«Nous, Palestiniens supplions presque certains frères arabes d’intervenir pour imposer un cessez-le-feu. Y’en assez des communiqués inutiles en direction de la Palestine attaquée par Israël et blessée par une position arabe décalée de la réalité !»
C’est un ambassadeur fulminant de colère mais surtout inquiet pour ses
compatriotes à Ghaza qui s’est présenté hier devant les journalistes au
forum d’El Moudjahid. Le docteur Louaï Aïssa n’aurait pas imaginé pire
actualité pour entamer sa mission diplomatique en Algérie que cette
agression sauvage contre son peuple à Ghaza. «Cela fait juste vingt
jours depuis je suis arrivé à Alger et me voilà devant vous pour lancer
un appel de détresse sur le drame humanitaire que vivent mes
compatriotes», lâche le diplomate, préoccupé. Et pour cause, la machine
de guerre israélienne fauche par dizaines des enfants, des femmes et des
vieillards palestiniens.
Signe de l’affolement des chiffres macabres, le nombre des victimes a
évolué de près d’une centaine entre le moment de la conférence de presse
et le début de l’après-midi. L’ambassadeur de Palestine a estimé le
nombre de morts à 350, en plus des autres victimes encore ensevelies
sous les décombres. Mais le bilan va bondir trois heures plus tard à
425 personnes tuées. On comprend mieux le ton effaré du diplomate qui a
usé ses cordes vocales, hier, pour rendre compte d’un état des lieux
insoutenable pour son peuple.
D’entrée, le Dr Louaï a précisé qu’il représentait «tous les
Palestiniens sans exclusive», une façon de couper court aux commentaires
sur la présumée responsabilité du Hamas dans cette énième guerre contre
Ghaza. Là n’est pas le problème pour l’ambassadeur, pour qui seul un
appel à un cessez-le-feu urgent pour mettre fin aux souffrances des
Palestiniens vaut d’être lancé.
La Palestine, une cause arabe ?
Le diplomate s’en est pris à certains pays arabes, qu’il n’a pas
nommés, coupables d’exercer des pressions sur la direction palestinienne
pour lui imposer une feuille de route. «A défaut de nous aider, ne nous
mettez pas la pression, s’il vous plaît !» lance-il, presque résigné.
Et de s’interroger : «La Palestine est-elle encore une cause arabe ?» Une question dont la réponse paraît presque évidente quand on observe la posture de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis face à une agression caractérisée contre de la Palestine soutenue par leur même mentor, les Etats-Unis.
Et de s’interroger : «La Palestine est-elle encore une cause arabe ?» Une question dont la réponse paraît presque évidente quand on observe la posture de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis face à une agression caractérisée contre de la Palestine soutenue par leur même mentor, les Etats-Unis.
Que peuvent donc faire les Palestiniens face à leurs «frères» arabes
pratiquement inféodés à Israël et à un gendarme du monde qu’ils n’osent
pas se mettre à dos au risque de griller toutes leurs cartes ? «Nous
évitons, autant que faire se peut ; de nous brouiller avec les
Américains pour ne pas perdre au change, même s’ils ne nous font pas de
cadeaux», affirme le Dr Aïssa Louaï, réaliste.
Cela dit, le nouvel ambassadeur de Palestine en Algérie tenait
spécialement à lancer ce message : «Nous sommes en guerre contre
l’entité sioniste et non pas le Hamas.» Et d’ajouter : «La résistance de
notre peuple contre l’armée d’occupation devrait favoriser la stratégie
palestinienne et non pas celle d’une faction.» Le représentant de
l’Autorité palestinienne à Alger a également insisté sur le fait que
certains pays arabes enfoncent le Hamas, conformément «à leurs calculs
et agendas régionaux».