[ 24/06/2011 - 00:10 ] |
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Palestine – CPI La politique régionale d’"Israël" se résume en l’élévation de hauts remparts : des remparts sécuritaires, des remparts économiques et par dessus tout, des remparts culturels. Ces remparts culturels nous séparent de notre environnement et renforcent l’illusion qu’"Israël" fait partie de l’Occident et qu’à cause de sa mauvaise chance, elle est tombée dans un voisinage très dur composé d’Arabes et de Musulmans. En effet, les rêves d’un « nouveau Moyen-Orient » répandu par Shimon Peres ont pris fin depuis longtemps. Ces rêves sont remplacés par « La villa dans la jungle » d’Ehud Barak et de Benyamin Netanyahu, qui voient en "Israël" le poit avancé de l’Occident au Moyen-Orient. Dans son discours donné au Congres américain le mois dernier, le premier ministre a cité l’écrivaine anglaise George Eliot qui prédisait le sionisme au XIXème siècle et qui disait qu’un Etat juif serait comme « une étoile de liberté brillante dans une mer de tyrannie dans l’Orient ». Netanyahu parle d’une croissance économique derrière le mur de séparation, avec une économie calquée sur le modèle de la Corée du Sud. Comme premier ministre, dans ces deux dernières années, Netanyahu a prouvé que la ruse a réussi. En effet, "Israël" connaît une relative accalmie quant à la sécurité et d’une bonne prospérité économique ; cependant, les pays qui l’entourent connaissent, eux, une crise sociale, et ils vivent sous des régimes des plus autoritaires. Et maintenant, ils trébuchent dans une vague de révolutions. A la commémoration de la Nakba (la catastrophe de 1948) et à celle de la Naksa (la guerre de 1967), il y a eu des manifestations à Majdal Chams (au Liban). Elles ont frisé cet état idéal et ont montré aux Israéliens qu’ils ne sont pas coupés de ce qui se passe derrière le rempart. En outre, les révolutions arabes nous concernent également. Après 37 ans d’accalmie, le front du mont du Golan a vu paraître sur ses fronts, d’un coup, des fissures. Une grande majorité d’Israéliens sont encore isolés de ces révolutions du printemps arabe. Majdel Chams se trouve dans un point extrêmement lointain, un peu avant la montagne d’Al-Cheikh. Les événements de ce lieu n’ont pas été ressentis par Tel-Aviv, Jérusalem, Richon Letsion, ou Haïfa, dont les habitants affinent leurs projets de vacances à l’extérieur du pays. Toutefois, croire qu’"Israël" est coupé par son entourage et qu’il n’a de liens qu’avec l’Europe et les Etats-Unis ne reste qu’une illusion. Il faut noter que les changements dans les pays de la région ont des influences notables sur la politique extérieure et la sécurité d’"Israël". A titre d’exemple, la révolution égyptienne de 1952 a laissé s’infiltrer des attaqueurs venant de Gaza ; et plus tard, il y a eu la guerre de Suez. Et dans les années soixante, la guerre de six jours (la Naksa). Et les tentatives de faire tomber le régime en Jordanie, en 1958 et 1979, ont rapproché "Israël" de l’Occident et les chefs d’"Israël" de la famille royale hachémite. La guerre civile libanaise a attiré "Israël" vers l’intérieur, pour une occupation de plusieurs années du Sud du Liban. La révolution iranienne de 1979 a créé un ennemi têtu et très fort à "Israël". La guerre Iran-Irak et la guerre du Golfe ont mis en miettes le front oriental. L’effondrement de l’Union Soviétique, le soutien principal des régimes arabes extrémistes, a conduit à la conférence de Madrid, dans les années quatre-vingt-dix. Enfin, les changements internes de la Turquie ont enlevé d’"Israël" un allié important et l’a coincé dans la crise de la flottille (internationale "Liberté"). Cette longue liste montre que les révolutions actuelles dans les pays arabes auront leurs effets sur "Israël", dans les années à venir, surtout dans la politique extérieure et sécuritaire. Déjà, la peur de la révolution égyptienne a mené Netanyahu à accélérer la construction du mur des frontières, au sud, et à augmenter les budgets de la sécurité. La guerre interne syrienne est particulièrement dangereuse pour "Israël", pour plusieurs raisons : la distance proche de la Syrie, sa force militaire, sa relation avec le Hezbollah et l’Iran, son front ouvert sur le mont du Golan. Toutes ces données laissent prédire que les affaires pourraient aller loin et mettre en doute l’existence d’une Syrie unie. Article écrit par Aluf Benn, dans le journal hébreu Haaretz, le 18 juin 2011 Traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) |