jeudi 1 octobre 2009

Ingrid, Gilad, Roman…..et Salah, et Salah, et Salah !

publié le mercredi 30 septembre 2009

Brahim Senouci
Une candidate colombienne ; Un tankiste israélien ; Un cinéaste polonais... Fançais aussi, ils bénéficient du soutien de la machine politico-économico-diplomatique de la France. Salah Hamouri lui est français, rien d’autre que français. Pourtant la machine politico-économico-diplomatique de la France exige de lui qu’il demande pardon pour un crime imaginaire.

Une candidate colombienne à l’élection présidentielle en Colombie est prise en otage par les FARC. Par bonheur, elle a aussi la nationalité française. Elle bénéficie ainsi du soutien de la machine politico-économico-diplomatique de la France ; fort heureusement, elle est libre aujourd’hui. Elle le doit en grande partie à cette machine.

Un tankiste israélien est capturé par des résistants palestiniens. Ce qui serait considéré comme un fait d’armes sous toutes les latitudes est appelé prise d’otage quand il s’agit d’un ressortissant israélien. Sa nationalité lui donne droit à l’extrême mansuétude de la France ; qui plus est, il se trouve qu’on découvre qu’il a aussi la nationalité française. Il est toujours prisonnier, au grand dam de la machine politico-économico-diplomatique de la France. Le Hamas ne comprend pas qu’il doit libérer son gentil prisonnier qui n’a pas réussi, pauvre enfant, à prendre part aux agapes organisées par son armée entre le 20 décembre 2008 et le 19 janvier 2009.

Un grand cinéaste polonais, convaincu de viol qualifié sur une mineure il y a plus de trente ans, vient d’être emprisonné en Suisse, à la demande des Etats-Unis, là où il avait sévi. Et la prescription ? La prescription existe aux Etats-Unis (moins de huit ans). Elle n’est plus valable pour celles et ceux qui ont fui la justice. Ce cinéaste a fui la justice. Son emprisonnement n’est donc pas contraire au droit. Du talent, il en a bien sûr. Mais surtout, il a aussi la nationalité française. Le ban et l’arrière-ban du monde du spectacle et de la politique se mobilisent. Le consul général de France lui rend visite dans sa prison suisse pour s’assurer… qu’il est bien traité ! Prudence salutaire : Qui ignore les penchants criminels notoires de la sombre Helvétie ? Extradition ou pas extradition aux Etats-Unis ? L’attente angoissante commence, sur fond de chœur accompagnant les ahanements de la machine médiatico-politico-économico-diplomatique.

Salah Hamouri est français, rien d’autre que français. Fils de Palestinien certes, mais ce n’est pas une nationalité que l’appartenance à un pays qui n’a pas d’existence. Il aimerait bien, lui aussi, se déclarer aussi de nationalité française. Il aimerait se présenter comme franco-palestinien et porter fièrement cette double appartenance. Salah est en prison. Il est en prison alors qu’il est innocent. Un jeu d’enfant, penserez-vous, pour la machine politico-économico-diplomatique de la France que de le tirer de son cachot ? Erreur. La machine politico-économico-diplomatique de la France exige de lui qu’il demande pardon pour un crime imaginaire. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle fera un service minimum en demandant à ses geôliers la clémence.

La machine politico-économico-diplomatique de la France pourrait-elle nous expliquer pourquoi il est plus urgent de voler au secours d’un vieux violeur avéré que d’arracher son jeune ressortissant au sort indigne qui lui est fait dans la "seule démocratie de la région" ?

intro : CL, Afps