15 février 2011
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a publiquement humilié le chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou. En effet il a déclaré que le conseiller à la Sécurité du Premier ministre ne serait pas le prochain ambassadeur d'Israël à Londres, contrairement à l'annonce faite par M. Netanyahou. Il a déclaré qu'un diplomate appartenant à ses rangs serait nommé à sa place.
Le ministre des Affaires étrangères a été offensé que Benyamin Netanyahou ait accordé du crédit à la candidature de Ron Prosor pour le poste de représentant permanent d'Israël aux Nations Unies. Sa colère a encore été décuplé par l'annonce du chef du gouvernement, expliquant qu'il prévoyait de nommer Uri Arad pour remplacer M. Prosor à Londres, sans même s'être entretenu avec M. Lieberman.Le Premier ministre a choisi de ne pas répondre à la provocation de son ministre. Les membres du Likoud ont affirmé de leur côté que Benyamin Netanyahou ne pouvait ni menacer M. Lieberman, ni même le défaire de son poste de ministre des Affaires étrangères.
Bien que ce ne soit pas la première crise entre les deux hommes, c'est la plus grave depuis la scission du Parti Travailliste et la démission de certains membres travaillistes de la coalition. Ces actes ont laissé le champ libre à Avigdor Lieberman et à ses collègues d'Israel Beitenu.
Dans de telles circonstances nombreux sont ceux qui estiment que le ministre des Affaires étrangères adoptera une ligne plus ferme encore avec le chef du gouvernement, tout en exigeant le respect des accord passés. M. Lieberman fera probablement d'autant plus pression pour que ses lois sur la conversion et le mariage civil passent. Certains s'attendent également à ce qu'il pousse à l'adoption de certains projets auxquels le reste de la coalition s'oppose.
Ce mercredi 16 février Israel Beitenu doit proposer une abrogation de la taxe sur la valeur ajoutée de l'eau. Cette proposition devrait être soutenue par l'opposition à la Knesset et peut-être même par certains membres de la coalition.
Lundi 14 février le ministre des Affaires étrangères et président d'Israel Beitenu s'est rendu à la réunion de la faction de son parti à la Knesset. À sa demande, le début de la réunion a été ouvert aux médias. Il a déclaré qu'il avait agit avec un maximum de retenue, de loyauté et de coopération "tout au long de la saga de la nomination du représentant permanent pour Israël aux Nations Unies, de Alon Pinkas à Guilad Erdan".
"Je respecte la tradition selon laquelle le Premier ministre a son mot à dire dans la nomination de l'ambassadeur à Washington, mais personne ne peut se souvenir d'une intervention si importante dans la nomination (pour le poste) aux Nations Unies ou alors celui de consul général à New-York", a-t-il ajouté.
Lieberman a continué en affirmant qu'il n'avait pas l'intention de perdre encore du temps, et partant de là qu'il avait décidé de nommer M. Prosor aux Nations Unies. "Mais à mon grand étonnement, j'ai lu que le Premier ministre avait décidé de remplacer M. Prosor à Londres par Uzi Arad. Je tiens énormément compte du point de vue du Premier ministre sur ce dossier, mais tous les ambassadeurs (de Londres) ont toujours été nommés par le ministre des Affaires étrangères et je n'ai pas l'intention de plier sur cette question.
"Je respecte énormément Uzi Arad mais il ne sera pas ambassadeur à Londres. Et c'est comme ça. Je regrette que nous ne nous soyons pas entretenu sur ce point. Il y a énormément de diplomates compétents au ministère des Affaires étrangères et certains d'entre eux sont même nés à Londres", a-t-il expliqué.
Bien que M. Lieberman n'ait pas exhorté le Premier ministre à discuter de la question, il s'est entretenu avec M. Arad afin de présenter ses excuses pour la tournure que prenaient les évènements. Il lui a expliqué qu'après des mois de tergiversations, le chef du gouvernement avait fini par céder à sa volonté et qu'il avait nommé, en conséquence, Ron Prosor au poste de représentant permanent d'Israël aux Nations Unies. M. Lieberman a exprimé la colère qu'il avait ressenti lors de l'annonce de la nomination de Ron Prosor, que Benyamin Netanyahou avait présenté comme sa propre décision.
Le ministre des Affaires étrangères a également déclaré que, contrairement aux spéculations de certains, toute décision sur l'avenir d'Israel Beitenu dans la coalition serait totalement dissociée des considérations liées aux investigations en cours contre le ministre des Affaires étrangères. Désormais, a-t-il ajouté, le parti n'a aucune intention de quitter le gouvernement. Mais s'il s'abaissait à choisir entre les obligations du parti envers les coalition et ses obligations envers les votants, la seconde serait prise en compte.