Gilles Paris
L’attention de celui qui suit le dossier israélo-palestinien est tellement absorbée par la question des frontières et de la colonisation, intimement liées, qu’on en finirait presque par oublier le troisième grand casse-tête d’un éventuel accord de paix : le sort des réfugiés palestiniens.
Entre le “droit de retour” revendiqué par les Palestiniens sur la base d’une résolution des Nations unies et sa négation par les Israéliens, la piste d’un compromis ne sera pourtant pas aisée à trouver.
La résolution onusienne du 11 décembre 1948 qui “Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables“. Cinquante-trois ans plus tard, la référence de l’Initiative arabe témoigne de l’irréversibilité de l’histoire puisqu’il n’est plus question que de trouver une solution “juste et négociée” (donc acceptée par Israël), à la question des réfugiés.
Le sujet est néanmoins tout aussi passionnant qu’un éventuel partage de Jérusalem et dépasse les polémiques anciennes sur la responsabilité de l’exode de 700 000 Palestiniens, polémiques un peu dépassées compte tenu des travaux des historiens israéliens, notamment ceux de Benny Morris qu’on ne saurait plus aujourd’hui soupçonner d’empathie à l’égard des Palestiniens.
Il a été abordé au fond pour la dernière fois par des négociateurs israéliens et palestiniens lors des discussions de Taba, en janvier 2001. Si on se fie aux notes non-officielles compilées par l’émissaire européen d’alors Miguel Moratinos(l’administration américaine était absente pour cause de transition entre Bill Clinton et George Bush), les discussions se sont focalisées notamment sur les lieux d’accueil qui seraient proposés à ceux qui souhaiteraient quitter les pays dans lesquels ils se trouvent aujourd’hui (principalement la Jordanie, la Syrie et surtout le Liban, où les conditions de vie sont les plus difficiles compte tenu de l’héritage de la guerre civile et de l’implication de l’OLP.)
Trois formules ont été évoquées et restent jusqu’à ce jour d’actualité pour les 400 000 réfugiés du Liban qui semblent les plus concernés : retour dans la Palestine créée à la suite d’un accord, départ vers des pays tiers, retour en Israël. Selon l’ancien premier ministre Ehoud Olmert, invité par l’Initiative de Genève (un comble pour un ancien likoudnik !), M. Olmert a annoncé que les Etats-Unis s’étaient engagés en 2009 à accueillir 100 000 Palestiniens.