La Chambre haute du Parlement irlandais a adopté mercredi une motion demandant au gouvernement de reconnaître un Etat palestinien, ce qui en fait le troisième pays européen en moins d’un mois à jeter son poids dans la bataille en faveur d’une telle décision, unilatérale.
La motion, proposée par une sénatrice du principal parti d’opposition du pays, a été adoptée sans vote, sachant qu’elle avait reçu le soutien d’une majorité de députés avant le débat.
La motion a été adoptée comme suit : « Seanad Éireann [le Sénat de l'Irlande] appelle le gouvernement à reconnaître officiellement l’Etat de Palestine et à faire tout ce qu’il peut au niveau international pour aider à sécuriser une solution viable à deux Etats au conflit israélo-palestinien ».
L’Irlande a été le premier pays européen à reconnaître l’Organisation de Libération de la Palestine et a toujours été l’un des détracteurs les plus acharnés d’Israël dans l’Union européenne.
La décision fait suite à des mesures similaires dans d’autres capitales européennes.
Après que le nouveau gouvernement suédois ait déclaré qu’il allait reconnaître un Etat palestinien au début du mois, et que la Chambre des communes britannique ait voté en faveur d’une résolution non contraignante demandant au gouvernement de faire la même chose, le temps a été bref avant que les législateurs de Dublin ne leur emboîtent le pas.
La semaine dernière, le Parti socialiste ouvrier espagnol a soumis une proposition au Congrès espagnol à reconnaître la Palestine, mais aucun vote n’a encore été fixé.
« En rejoignant la Suède et d’autres pays de l’UE à reconnaître la Palestine, nous précisons que l’Etat est un droit du peuple palestinien. Ce n’est pas une monnaie d’échange israélienne qui doive leur permettre de négocier » a déclaré la sénatrice irlandaise Averil Power, de Fianna Fáil [un parti du centre-droit] qui a proposé la motion.
« Ce faisant, nous allons créer une pression sur Israël pour poursuivre un véritable processus de paix avec une réelle perspective de paix et de justice pour les Israéliens et les Palestiniens. »
Dans un discours au Sénat irlandais, mercredi, la même Power a accusé Israël d’avoir mis en place un « régime d’apartheid en Cisjordanie, qui nie les droits humains fondamentaux des Palestiniens que leurs homologues israéliens ont pour acquis ». Sans une plus large reconnaissance de l’Etat de Palestine, les représentants palestiniens sont en position de faiblesse à la table des négociations, a-t-elle expliqué.
« Chers collègues, 20 ans après les accords d’Oslo, les perspectives de parvenir à une solution à deux Etats semblent plus éloignées que jamais. Et la raison en est qu’Israël fait tout ce qu’il peut pour saper les chances d’une telle issue. Tout en feignant de parler de paix, il n’a cessé d’intensifier son occupation illégale de la Palestine ».
Mercredi soir, le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem n’avait pas encore répondu à la décision irlandaise.
L’ambassade d’Israël à Dublin a tweeté sa désapprobation :
« Aujourd’hui, un Palestinien a tué un bébé de 3 mois (!), un bébé juif à Jérusalem et hier le Sénat irlandais a adopté une motion demandant au gouvernement de reconnaître l’Etat de Palestine sans négociations de paix directes entre Israël et les Palestiniens, » disait la déclaration.
« Imaginez un peu si n’importe quel pays avait reconnu un statut final en faveur de l’une des parties du conflit en Irlande du Nord avant que le processus de paix ne soit engagé à Belfast… »