L'accélération de la colonisation juive dans les quartiers arabes de Jérusalem, la tension grandissante entre Palestiniens et Israéliens dans la Ville sainte, ainsi que le dernier attentat meurtrier palestinien, annoncent une nouvelle Intifada.
Depuis plusieurs jours, Jérusalem, "capitale unifiée" d’Israël, vit dans un climat de tension maximale. Inquiets, médias et responsables politiques suivent les événements, craignant l’éclatement d’une "intifada urbaine" dans les quartiers et faubourgs palestiniens de la partie orientale (annexée) de la ville. Ce mercredi 22 octobre, un Palestinien de Jérusalem-Est a attaqué les passagers d'un tram à la voiture bélier, causant la mort d'un bébé. L'opinion publique est choquée.
Cet événement a encouragé le gouvernement à annoncer des mesures radicales et controversées, et ce d'autant plus qu’il s’inscrit dans un contexte où les attaques aux cocktails Molotov et au jet de pierres se multiplient. Ainsi, relate Omri Ephraïm dans Yediot Aharonot, "la police israélienne vient de décréter la tolérance zéro envers les fauteurs de troubles et envisage désormais d’inculper les parents des mineurs interpellés".
Un même mal à Jérusalem et Ottawa ?
Faut-il pour autant assimiler le climat délétère qui règne à Jérusalem à l’émergence de l'Etat islamique (EI) et au terrorisme international, comme vient de le faire le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman ? Réagissant à l'attaque de Jérusalem et à la fusillade qui a eu lieu quelques heures plus tard au Parlement canadien, Avigdor Lieberman estimait sur Facebook que ces deux attaques démontrent une nouvelle fois que "la terreur est une épidémie qui doit être combattue avec force et acharnement. Le terrorisme n'est pas la conséquence de constructions à Jérusalem, Ottawa, New York, Madrid, Londres ou Mombasa [Kenya]. Il découle du combat de l'islam radical contre l'Occident."
Dans Al-Monitor, l’éditorialiste Ben Caspit estime que "Lieberman a tout faux lorsqu'il feint d’ignorer que l’atmosphère hautement inflammable qu’Israël entretient à Jérusalem-Est depuis des décennies fournit un combustible de premier choix aux extrémistes incendiaires. Si Israël avait tenu des négociations honnêtes avec le président de l'Autorité palestinienne [...], on aurait pu pacifier Jérusalem. [...] Or, sur le terrain, les 350 000 Palestiniens de Jérusalem-Est qui ont théoriquement le droit de vote et jouissent d’une carte d’identité israélienne ne bénéficient dans les faits d’aucun service public digne de ce nom, tandis qu’ils voient se développer la colonisation juive de peuplement."
Constat partagé par son confrère Barak Ravid dans Ha’Aretz : "Malgré les discours [du Premier ministre] Nétanyahou, Jérusalem n’a jamais été aussi divisée qu’aujourd’hui, par le mur, par la colonisation, par l’abandon croissant des quartiers palestiniens. L’Intifada rampante à Jérusalem, les gains diplomatiques de l’Autorité palestinienne et l’isolement de la position israélienne sont un cocktail mortel."
"Jérusalem, capitale de l'apartheid"
En des termes plus frontaux, Gideon Lévy, toujours dans Ha’Aretz, ne dit pas autre chose. Connu pour ses critiques acerbes de la politique va-t-en-guerre du gouvernement, il signe un éditorial intitulé "Jérusalem, capitale de l’apartheid", titre qui risque de braquer une partie du lectorat du quotidien, déjà confronté à une vague de désabonnements.