Une myriade d’adversités se concentrent sur Gaza, avec parmi elles la pauvreté, le blocus et la guerre, en plus des pertes de logements et d’emplois.
- Des femmes et des enfants constatent les dommages dans leur maison partiellement détruite dans le quartier de Shejaiya, le 27 août 2014 – Photo : AFP/Roberto Schmidt
Les pauvre à Gaza, qui représentent environ la moitié de la population du territoire selon des statistiques des Nations Unies, doivent déployer deux fois plus d’efforts pour mettre sur la table de quoi manger, d’autant plus que l’aide humanitaire ne répond pas à tous leurs besoins. Les familles qui avaient un fils qui travaillait, même pour un maigre salaire, ont maintenant après deux mois de guerre probablement perdu leur unique source de revenu.
« De la farine et quelques produits alimentaires de base ne sont pas assez pour survivre… Beaucoup d’autres choses sont nécessaires, » dit Abdullah Al-Masri, qui s’était sauvé de sa maison dans Beit Lahya, dans le nord de Gaza, pour aller se réfugier dans une école des Nations Unies (UNRWA).
Masri, âgé de 45 ans, est sans emploi depuis des années. Il n’a jamais compté sur l’aide fournie par des organisations humanitaires internationales et il a monté son propre petit commerce pour vendre des sucreries aux enfants de réfugiés.
Un chapeau en lambeaux sur la tête, Abdullah est assis sous le soleil brûlant près de l’entrée de l’école, tenant un lot de friandises dans une main. Il dit que ces douceurs diminuent la douleur et la crainte des petits enfants, et les aident à oublier la souffrance provoquée par la guerre.
Parlant à Al-Akhbar, Masri, qui a perdu sa maison dans le conflit, nous dit : « Si je n’avais pas désespérément besoin d’argent, je ne serai pas assis ici. Je souffre d’hypertension et ma gorge est sèche en raison de toute cette chaleur, mais c’est le prix que nous devons payer pour survivre et être libres. Nous devons gagner notre vie pour nos enfants. »
Masri a huit enfants à charge et l’aîné n’a que 13 ans. Ce qui est triste, c’est qu’il ne permet pas à ses enfants de manger les produits qu’il vend sur son stand, bien qu’ils soient des enfants comme les autres.
Il se dit aussi consterné par le grand nombre de réfugiés qui se sont ajoutés aux rangs de ceux qui étaient déjà pauvres et qui étaient estimés à 39% de la population. Il est également bouleversé de voir que ces réfugiés n’ont même pas de quoi acheter des sucreries pour leurs enfants, car ils ont tout perdu quand ils se sont sauvés de leurs maisons, laissant tout derrière eux sauf les vêtements qu’ils avaient sur le dos.
Ahmed Abu Moussa est un homme s’approchant de la cinquantaine. Pendant la guerre, il a commencé à travailler pour un comité de soutien, après qu’il ait compté sur des aides en argent liquide distribuées quatre fois dans l’année par le Ministère des affaires sociales.
Abu Mussa travaillait dans la construction à l’intérieur des territoires occupés, avant l’Intifada d’Al-Aqsa en 2000. Après que la dernière guerre ait éclaté le 7 juillet, il a rendu visite aux réfugiés installés près de sa maison dans Khan Younes pour aider les comités de soutien. Il s’est ensuite vu offrir un travail qui consiste à évaluer les dommages et à distribuer des bons pour des fournitures de secours.
Masri, un homme d’une cinquantaine d’années avec des cheveux gris, est heureux parce qu’il peut maintenant se permettre d’envoyer sa fille à l’université. Avant la guerre, il était terriblement soucieux qu’elle ne puisse pas continuer ses études, quoiqu’elle ait eu, avec les honneurs, un diplôme de son lycée.
Ces deux habitants de Gaza ont été assez chanceux pour s’en sortir un peu, en vendant des sucreries ou en recevant un petit salaire. Mais la situation d’un grand nombre de gens déjà pauvres s’est détériorée avec la guerre.
Um Mohamed Jaber est une femme dans les 40 ans, habitant la ville de Gaza. Elle assure que sa famille n’arrive plus à à joindre les deux bouts après que son mari ait perdu son emploi suite aux destructions. Même avant les hostilités, la petite affaire de plomberie de son mari ne lui permettait de gagner guère qu’une quarantaine de shekels par jour (11 dollars US), ce qui n’était pas assez pour répondre à tous les besoins de la famille mais permettait juste de couvrir le minimum.
D’après Um Mohamed, un plat de haricots est le plat principal pour trois repas par jour, indiquant qu’elle a dû vendre certains de ses bons pour l’approvisionnement en produits alimentaires de base et en huile de friture, afin d’acheter certains médicaments.
Des statistiques réalisées juste avant la dernière guerre mettait en évidence que le taux de chômage était monté à 40%, et que la pauvreté touchait 39% de la population, avec 21% de ces derniers vivant dans une pauvreté extrême.
La Bande de Gaza, qui borde la Méditerranée, manque de ressources naturelles, avec la moitié des terres agricoles et environ 85% des zones poissonneuses mises hors de portée par les attaques des Israéliens.
Mouin Rajab, expert économique, précise que les gens ont recours à des moyens de fortune pour répondre à leurs besoins les plus pressants, « mais que ceci ne remettra pas en mouvement la roue de l’économie interrompue par la guerre. »
Rajab se félicite de ces « différentes tentatives, » mais s’exprimant devant Al-Akhbar, il invite les organismes internationaux à prendre leurs responsabilités et à stopper les assauts Israéliens, à compenser les personnes qui ont été lésées, et à créer des emplois pour les chômeurs.