1er octobre 2011
Le quotidien britannique The
Independent révèle que le Congrès américain bloque depuis la
mi-août 192 millions de dollars (143 millions d'euros) d'aide
destinés aux Palestiniens, en représailles contre la décision du
président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de réclamer la
reconnaissance comme Etat par l'Onu et d'opérer une réconciliation
entre son mouvement, le Fatah, et le Hamas:
«Le gel des fonds, qui devaient normalement être versés durant l'année fiscale qui se termine aujourd'hui [le 1er octobre, ndlr], est le signe le plus tangible pour l'instant du sérieux des menaces proférées par les leaders du Congrès de coupes encore plus substantielles dans l'année qui vient si M. Abbas poursuit ses actions auprès des Nations unies.»
Les dirigeants palestiniens ont dénoncé
une décision «injustifiable», une «punition collective». «Il
est ironique d'être puni pour s'être rendu aux Nations unies», a
déclaré un porte-parole de l'Autorité palestinienne. Selon The
Independent, cette décision inquiète aussi au sein du gouvernement
israélien, l'ancien Premier ministre Ehud Barak jugeant par exemple
qu'elle menace la sécurité de son pays.
Dans un éditorial, le journal demande
que cette manœuvre du Congrès soit «mondialement condamnée» car
elle va affecter des «efforts vitaux pour bâtir un Etat» sur le
plan de l'aide alimentaire, de l'éducation, de la santé ou des
projets d'infrastructures. Il s'inquiète aussi, à un an de
l'élection présidentielle, de l'impact que le vote de la communauté
juive pourrait avoir sur l'attitude de Barack Obama envers le
Congrès.
Le 22 septembre, deux élus de haut
niveau de la Chambre des représentants, le chef de file des
républicains Eric Cantor et son homologue démocrate Steny Hoyer,
affirmaient dans une tribune au quotidien New York Daily News que le
Congrès ne resterait pas «passif» face aux initiatives de
l'Autorité palestinienne et qu'une demande de reconnaissance en tant
qu'Etat pourrait affecter l'aide financière débloquée par
Washington. Le lendemain, Mahmoud Abbas effectuait cette demande,
solution à laquelle les Etats-Unis préféreraient des négociations
directes avec Israël, comme l'a souligné son ambassadrice à l'Onu
Susan Rice:
«Quand tous les discours seront terminés aujourd'hui, nous devrons tous reconnaître que la seule voie vers la création d'un Etat passe par des négociations directes. Pas par des raccourcis.»