samedi 10 avril 2010

Netanyahu évite « le piège » du sommet de Washington

10/04/2010
De jeunes Palestiniens jouent au volley-ball devant la centrale 
électrique de Gaza. Hier, cette centrale, la seule de Gaza, a cessé de 
fonctionner en raison d’un arrêt des livraisons de carburant. Arrêt dont
 les Israéliens et les Palestiniens ont nié, chacun de leur côté, toute 
responsabilité. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters
De jeunes Palestiniens jouent au volley-ball devant la centrale électrique de Gaza. Hier, cette centrale, la seule de Gaza, a cessé de fonctionner en raison d’un arrêt des livraisons de carburant. Arrêt dont les Israéliens et les Palestiniens ont nié, chacun de leur côté, toute responsabilité. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters
Le Premier ministre israélien ne veut pas devoir s'expliquer sur l'arsenal atomique de l'État hébreu, un sujet qui reste largement tabou et défendu par le secret militaire.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annulé sa visite à Washington pour le sommet sur la sécurité nucléaire, une décision qui semble traduire les craintes d'Israël de devoir s'expliquer sur son arsenal nucléaire présumé. M. Netanyahu sera représenté par son ministre chargé des Services de renseignements, Dan Meridor, à ce sommet qui réunira les représentants de 47 pays lundi et mardi.
« Nous avons appris récemment que certains pays allaient s'en servir (du sommet) pour taper sur Israël », a expliqué à l'AFP un responsable israélien sous le couvert de l'anonymat. Selon des médias israéliens, M. Netanyahu s'est s'inquiété du fait que certains États musulmans participant à la conférence, comme l'Égypte et la Turquie, aient prévu de faire pression pour qu'Israël ouvre ses installations nucléaires aux inspections internationales. L'objectif du sommet de Washington est de discuter de mesures communes pour assurer la sécurité de « matériaux nucléaires vulnérables » et empêcher des actes de terrorisme nucléaire.
De fait, la presse israélienne avait laissé entendre que M. Netanyahu pourrait ne pas se rendre aux États-Unis pour éviter de « tomber dans un piège », même si le Premier ministre, selon son entourage, « voulait y aller » pour discuter de prolifération nucléaire et de la menace terroriste. « Les armes nucléaires sont un problème très, très grave. Même des armes nucléaires primitives pourraient bien se retrouver entre les mains de terroristes, et les conséquences en seraient terribles », a averti récemment M. Netanyahu. En outre, Israël est persuadé que le régime islamique à Téhéran développe un programme nucléaire militaire sous couvert d'efforts civils et n'a pas exclu des frappes militaires contre l'Iran. Mais les Israéliens n'avaient guère envie de voir leur propre programme nucléaire exposé dans l'arène internationale.
Israël est généralement considéré comme le sixième État à s'être doté de l'arme atomique. L'État hébreu n'a jamais confirmé ni démenti cette capacité, suivant la doctrine dite d'ambiguïté délibérée. « Cette politique d'ambiguïté constitue un des fondements de la sécurité nationale israélienne », a répété cette semaine le vice-ministre des Affaires étrangères, Dany Ayalon. « Nous continuons à dire qu'Israël ne sera pas le premier pays à présenter l'arme nucléaire au Moyen-Orient. Cette politique va continuer et aucune pression d'un quelconque pays ne le fera changer », a souligné M. Ayalon. À l'instar d'autres États nucléaires, tels que l'Inde ou le Pakistan, Israël n'est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui l'obligerait à se soumettre aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le programme nucléaire israélien a été lancé dans les années 1950 par le Premier ministre David Ben Gourion, avec l'aide de la France. Il est centré sur le réacteur de Dimona, dans le désert du Néguev. Par la suite, l'État hébreu a conclu une « entente » en 1969 avec les États-Unis aux termes de laquelle les dirigeants israéliens s'abstiennent de toute déclaration publique sur le potentiel nucléaire de leur pays et ne procèdent à aucun test nucléaire. En échange, Washington s'est engagé à s'abstenir d'exercer des pressions sur ce dossier. Par précaution, tout le programme est protégé par la censure militaire, que les médias israéliens contournent en se retranchant derrière l'avis des « experts étrangers ». Aucun dirigeant israélien n'a osé jusqu'à présent briser le tabou en reconnaissant l'existence d'un arsenal nucléaire. Ces dernières années, toutefois, les allusions concernant ce dossier se sont faites de plus en plus transparentes.