mardi 24 août 2010

Israël : enquête de satisfaction « raciste » dans le tram d’Alstom

publié le mardi 24 août 2010
Caroline Venaille

 
A Jérusalem, les usagers du tram du consortium City Pass, dont font partie Alstom et Veolia, ont été interrogés sur les Palestiniens.
Tandis que les rames toutes neuves du tramway de Jérusalem -conçu par un consortium franco-israélien- sillonnent la ville pour une période test, une enquête de terrain auprès des futurs usagers vient raviver la polémique sur ce moyen de transport reliant Jérusalem-Ouest à des colonies israéliennes.
La semaine dernière, des enquêteurs de City Pass Limited -le consortium de cinq compagnies dont Alstom et Connex, filiale de Veolia transport- ont interrogé leurs futurs clients, notamment sur les passagers palestiniens :
1. « Les passagers, juifs comme arabes, peuvent monter librement à bord du tramway sans passer de contrôle de sécurité, cela vous dérange-t-il ? » 2. « Le tramway dessert trois stations à Shua’fat [quartier palestinien de Jérusalem-Est ndlr [1] ], cela vous dérange-t-il ? »
Vendredi, le directeur général de la municipalité, Yair Maayan, a réagi en envoyant un courrier au président de la compagnie, Avraham Shohat. Il s’indigne de tels propos, d’autant plus de la part d’une entreprise privée. Le quotidien israélien Haaretz, de centre gauche, cite ses propos :
« Nous sommes sidérés d’apprendre qu’une compagnie privée se permet de poser ce genre de questions, qui ne sont en aucune façon liées à ses activités.
Ces questions sont de nature raciste et ne font qu’attiser les tensions à Jérusalem. »
Selon le journal Haaretz, City Pass se serait excusé. La société affirme que ce questionnaire n’avait pour objectif que de répondre au mieux aux besoins de ses futurs usagers.
Chez Alstom, contacté à Paris, et à la mission économique de Tel-Aviv, on déclare que l’affaire est passée inaperçue. Etonnant.
Procès en cours contre Veolia et Alstom
La première ligne de tramway, qui devrait ouvrir en avril 2011, a fait l’objet de vives critiques. Depuis l’appel d’offre en 2000, ce projet divise en France et au sein de la communauté internationale.
Le 17 juillet 2005, Alstom, Veolia, les entreprises israélienne Polar et Ashtrom et les banques Lemi et Hapoalim signaient un contrat dans le bureau d’Ariel Sharon, pour la construction et l’exploitation de la ligne de tramway.
Sur près de quatorze kilomètres, l’itinéraire relie Jérusalem-Ouest (israélienne) aux colonies juives de Jérusalem-Est (Palestinienne) qui font partie des territoires occupés au titre des résoutions ds Nations Unies depuis 1967. L’annexion de la partie orientale de jérusalem n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.
Dans son magazine mensuel, Amnesty International réagit :
« Jugeant que le tramway va entériner “des mesures illégales d’annexion et de colonisation adoptées préalablement par le gouvernement israélien”, l’organisation estime que la conclusion de ce contrat soulève des questions de violation du droit international. »
En France, un procès intenté par des associations pro-palestiniennes est en cours contre Veolia et Alstom, auprès du tribunal de Nanterre [2]. L’image des deux entreprises françaises a été ternie par ce marché.
Suite à ce contrat, les deux entreprises françaises auraient perdu des marchés à l’étranger, notamment en Suède et en Grande-Bretagne.
[1] Il s’agit en fait d’un camp de réfugiés palestiniens
[2] procès intenté par l’AFPS et l’OLP, voir Tramway colonial
publié par Rue 89
notes : C. Léostic, Afps