, le taux de chômage
reste très élevé. Il a atteint 30 % pendant cette même
période. « La croissance a eu lieu après une décennie de
recul économique. Les craintes concernant sa continuité sont
dues au recul technologique et au fait que la croissance de
2010 est basée sur les aides », souligne le rapport, notant
que la croissance économique en Palestine dépend des aides
et non de la main-d’œuvre. Vu que la croissance ne progresse
pas, elle ne mènera pas à une augmentation des opportunités
de travail alors que le taux de croissance à Gaza a atteint
15 %, et 7,6 % en Cisjordanie.
Selon le rapport, les difficultés que traverse l’économie
palestinienne persistent avec, entre autres, la poursuite de
la perte des territoires et des ressources naturelles, ainsi
que l’isolement par rapport aux marchés mondiaux.
Selon le rapport de la CNUCED, la circulation des
Palestiniens et de leurs marchandises en Cisjordanie a été
entravée par l’existence de plus de 500 barrières et points
de contrôle israéliens. Ainsi, les exportations
palestiniennes vers Israël, qui atteignaient 90 % du total
des exportations, ont connu une baisse de 30 %. D’ailleurs,
les revenus gouvernementaux provenant des activités
commerciales seront menacés à l’avenir.
« Israël va suspendre ses transferts financiers mensuels des
impôts et des douanes évalués à 100 millions de dollars »,
souligne aussi le ministre palestinien. L’impasse économique
de l’Autorité palestinienne réside dans le fait qu’Israël,
en tant que colonisateur, est responsable de l’entrée des
marchandises en Cisjordanie et à Gaza, et dans la collecte
des taxes imposées et leur remise à l’Autorité palestinienne
avec des taux déterminés selon l’accord d’Oslo. Ceci
constitue 25 % de l’économie palestinienne. A n’importe
quelle crise politique, Israël suspend les revenus des
impôts, ce qui provoque une paralysie pour l’Autorité
palestinienne face à ces engagements. C’est ce qui s’est
passé en 2005, quand le Hamas a remporté les élections
législatives, et au cours de 2011 lors de la signature de la
conciliation entre le Fatah et le Hamas. De même, 90 % des
exportations palestiniennes, qui sont composées d’huile
d’olives, de productions en cuir et en bois et certaines
petites industries sont suspendues à chaque fois que surgit
un problème politique ou un différend au cours des
négociations, voire à la suite de déclarations faites par
des responsables palestiniens et considérées par Israël
comme provocatrices. Quant aux 10 % restants, ils concernent
les fleurs cultivées dans la bande de Gaza. Israël, qui en
est responsable, peut suspendre leur exportation vers
l’étranger.
Khaled
El-Asmaay