samedi 25 septembre 2010

Colonisation : Israël prêt à un « compromis », Abbas insiste sur un « gel total »

25/09/2010
Israël, sous pression internationale, s'est dit prêt hier à un « compromis » sur la construction dans les colonies de Cisjordanie, faute de quoi les négociations de paix avec les Palestiniens risquent de capoter moins d'un mois après leur lancement à Washington. « Israël est disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties, étant entendu qu'il ne peut y avoir zéro construction » dans les colonies, a déclaré un haut responsable gouvernemental, en réponse à une question sur la fin du gel partiel et temporaire de la colonisation juive décrété en novembre dernier.
Mais à New York, le président palestinien Mahmoud Abbas a fait savoir qu'il refusait tout compromis ne garantissant pas un « arrêt total » de la colonisation. « Il faut maintenir le gel total de la colonisation dans les territoires palestiniens y compris à Jérusalem. Nous refusons toute solution partielle », a déclaré à l'AFP son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. « Les solutions partielles ne créent pas un climat propice à la poursuite des négociations », a-t-il averti. Même son de cloche du côté de la Ligue arabe. « Un processus sérieux et viable de négociations ne peut continuer en même temps que les colonies qui sont construites dans les territoires occupés, qui affectent l'intégrité de territoires qui sont appelés à être les territoires du nouvel État de Palestine », a affirmé, lors d'un point de presse à New York, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, assurant que la prolongation du moratoire est « une obligation ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, soumis aux pressions de l'aile droite de son parti Likoud et du lobby des colons, a d'ores et déjà exclu de prolonger le moratoire sur la colonisation au-delà de la date prévue à la fin du mois. Le Premier ministre « déploie des efforts intensifs pour parvenir à un tel compromis avant l'expiration du moratoire le 26 septembre », a souligné le responsable israélien sous le couvert de l'anonymat, soulignant que « les États-Unis sont très impliqués dans cette recherche d'un compromis ». « Dans ce contexte, le Premier ministre a demandé à Yitzhak Molcho (le chef des négociateurs israéliens) de prolonger son séjour aux États-Unis » pour parvenir à un accord, a-t-il précisé. Réaffirmant jeudi à l'ONU la position des États-Unis, le président Barack Obama a estimé que « le moratoire devrait être prolongé ».
En Israël, M. Netanyahu a reçu hier pendant deux heures Tony Blair, représentant du quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, UE, Russie et ONU), selon un responsable israélien qui n'a pas précisé la teneur des discussions. Selon la radio publique, les deux hommes ont discuté des moyens permettant de poursuivre le dialogue israélo-palestinien qui a repris le 2 septembre. En outre, le Premier ministre israélien s'est entretenu « ces derniers jours à ce sujet, notamment avec la secrétaire d'État Hillary Clinton, le vice-président Joe Biden, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec George Papandreou », a précisé le responsable. Selon les médias israéliens, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui se trouve aux États Unis, est également en contact avec des responsables américains et palestiniens pour tenter de dégager un compromis. Les responsables américains ont proposé une prolongation de trois mois du moratoire, le temps de parvenir à une entente sur les frontières, une solution soutenue par les négociateurs palestiniens, selon des sources palestiniennes.
Le moratoire, d'une durée de dix mois, avait été annoncé le 25 novembre 2009 par M. Netanyahu. Il porte sur les implantations de Cisjordanie occupée, où habitent quelque 300 000 colons israéliens, mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés, ni sur la construction de bâtiments publics (écoles, synagogues, etc.) ni sur Jérusalem-Est annexée.