lundi 25 juillet 2011
Rien de plus dangereux pour Israël que des pacifistes, analyse fort justement Sindibad sur son site. Témoignage à l’appui de Salim, dans Politis.
Pourquoi le mouvement de solidarité avec la Palestine fait-il si peur à Israël ?
Deux évènements survenus début juillet constituent à mes yeux un tournant majeur dans la gestion de la question palestinienne par l’alliance droite-extrême droite au pouvoir en Israël :
Le gouvernement israélien a décidé de s’attaquer violemment aux pacifistes et militants de la cause palestinienne qui avaient décidé de se rendre par les airs en Cisjordanie et par la mer pour briser le blocus de Gaza.
La Knesset, le parlement israélien, a voté le 11 juillet une loi qui interdit et punit « toute personne qui lance, favorise ou publie des informations pouvant servir de base à l’instauration du boycott d’Israël ou des colonies juives en Cisjordanie occupée ou à Jérusalem-Est ».
Par ces deux décisions, les chefs de guerre israéliens désignent officiellement le mouvement pacifiste international et les actions non violentes contre l’occupation comme la nouvelle cible de la guerre israélienne.
En plus de la couverture médiatique inespérée dont il a bénéficié et qui a assuré une visibilité internationale au mouvement de solidarité avec la Palestine, ces évènements démontrent clairement que les actions menées depuis de nombreuses années par ces militants en Europe et dans le monde entier commencent enfin à porter leurs fruits : Le gouvernement israélien a désormais plus peur d’une retraitée de la Haute Garonne qui va, pacifiquement manifester, sa solidarité à Bethlehem que d’une roquette du Hamas tombant sur Sederot.
En légiférant contre le boycott et en accentuant la répression contre ces militants, Israël nous fournit la preuve que nos actions et nos manifestations sont non seulement légitimes, mais surtout efficaces.
Jamais les dirigeants israéliens ne s’étaient attaqués, jusqu’à présent, de manière aussi frontale au mouvement de solidarité et aux militants non violents. Le meurtre à Gaza en mars 2003 de Rachel Corrie a été présentée comme un malheureux accident. Le massacre des militants turcs de la flottille de liberté en mai 2010 par la marine israélienne n’était qu’une opération de « légitime défense » selon les militaires israéliens. Si la « Communauté internationale »[1] se charge à chaque fois d’assurer une impunité totale aux crimes israéliens, il en est autrement pour les peuples, très révoltés par cette impunité et l’injustice faite aux Palestiniens.
Jusqu’aux années 2000, les militants de la cause palestinienne se comptaient principalement dans les organisations de gauche et d’extrême gauche. Aujourd’hui, de plus en plus de gens simples s’engagent : retraités, étudiants, chômeurs, artisans, salariés, athées, croyants et laïques. Désormais, la Palestine est devenue une cause universelle.
Si « Le Vietnam a symbolisé la lutte d’un petit peuple du Tiers Monde contre la principale puissance du Nord ; l’Afrique du Sud a illustré la révolte contre un système ségrégationniste dominé par les blancs ; ultime survivance du « colonialisme de peuplement » européen, la Palestine cristallise les aspirations à un monde qui aura tourné la page de deux siècles de domination de l’occident ».[2]
Plus nos gouvernements se compromettent avec l’occupant, plus nos citoyens s’engagent pour l’occupé. Ainsi pour compenser la défaillance des « puissances occidentales » à faire respecter le droit et la justice dans cette partie du monde, en France, un formidable mouvement de solidarité a pris naissance au début de la seconde Intifada en 2001 et qui malgré ses divisions internes a réussi à s’enraciner durablement dans le paysage politique et associatif français. Il n’y a pratiquement pas une ville en France qui ne possède pas « son collectif » ou son association de solidarité avec la Palestine.
Pour ces militants comme l’explique si bien A. GRESH, la Palestine est le symbole « D’abord de la domination de l’Occident. Ensuite, d’une injustice persistance, marquée par une violation permanente du droit international. Enfin, d’une logique de « deux poids, deux mesures », appliquée par les Gouvernements, relayée par les Nations unies et théorisée par bon nombre d’intellectuels occidentaux. Au croisement de l’Orient et de l’Occident, du Sud et du Nord, la Palestine symbolise à la fois le monde ancien, marquée par l’hégémonie du Nord, et la gestation d’un monde nouveau fondé sur le principe de l’égalité entre les peuples. »
Ce mouvement ne fait que s’amplifier depuis dix ans et ce malgré les attaques, les intimidations et le chantage à l’antisémitisme régulièrement brandi par les défenseurs de l’occupation israélienne pour discréditer le mouvement de solidarité. Les actions en justice entamées régulièrement contre les militants de la cause par le puissant lobby pro-israélien avec le soutien actif du gouvernement français ainsi que les attaques violentes et les intimidations de sa milice fasciste la LDJ n’ont pas entamé la détermination des militants du mouvement. Chaque procès constitue une vitrine médiatique qui permet d’expliquer les raisons de l’appel au boycott et sa légitimité au regard du droit international.
Le harcèlement des militants de la cause palestinienne par les défenseurs de l’occupation israélienne semble même se retourner contre eux et contre les intérêts qu’ils défendent. Ces derniers temps, ils se sont ridiculisés en engageant des procès pour antisémitisme contre tous ceux qui osent bouger le doigt contre Israël comme le très respectable Stéphane HESSEL dont le succès en librairie les a faits plus qu’enrager. Même les Procureurs de la République commencent à en avoir marre qu’on les prenne pour des supplétifs du gouvernement israélien. Le jugement de la 17ème chambre correctionnelle de Paris qui relaxait Olivia ZEMOR, présidente d’Europalestine, est très exemplaire à cet égard. Il s’agissait ici d’une cuisante défaite pour le lobby de l’occupation israélienne composé d’une myriade d’associations, d’individus, d’intellectuels et de journalistes.
Jusqu’à cet été, Israël ne s’était jamais attaqué directement au mouvement de solidarité, laissant cette mission à ces agents qui, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, ont cherché pendant des années à museler et à étouffer l’action des militants en Europe et en France en particulier. Israël aussi puissant soit-il avec sa superbe armée, ses superbes agents secrets et superbe « hasbara » son agence de propagande, a particulièrement peur de ce mouvement et des conséquences des actions qu’il mène dans le monde notamment l’appel au boycott.
Israël a peur parce que tout son discours de propagande qui est basé sur un seul terme : « Sécurité », ne fait plus recette. Comment « se défendre » contre des gens qui prônent la non violence comme seule arme ? Il est beaucoup plus facile pour Israël de justifier aux yeux du monde ses crimes et sa répression quand les bombes humaines du désespoir palestinien sautent dans les bus de Tel-Aviv que quand ses soldats attaquent et tuent les militants pacifiques de la paix. Quand les bombes sautent, une épaisse fumée envahit et couvre tout le champ de la vision et de la pensée de sorte qu’on ne voit et qu’on ne pense qu’aux victimes. Mais quand la fumée se dissipe, on s’aperçoit que l’occupation, la répression, les humiliations, les arrestations, les destructions et les confiscations de terre sont toujours là, bref une réalité insupportable toujours présente et qui perdure depuis plus de 60 ans. Cette réalité là, Israël et ses sbires ne peuvent plus la dissimuler aux yeux du monde.
Le mouvement de solidarité fait peur car il met à nu Israël et même les fondements de l’Etat d’Israël. Israël ne veut pas d’un Etat Palestinien, il ne veut pas de l’initiative arabe (les territoires contre la paix), il ne veut pas évacuer les territoires et continue les colonisations, il se dit démocratique mais refuse toute forme de contestation de sa politique y compris la résistance pacifique. Que veut donc Israël ?
Le mouvement de solidarité est fondamentalement non violent et pacifique. En cela, il met donc à nu Israël car cet Etat est fondé sur le sentiment de peur diffusé, infusé et distillé à des générations d’israéliens depuis plus de 60 ans. La peur de disparaître est le seul liant qui cimente une société israélienne très hétéroclite. Sans la peur, Israël implose. Israël a donc besoin d’un ennemi crédible qui fait vraiment peur. Un ennemi qui fait particulièrement défaut aujourd’hui, même l’iranien Ahmadinjad ne fait plus parler de lui, les palestiniens n’ont plus recours ou alors très épisodiquement et de façon marginale aux armes contre l’occupant, le HAMAS et le Fatah qui se réconcilient et qui acceptent de facto un état Palestinien sur 22 % de la Palestine historique : Inacceptable ! Un vrai Tsunami pour Israël selon les termes utilisés par les médias israéliens. De quoi a donc peur Israël ? Qui menace la sécurité d’Israël aujourd’hui ?
Les pacifistes du mouvement de solidarité évidement ? Le premier ministre Israélien NETANYAHOU n’a-t-il pas déclaré à propos des flottilles humanitaires se dirigeant vers Gaza ou les territoires occupés que celle-ci refusaient à Israël le droit d’exister et donc menaçaient sa sécurité. Israël s’est couvert de ridicule aux yeux du monde entier en envoyant une armada de navires et d’embarcations arraisonner un petit bateau dont l’équipage avait comme seules armes des téléphones portables et des ordinateurs ; où quand le premier ministre envoie des centaines de soldats à l’aéroport de Tel-Aviv pour arrêter des militants pacifiques qui voulaient juste démontrer au monde entier que même la Cisjordanie vit sous blocus puisqu’on ne peut y pénétrer que sous contrôle de l’armée israélienne.
Par ces actions, le gouvernement israélien envoie un message clair aux Palestiniens : la seule résistance qu’il tolère est la résistance violente !!
En légiférant contre le boycott, Israël reconnaît implicitement l’efficacité des campagnes lancées en Palestine et dans le monde entier, mais en même temps, cet état dévoile sa vraie nature : Israël n’est pas un état démocratique. Ce n’est pas une surprise, nous le savions déjà, car un état qui se dit hébreu et dont la démocratie ne bénéficie qu’aux juifs est tout sauf un état démocratique. La nouveauté est que cette législation vise surtout à intimider les mouvements de solidarité portés par des citoyens juifs et arabes à l’intérieur même de la société israélienne. Pour Jonathan Cook, il s’agit d’un « Tournant décisif dans l’assaut contre les droits civiques »[3], pour deux raisons :
« D’abord, elle fait sauter la clef de voûte de tout système démocratique : le droit à la liberté d’expression. D’après la nouvelle loi, il est illégal pour les Israéliens et les Palestiniens de préconiser un programme politique non violent - le boycott - pour contrer la montée en puissance d’un demi-million de colons juifs vivant sur les terres palestiniennes volées. Comme le fait remarquer le commentateur israélien Gideon Levy, les vannes sont maintenant ouvertes : « Demain on interdira les appels à la fin de l’occupation ou [en faveur] de la fraternité entre juifs et Arabes. ».
Ce qui est également préoccupant est que la loi institue un nouveau type d’infraction, à savoir civile plutôt que criminelle. L’État n’entamera pas d’actions en justice. Au lieu de cela, l’application de la loi sera confiée aux colons et à leurs avocats. Tout qui soutient le boycott peut être poursuivi en dommages et intérêts par les colons eux-mêmes qui - chose à nouveau unique - n’ont pas besoin de prouver les dommages qu’ils auraient subis. »
Face à cette dérive fascisante d’un état colonial, je ne peux en tant que militant pacifiste pour une paix juste au Proche Orient que constater que le mouvement de solidarité a bien eu raison d’appeler au boycott d’Israël. Les actions non violentes entamées en France et dans beaucoup de pays du monde ont démontré leur efficacité. Sans le Boycott, les noirs de l’Afrique du Sud vivraient encore sous l’apartheid et la domination des blancs.
Nous ne devons pas douter de la légitimité de notre combat. Nous ne nous laisserons pas intimider par les agents français de la Hasbara (propagande) israélienne. Ils nous attaquent parce qu’ils savent que nous avons fait le bon choix. A ceux qui doutent encore, je me permets de citer Ahmed Tibi, le député arabe israélien qui contre la loi israélienne s’interroge :
« Qu’est ce qu’un militant de la paix ou un Palestinien a l’autorisation de faire pour s’opposer à l’occupation ? »[4]
En France, je vous pose la même question !!
Sindibad
www.sindibad.net
[1] Par ce terme, nous désignons l’UE, l’Amérique et l’OTAN
[2] Alain GRESH « De quoi la Palestine est-elle le nom ?
[3] www.jkcook.net
http://www.europalestine.com/spip.p...
[4] ibid
Opération Bienvenue Palestine : « Nous sommes venus en paix, cela les a terrorisés »
Par Erwan Manac’h
Après quatre jours d’incarcération en Israël, les militants français de l’opération Bienvenue Palestine ont été expulsés en début de semaine dernière. Salim, 33 ans, raconte à Politis.fr sa surprise et sa déception à l’arrivée à Tel Aviv. Récit.
Il voulait découvrir Israël et la Palestine, rencontrer les cultures et sonder les espoirs : Salim B., dépanneur informatique de 33 ans et « citoyen du monde », a pris part à l’opération Bienvenue Palestine. Avec des centaines de militants pacifistes, il devait rallier Bethléem, via Tel Aviv, par les airs, au départ des aéroports européens, jeudi 7 juillet. Il raconte une expérience « traumatisante », qui a fait de lui, plus que jamais, « un militant pour la paix ».
« À notre atterrissage à l’aéroport de Ben Gourion de Tel Aviv, l’avion a été encerclé par environ 200 militaires, sur un coin reculé du tarmac. Mesures visiblement exceptionnelles, le commandant de bord nous a appelés un par un, pour nous faire sortir sous une escorte impressionnante et confuse. Les Européens et les Israéliens ont été séparés, nos passeports ont été récupérés.
Nous sommes passés un par un devant le guichet délivrant les visas, sous l’œil de deux caméras et des nombreux caméscopes que les militaires pointaient sur nous. Les effectifs policiers étaient impressionnants. J’ai expliqué que je souhaitais visiter Israël et la Palestine, découvrir les cultures et faire des rencontres. On était attendu pour un échange avec des habitants de Bethléem. Le dialogue a été bref, le douanier intangible souhaitait surtout savoir si j’avais l’intention de me rendre en Palestine. L’accès au territoire israélien m’a finalement été refusé, car j’avais selon eux « l’intention de commettre des troubles ».
On a été conduit en détention à bord d’un fourgon cellulaire vendredi 8 juillet au soir. Il s’agissait théoriquement de « rétention » mais nous étions clairement en prison avec seulement une heure environ de promenade deux fois par jour. Il y avait entre 6 et 10 personnes par cellule. Aucune visite médicale, aucun coup de téléphone ne nous ont été accordés. Nos familles sont restées sans nouvelles pendant plus de trois jours. Nous sentions beaucoup de haine dans le regard des gardiens.
Avec une quinzaine de ressortissants français, arrivés d’ailleurs et parfois sans rapport avec l’opération Bienvenue Palestine, nous avons été reçus par la consul de France. Son attitude nous a glacé. Elle était sur la défensive et nous estimait responsable de la situation. Nous avons été traités comme des sous-citoyens.
Nous n’avons jamais réussi a obtenir un document précisant les motifs du refus d’admission sur le territoire israélien. Nous souhaitions refuser de signer le formulaire d’expulsion, car nous voulions être présentés devant un représentant du ministère de l’Intérieur, comme c’est habituellement la procédure, pour l’obliger à statuer et motiver son refus. Il devait aussi nous entendre et transcrire nos propos dans son rapport. Mais aucun formulaire ne nous a été présenté, personne n’est venu nous écouter. Nous sommes tombés sur une loi d’exception et les procédures israéliennes n’ont pas été respectées. Nous avons été renvoyés vers l’Europe lundi 11 juillet, pieds et poings menottés dans le fourgon qui nous menait à l’aéroport.
Sur le plan du droit international, il n’existe officiellement aucun blocus sur la Cisjordanie ; pourtant, nous nous apercevons de la paranoïa des autorités israéliennes. Elles mènent un blocus illégal jusque dans les aéroports européens. Il est logique, vu le contexte, que les contrôles soient renforcés aux frontières, mais il y a une différence avec la procédure discriminatoire et excessive que nous avons subi. Même la cinquantaine de personnes venue nous soutenir à la sortie de l’aéroport a été embarquée.
Nous ne sommes pas antisémites, seulement des militants pour la paix et les droits humains. Nous sommes contre le colonialisme, quelle que soit la région du globe qui est concernée. Nous avons pourtant été traités comme des terroristes avec des méthodes policières. Nous sommes venus en paix et cette idée les a terrorisés. »
http://www.politis.fr/_Erwan-Manac-h,362_.html
CAPJPO-EuroPalestine
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Deux évènements survenus début juillet constituent à mes yeux un tournant majeur dans la gestion de la question palestinienne par l’alliance droite-extrême droite au pouvoir en Israël :
Le gouvernement israélien a décidé de s’attaquer violemment aux pacifistes et militants de la cause palestinienne qui avaient décidé de se rendre par les airs en Cisjordanie et par la mer pour briser le blocus de Gaza.
La Knesset, le parlement israélien, a voté le 11 juillet une loi qui interdit et punit « toute personne qui lance, favorise ou publie des informations pouvant servir de base à l’instauration du boycott d’Israël ou des colonies juives en Cisjordanie occupée ou à Jérusalem-Est ».
Par ces deux décisions, les chefs de guerre israéliens désignent officiellement le mouvement pacifiste international et les actions non violentes contre l’occupation comme la nouvelle cible de la guerre israélienne.
En plus de la couverture médiatique inespérée dont il a bénéficié et qui a assuré une visibilité internationale au mouvement de solidarité avec la Palestine, ces évènements démontrent clairement que les actions menées depuis de nombreuses années par ces militants en Europe et dans le monde entier commencent enfin à porter leurs fruits : Le gouvernement israélien a désormais plus peur d’une retraitée de la Haute Garonne qui va, pacifiquement manifester, sa solidarité à Bethlehem que d’une roquette du Hamas tombant sur Sederot.
En légiférant contre le boycott et en accentuant la répression contre ces militants, Israël nous fournit la preuve que nos actions et nos manifestations sont non seulement légitimes, mais surtout efficaces.
Jamais les dirigeants israéliens ne s’étaient attaqués, jusqu’à présent, de manière aussi frontale au mouvement de solidarité et aux militants non violents. Le meurtre à Gaza en mars 2003 de Rachel Corrie a été présentée comme un malheureux accident. Le massacre des militants turcs de la flottille de liberté en mai 2010 par la marine israélienne n’était qu’une opération de « légitime défense » selon les militaires israéliens. Si la « Communauté internationale »[1] se charge à chaque fois d’assurer une impunité totale aux crimes israéliens, il en est autrement pour les peuples, très révoltés par cette impunité et l’injustice faite aux Palestiniens.
Jusqu’aux années 2000, les militants de la cause palestinienne se comptaient principalement dans les organisations de gauche et d’extrême gauche. Aujourd’hui, de plus en plus de gens simples s’engagent : retraités, étudiants, chômeurs, artisans, salariés, athées, croyants et laïques. Désormais, la Palestine est devenue une cause universelle.
Si « Le Vietnam a symbolisé la lutte d’un petit peuple du Tiers Monde contre la principale puissance du Nord ; l’Afrique du Sud a illustré la révolte contre un système ségrégationniste dominé par les blancs ; ultime survivance du « colonialisme de peuplement » européen, la Palestine cristallise les aspirations à un monde qui aura tourné la page de deux siècles de domination de l’occident ».[2]
Plus nos gouvernements se compromettent avec l’occupant, plus nos citoyens s’engagent pour l’occupé. Ainsi pour compenser la défaillance des « puissances occidentales » à faire respecter le droit et la justice dans cette partie du monde, en France, un formidable mouvement de solidarité a pris naissance au début de la seconde Intifada en 2001 et qui malgré ses divisions internes a réussi à s’enraciner durablement dans le paysage politique et associatif français. Il n’y a pratiquement pas une ville en France qui ne possède pas « son collectif » ou son association de solidarité avec la Palestine.
Pour ces militants comme l’explique si bien A. GRESH, la Palestine est le symbole « D’abord de la domination de l’Occident. Ensuite, d’une injustice persistance, marquée par une violation permanente du droit international. Enfin, d’une logique de « deux poids, deux mesures », appliquée par les Gouvernements, relayée par les Nations unies et théorisée par bon nombre d’intellectuels occidentaux. Au croisement de l’Orient et de l’Occident, du Sud et du Nord, la Palestine symbolise à la fois le monde ancien, marquée par l’hégémonie du Nord, et la gestation d’un monde nouveau fondé sur le principe de l’égalité entre les peuples. »
Ce mouvement ne fait que s’amplifier depuis dix ans et ce malgré les attaques, les intimidations et le chantage à l’antisémitisme régulièrement brandi par les défenseurs de l’occupation israélienne pour discréditer le mouvement de solidarité. Les actions en justice entamées régulièrement contre les militants de la cause par le puissant lobby pro-israélien avec le soutien actif du gouvernement français ainsi que les attaques violentes et les intimidations de sa milice fasciste la LDJ n’ont pas entamé la détermination des militants du mouvement. Chaque procès constitue une vitrine médiatique qui permet d’expliquer les raisons de l’appel au boycott et sa légitimité au regard du droit international.
Le harcèlement des militants de la cause palestinienne par les défenseurs de l’occupation israélienne semble même se retourner contre eux et contre les intérêts qu’ils défendent. Ces derniers temps, ils se sont ridiculisés en engageant des procès pour antisémitisme contre tous ceux qui osent bouger le doigt contre Israël comme le très respectable Stéphane HESSEL dont le succès en librairie les a faits plus qu’enrager. Même les Procureurs de la République commencent à en avoir marre qu’on les prenne pour des supplétifs du gouvernement israélien. Le jugement de la 17ème chambre correctionnelle de Paris qui relaxait Olivia ZEMOR, présidente d’Europalestine, est très exemplaire à cet égard. Il s’agissait ici d’une cuisante défaite pour le lobby de l’occupation israélienne composé d’une myriade d’associations, d’individus, d’intellectuels et de journalistes.
Jusqu’à cet été, Israël ne s’était jamais attaqué directement au mouvement de solidarité, laissant cette mission à ces agents qui, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, ont cherché pendant des années à museler et à étouffer l’action des militants en Europe et en France en particulier. Israël aussi puissant soit-il avec sa superbe armée, ses superbes agents secrets et superbe « hasbara » son agence de propagande, a particulièrement peur de ce mouvement et des conséquences des actions qu’il mène dans le monde notamment l’appel au boycott.
Israël a peur parce que tout son discours de propagande qui est basé sur un seul terme : « Sécurité », ne fait plus recette. Comment « se défendre » contre des gens qui prônent la non violence comme seule arme ? Il est beaucoup plus facile pour Israël de justifier aux yeux du monde ses crimes et sa répression quand les bombes humaines du désespoir palestinien sautent dans les bus de Tel-Aviv que quand ses soldats attaquent et tuent les militants pacifiques de la paix. Quand les bombes sautent, une épaisse fumée envahit et couvre tout le champ de la vision et de la pensée de sorte qu’on ne voit et qu’on ne pense qu’aux victimes. Mais quand la fumée se dissipe, on s’aperçoit que l’occupation, la répression, les humiliations, les arrestations, les destructions et les confiscations de terre sont toujours là, bref une réalité insupportable toujours présente et qui perdure depuis plus de 60 ans. Cette réalité là, Israël et ses sbires ne peuvent plus la dissimuler aux yeux du monde.
Le mouvement de solidarité fait peur car il met à nu Israël et même les fondements de l’Etat d’Israël. Israël ne veut pas d’un Etat Palestinien, il ne veut pas de l’initiative arabe (les territoires contre la paix), il ne veut pas évacuer les territoires et continue les colonisations, il se dit démocratique mais refuse toute forme de contestation de sa politique y compris la résistance pacifique. Que veut donc Israël ?
Le mouvement de solidarité est fondamentalement non violent et pacifique. En cela, il met donc à nu Israël car cet Etat est fondé sur le sentiment de peur diffusé, infusé et distillé à des générations d’israéliens depuis plus de 60 ans. La peur de disparaître est le seul liant qui cimente une société israélienne très hétéroclite. Sans la peur, Israël implose. Israël a donc besoin d’un ennemi crédible qui fait vraiment peur. Un ennemi qui fait particulièrement défaut aujourd’hui, même l’iranien Ahmadinjad ne fait plus parler de lui, les palestiniens n’ont plus recours ou alors très épisodiquement et de façon marginale aux armes contre l’occupant, le HAMAS et le Fatah qui se réconcilient et qui acceptent de facto un état Palestinien sur 22 % de la Palestine historique : Inacceptable ! Un vrai Tsunami pour Israël selon les termes utilisés par les médias israéliens. De quoi a donc peur Israël ? Qui menace la sécurité d’Israël aujourd’hui ?
Les pacifistes du mouvement de solidarité évidement ? Le premier ministre Israélien NETANYAHOU n’a-t-il pas déclaré à propos des flottilles humanitaires se dirigeant vers Gaza ou les territoires occupés que celle-ci refusaient à Israël le droit d’exister et donc menaçaient sa sécurité. Israël s’est couvert de ridicule aux yeux du monde entier en envoyant une armada de navires et d’embarcations arraisonner un petit bateau dont l’équipage avait comme seules armes des téléphones portables et des ordinateurs ; où quand le premier ministre envoie des centaines de soldats à l’aéroport de Tel-Aviv pour arrêter des militants pacifiques qui voulaient juste démontrer au monde entier que même la Cisjordanie vit sous blocus puisqu’on ne peut y pénétrer que sous contrôle de l’armée israélienne.
Par ces actions, le gouvernement israélien envoie un message clair aux Palestiniens : la seule résistance qu’il tolère est la résistance violente !!
En légiférant contre le boycott, Israël reconnaît implicitement l’efficacité des campagnes lancées en Palestine et dans le monde entier, mais en même temps, cet état dévoile sa vraie nature : Israël n’est pas un état démocratique. Ce n’est pas une surprise, nous le savions déjà, car un état qui se dit hébreu et dont la démocratie ne bénéficie qu’aux juifs est tout sauf un état démocratique. La nouveauté est que cette législation vise surtout à intimider les mouvements de solidarité portés par des citoyens juifs et arabes à l’intérieur même de la société israélienne. Pour Jonathan Cook, il s’agit d’un « Tournant décisif dans l’assaut contre les droits civiques »[3], pour deux raisons :
« D’abord, elle fait sauter la clef de voûte de tout système démocratique : le droit à la liberté d’expression. D’après la nouvelle loi, il est illégal pour les Israéliens et les Palestiniens de préconiser un programme politique non violent - le boycott - pour contrer la montée en puissance d’un demi-million de colons juifs vivant sur les terres palestiniennes volées. Comme le fait remarquer le commentateur israélien Gideon Levy, les vannes sont maintenant ouvertes : « Demain on interdira les appels à la fin de l’occupation ou [en faveur] de la fraternité entre juifs et Arabes. ».
Ce qui est également préoccupant est que la loi institue un nouveau type d’infraction, à savoir civile plutôt que criminelle. L’État n’entamera pas d’actions en justice. Au lieu de cela, l’application de la loi sera confiée aux colons et à leurs avocats. Tout qui soutient le boycott peut être poursuivi en dommages et intérêts par les colons eux-mêmes qui - chose à nouveau unique - n’ont pas besoin de prouver les dommages qu’ils auraient subis. »
Face à cette dérive fascisante d’un état colonial, je ne peux en tant que militant pacifiste pour une paix juste au Proche Orient que constater que le mouvement de solidarité a bien eu raison d’appeler au boycott d’Israël. Les actions non violentes entamées en France et dans beaucoup de pays du monde ont démontré leur efficacité. Sans le Boycott, les noirs de l’Afrique du Sud vivraient encore sous l’apartheid et la domination des blancs.
Nous ne devons pas douter de la légitimité de notre combat. Nous ne nous laisserons pas intimider par les agents français de la Hasbara (propagande) israélienne. Ils nous attaquent parce qu’ils savent que nous avons fait le bon choix. A ceux qui doutent encore, je me permets de citer Ahmed Tibi, le député arabe israélien qui contre la loi israélienne s’interroge :
« Qu’est ce qu’un militant de la paix ou un Palestinien a l’autorisation de faire pour s’opposer à l’occupation ? »[4]
En France, je vous pose la même question !!
Sindibad
www.sindibad.net
[1] Par ce terme, nous désignons l’UE, l’Amérique et l’OTAN
[2] Alain GRESH « De quoi la Palestine est-elle le nom ?
[3] www.jkcook.net
http://www.europalestine.com/spip.p...
[4] ibid
Opération Bienvenue Palestine : « Nous sommes venus en paix, cela les a terrorisés »
Par Erwan Manac’h
Après quatre jours d’incarcération en Israël, les militants français de l’opération Bienvenue Palestine ont été expulsés en début de semaine dernière. Salim, 33 ans, raconte à Politis.fr sa surprise et sa déception à l’arrivée à Tel Aviv. Récit.
Il voulait découvrir Israël et la Palestine, rencontrer les cultures et sonder les espoirs : Salim B., dépanneur informatique de 33 ans et « citoyen du monde », a pris part à l’opération Bienvenue Palestine. Avec des centaines de militants pacifistes, il devait rallier Bethléem, via Tel Aviv, par les airs, au départ des aéroports européens, jeudi 7 juillet. Il raconte une expérience « traumatisante », qui a fait de lui, plus que jamais, « un militant pour la paix ».
« À notre atterrissage à l’aéroport de Ben Gourion de Tel Aviv, l’avion a été encerclé par environ 200 militaires, sur un coin reculé du tarmac. Mesures visiblement exceptionnelles, le commandant de bord nous a appelés un par un, pour nous faire sortir sous une escorte impressionnante et confuse. Les Européens et les Israéliens ont été séparés, nos passeports ont été récupérés.
Nous sommes passés un par un devant le guichet délivrant les visas, sous l’œil de deux caméras et des nombreux caméscopes que les militaires pointaient sur nous. Les effectifs policiers étaient impressionnants. J’ai expliqué que je souhaitais visiter Israël et la Palestine, découvrir les cultures et faire des rencontres. On était attendu pour un échange avec des habitants de Bethléem. Le dialogue a été bref, le douanier intangible souhaitait surtout savoir si j’avais l’intention de me rendre en Palestine. L’accès au territoire israélien m’a finalement été refusé, car j’avais selon eux « l’intention de commettre des troubles ».
On a été conduit en détention à bord d’un fourgon cellulaire vendredi 8 juillet au soir. Il s’agissait théoriquement de « rétention » mais nous étions clairement en prison avec seulement une heure environ de promenade deux fois par jour. Il y avait entre 6 et 10 personnes par cellule. Aucune visite médicale, aucun coup de téléphone ne nous ont été accordés. Nos familles sont restées sans nouvelles pendant plus de trois jours. Nous sentions beaucoup de haine dans le regard des gardiens.
Avec une quinzaine de ressortissants français, arrivés d’ailleurs et parfois sans rapport avec l’opération Bienvenue Palestine, nous avons été reçus par la consul de France. Son attitude nous a glacé. Elle était sur la défensive et nous estimait responsable de la situation. Nous avons été traités comme des sous-citoyens.
Nous n’avons jamais réussi a obtenir un document précisant les motifs du refus d’admission sur le territoire israélien. Nous souhaitions refuser de signer le formulaire d’expulsion, car nous voulions être présentés devant un représentant du ministère de l’Intérieur, comme c’est habituellement la procédure, pour l’obliger à statuer et motiver son refus. Il devait aussi nous entendre et transcrire nos propos dans son rapport. Mais aucun formulaire ne nous a été présenté, personne n’est venu nous écouter. Nous sommes tombés sur une loi d’exception et les procédures israéliennes n’ont pas été respectées. Nous avons été renvoyés vers l’Europe lundi 11 juillet, pieds et poings menottés dans le fourgon qui nous menait à l’aéroport.
Sur le plan du droit international, il n’existe officiellement aucun blocus sur la Cisjordanie ; pourtant, nous nous apercevons de la paranoïa des autorités israéliennes. Elles mènent un blocus illégal jusque dans les aéroports européens. Il est logique, vu le contexte, que les contrôles soient renforcés aux frontières, mais il y a une différence avec la procédure discriminatoire et excessive que nous avons subi. Même la cinquantaine de personnes venue nous soutenir à la sortie de l’aéroport a été embarquée.
Nous ne sommes pas antisémites, seulement des militants pour la paix et les droits humains. Nous sommes contre le colonialisme, quelle que soit la région du globe qui est concernée. Nous avons pourtant été traités comme des terroristes avec des méthodes policières. Nous sommes venus en paix et cette idée les a terrorisés. »
http://www.politis.fr/_Erwan-Manac-h,362_.html
CAPJPO-EuroPalestine
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