Abdel-Moneim Saïd
Cela après la politique internationale de George Bush et des néo-conservateurs aux Etats-Unis qui a entraîné la planète dans un état de crise et de tension et multiplié la violence et la contre-violence entre les différentes sociétés et à l’intérieur de chacune d’elles. La politique de Bush a attisé le conflit entre les cultures et a consacré la division au sein des coalitions historiques. La question qui se pose actuellement est de savoir s’il existe un lien entre ces différents événements, depuis la décision des Etats-Unis d’annuler son projet de bouclier antimissile qu’ils tentaient à installer en Pologne et en République tchèque et l’amorce des pourparlers du Moyen-Orient par la réunion tripartite tenue par Barack Obama avec Netanyahu et Abbass à New York. Viennent s’ajouter les négociations entre Washington et Téhéran sur les possibilités de la possession par l’Iran de l’arme nucléaire et la situation américaine en Iraq, en Afghanistan et au Pakistan et enfin la défaite de Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture, aux élections de l’Unesco et le succès de la candidate bulgare.
Tous ces événements ne doivent pas être conçus séparément, car ils coexistent tous dans un monde formulé par l’administration de George Bush. Cette dernière qui a imposé un déni planétaire des problèmes urgents du Moyen-Orient. Cette même administration estimait en effet qu’il existait des conflits et des causes dans l’Histoire qui ne connaissaient pas de solutions, à l’instar du conflit arabo-israélien. Dans ce même ordre d’idées, elle a vu que la Russie n’était pas un nouveau-né de l’ordre mondial de la fin de la guerre froide, mais qu’elle est le prolongement de l’Union soviétique sous d’autres formules ou encore de l’Empire russe sous de nouvelles formes. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui au centre de l’Europe imaginent que cela est vrai.
Cette même administration a fait de Téhéran, après l’Iraq et l’Afghanistan, un objectif pour donner naissance à un autre monde, dans lequel les pays arabes et musulmans subiront un changement semblable à celui de l’Est de l’Europe et certains pays d’Asie et de l’Amérique du Sud. Chaque ordre mondial est régi par une certaine théorie. Et l’ordre, qui a sévi tout au long des dernières années, était régi et orienté par la célèbre théorie du conflit des civilisations et peu importe si le monde l’acceptait ou non. Pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, nous devons à notre tour faire le lien entre les différents événements. Pour résumer, nous dirons que ce qui se passe actuellement est une tentative des Etats-Unis de créer un nouvel ordre fait de superpuissances mondiales influentes, non pas uniquement pour diriger le monde mais également pour résoudre ses problèmes incurables depuis la crise économique jusqu’au dossier du Moyen-Orient. Il y a toujours une nouveauté qui apparaît. Mais puisque les Etats-Unis ne peuvent ni gouverner le monde ni organiser son économie, il est donc indispensable de mettre en place un bloc de forces dont l’ambition et les capacités sont suffisamment puissantes pour stabiliser le monde d’une part et régler ses litiges d’autre part. Mais n’était-ce pas là l’objectif des fondateurs des Nations-Unies lorsqu’ils ont accordé le droit de veto à 5 Etats uniquement ? Si nous retrouvons dans le monde d’aujourd’hui de nouvelles forces comme le Japon, l’Allemagne, le Brésil et l’Inde, pourquoi n’adhèrent-elles pas tous au club des grands sous de nouveaux regroupements, tels que le G20 ?
Le premier pas dans la mise en place du système commence toujours par le changement de pensée. L’administration Obama ne prend pas de positions unilatérales à l’encontre de celle de Bush dans les dossiers internationaux, mais elle a tendance à opter pour le multilatéralisme et œuvre toujours pour les concertations mondiales. Ceci s’est manifestement révélé pendant les réunions de la dernière Assemblée générale de l’Onu. Pour que le changement ne soit pas des mots creux, il faut qu’il soit suivi par des actes concrets, comme le fait d’annexer la Russie à la coalition internationale occidentale pour éviter qu’elle ne soit à l’origine de l’échec des efforts internationaux. L’incarnation de cette étape serait de mettre un terme au programme de boucliers antimissiles, car sa persistance prouve que la Russie fait toujours partie du camp des adversaires et non pas des amis.
Quels que soient les prétextes avancés, il n’en demeure pas moins que l’objectif essentiel est d’attirer la Russie et de l’intégrer au nouvel ordre en tant qu’allié et ami.
La décision américaine de rectifier le tir à l’égard de Moscou prépare le terrain à un dialogue stratégique entre les Etats-Unis et la Russie et à un rapprochement des points de vue. Ce qui contribuerait certes à sauvegarder la stabilité et la sécurité mondiale. D’ailleurs, l’administration Obama a besoin du soutien russe pour acheminer les aides vers l’Afghanistan, surtout avec les difficultés qu’affrontent les Etats-Unis en Afghanistan.
Un tel dialogue ira jusqu’à attirer Moscou à se ranger sur la position occidentale concernant la question du nucléaire iranien. Les Etats-Unis revendiquent vraisemblablement l’annulation de la vente des missiles S-300 antiaériens à Téhéran. Le déploiement de ces missiles dans l’océan des installations nucléaires iraniennes peut apporter de la protection à ces stations.
La stratégie d’Obama ne consiste pas uniquuement à attirer la Russie contre l’Iran ou à régler le problème de l’Afghanistan, mais elle se prolonge aussi à l’Iraq et à la paix au Moyen-Orient. L’important pour Washington est d’être le chef d’orchestre d’un groupe composé de musiciens talentueux et performants.
publié par al-Ahram hebdo en français