Pierre Barbancey - L’Humanité
Mille cent logements
devraient être construits à Jérusalem-Est. Israël profite de la lâcheté
des gouvernements occidentaux et empêche la reprise du processus de
paix.
Lors de son discours prononcé devant l’Assemblée
générale des Nations unies, quelques heures seulement après celui du
président palestinien, Mahmoud Abbas, le premier ministre israélien,
Benyamin Netanyahou, a eu cette phrase qui prend aujourd’hui tout son
sens : « Je ne suis pas venu ici recueillir des applaudissements. »
Voilà ce qu’il a lancé à la face de la communauté internationale.
Traduction : voici ma politique, la politique d’Israël, qu’elle vous
agrée ou non importe peu. C’est celle-ci et nous n’en dévierons pas d’un
iota. Quatre jours plus tard, mardi, le ministère israélien de
l’Intérieur annonçait avoir approuvé la construction de 1 100 nouveaux
logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo à
Jérusalem-Est, occupé et annexé.
gel de la colonisation pour pouvoir négocier
Plus qu’une provocation alors que les Palestiniens ont
d’ores et déjà dit que la reprise des négociations était subordonnée au
gel de la colonisation, cette annonce a valeur de test pour Israël.
Tel-Aviv veut voir jusqu’où il peut aller. Netanyahou a déjà laissé
entendre qu’il n’avait pas l’intention de décréter un nouveau gel de la
colonisation en Cisjordanie. « Nous avons déjà donné », a-t-il affirmé
avec sa morgue habituelle, lors d’une interview au Jerusalem Post.
Il explique également qu’il ne compte pas intervenir
dans le projet de construction de logements à Gilo. « Je ne pense pas
qu’il y ait quelque chose de nouveau. Nous planifions à Jérusalem, nous
construisons à Jérusalem, un point c’est tout, de la même façon que les
gouvernements israéliens l’ont fait depuis la fin de la guerre de
1967 », lorsque Israël a conquis puis annexé Jérusalem-Est, a-t-il
doctement expliqué. « Nous construisons dans les quartiers juifs, les
Arabes construisent dans les quartiers arabes, c’est comme cela que cela
marche dans cette ville », a-t-il insisté. Ce qui est un mensonge.
D’abord parce que les « Arabes » comme il dit, c’est-à-dire les
Palestiniens de Jérusalem-Est, ont surtout leurs maisons détruites,
voire occupées par des colons – comme dans le quartier de Sheikh Jarrah
–, et n’obtiennent que très rarement des permis de construire. De plus,
Gilo n’est pas un quartier de Jérusalem-Est, mais bien une colonie
d’implantation juive justement bâtie pour empêcher une continuité
territoriale palestinienne entre Jérusalem-Est et Bethléem.
Mais pourquoi Israël se gênerait-il ? Les États-Unis se
sont déclarés « profondément déçus », la France a parlé de
« provocation », et la Grande-Bretagne a demandé l’abandon du projet.
Mais aucun n’envisage des sanctions. L’Union européenne pourrait
pourtant, comme le suggère le PCF, suspendre ses accords d’association
avec Israël au lieu de soutenir une reprise des négociations sans
condition.
« Le premier ministre israélien affirme n’avoir aucune
condition préalable, mais par cette décision il crée des conditions
préalables sur le terrain. Il dit qu’il ne devrait pas y avoir de
mesures unilatérales, mais rien n’est plus unilatéral qu’une énorme
vague de construction de colonies sur la terre palestinienne », dénonce
le gouvernement palestinien.
Publié par l’Humanité