Comme un affreux retour de l’histoire, cette fin de mois de septembre marque une nouvelle fois la fin d’un espoir pour les Palestiniens. Le 28 septembre 2000, ce fut l’incursion d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées qui provoqua la deuxième Intifadha. Le 28 septembre 2010, Netanyahu ordonne aux colons de reprendre les chantiers sauvages en Cisjordanie. En dix ans, Israël n’a strictement rien cédé aux Palestiniens. Bien au contraire. Ses dirigeants successifs ont trouvé en Mahmoud Abbas un homme tout à fait lisse qu’ils peuvent envoyer «balader» quand ils le veulent et convoquer pour des simulacres de négociations quand ils le désirent. A l’arrivée, que de temps perdu pour la cause !
Hier encore, les Etats-Unis, qui couvrent systématiquement toutes les outrances, les arrogances et les provocations de leur allié éternel, se lamentaient de la fin du moratoire en versant des larmes de crocodile. Washington, qui peut «corriger» n’importe quel autre dirigeant du monde, y compris l’ours blanc du Kremlin, peine à faire entendre raison à Netanyahu. Ce n’est bien sûr pas une question de pouvoir face à un petit pays d’à peine 7 millions d’habitants. C’est surtout une affaire de volonté. Les Etats-Unis, dont le rapport fusionnel avec Israël passe pour être l’une des rares invariables de leur politique étrangère, ne veulent point forcer la main à leurs alliés, assez souvent encombrants. Forts de ce parapluie et de ce bouclier anti-attaques diplomatiques, les dirigeants israéliens bombent logiquement le torse.
Leur arrogance face au droit international, à la charte des Nations unies, voire au simple bon sens, est proportionnelle à l’incroyable impunité que leur assure le cow-boy américain, qu’il soit coiffé du chapeau républicain ou de celui du démocrate. Faut-il alors s’étonner de ce que ces soi-disant négociations, directes ou indirectes, orchestrées par les Etats-Unis qui ont forcé la main à Abbas, échouer aussi lamentablement ? Non bien sûr. Tout se passe comme si, à un moment donné, Israël, poussé par une pression internationale, consentait à jouer la même pièce de mauvais goût pour amuser, quelque temps, la galerie onusienne. Mais dès que les choses deviennent un peu sérieuses et engageantes, on baisse rideau et on siffle la fin du spectacle.
Voilà, poussés jusqu’à la caricature, la conception et l’objectif assigné à cette imposture de négociation. Au final, le couple israélo-américain participe — sans le vouloir peut-être — à discréditer davantage un Mahmoud Abbas qui passe pour un «traître» à la cause aux yeux des autres factions palestiniennes et de la rue arabe. Pour s’être prêté allègrement à ce jeu de «poignée de main» avec Netanyahu sans lendemain, le président de l’Autorité chancelante de la seule Cisjordanie participe, à son corps défendant, à la mystification israélo-américaine. Désormais, Israéliens et Américains le connaissent parfaitement. Ils connaissent ses points faibles.
Hier, 87 des 100 sénateurs ont demandé à Barack Obama de tout faire pour convaincre Mahmoud Abbas de ne pas quitter les négociations de paix ! Mais n’aurait-il pas fallu demander — plutôt ordonner — à Netanyahu de stopper net la colonisation puisque c’est lui qui a provoqué la suspension des négociations ? Les sénateurs américains, qui ne peuvent se permettre une indélicatesse envers l’allié israélien, savent bien que Abbas ne peut rien refuser à l’Oncle Sam. C’est pourquoi ce feuilleton à faux suspense va encore hanter nos écrans, avec sans doute les mêmes acteurs et les même actants. Et Abbas comme intermittent du spectacle. Hassan Moali