Processus de paix. A l’occasion de la prochaine visite en Israël, ce mercredi 17 mars, de Catherine Ashton, Haute représentante de la politique étrangère de l’Union européenne, des questions se posent sur le rôle de l’UE dans le conflit israélo-palestinien.
Premier partenaire économique d’Israël d’un côté, plus gros donateur d’aides et de budgets aux Palestiniens de l’autre, l’Union européenne est souvent montrée du doigt par l’une ou l’autre partie du conflit. Tantôt accusée de parti pris, tantôt d’acteur absent, marginalisé ou inefficace, elle continue néanmoins à jouer le rôle de médiateur dans cette région sensible du monde, soucieuse qu’elle est de mesurer le poids de sa diplomatie à l’étranger.
En tant que membre important et l’un des fondateurs du Quartette — réunissant les Etats-Unis, l’Union Européenne (UE), la Russie et les Nations-Unies —, l’Europe a joué un rôle central dans la rédaction de la « feuille de route », qui montre aux parties la voie à suivre pour qu’Israël vive en paix et en sécurité aux côtés d’un Etat palestinien viable et démocratique. Elle garde depuis une vision plutôt stable sur ce conflit, même si elle échoue parfois à adopter une position unie et à délivrer un message clair aux différents protagonistes.
Ainsi, selon l’Union européenne, les Palestiniens ont le droit à l’autodétermination. Elle convient également de la nécessité d’établir un Etat de Palestine démocratique, viable, pacifique et souverain, sur la base des frontières de 1967.
En 1973 déjà, lors du sommet de Copenhague, l’Europe réclamait le retrait d’Israël des territoires occupés et la création d’un Etat palestinien. La déclaration finale du sommet de Venise de juin 1980 suit cette logique et reste dans le même esprit.
Cependant, cette bonne volonté apparente et ces déclarations de principe restent théoriques, car sur le terrain, l’Europe a bien du mal à contrebalancer l’influence de la puissance américaine qui, généralement, patronne les négociations directes et indirectes entre Israéliens et Palestiniens.
Que ce soit à cause des divergences au sein de l’Union — la Grèce, l’Irlande et la Belgique suivant une ligne plutôt ferme envers Israël, en opposition avec la « souplesse » de l’Allemagne, de la République tchèque ou des Pays-Bas — ou à cause du rôle secondaire de gardien de la paix qu’elle a volontiers accepté, l’Europe garde une influence symbolique, même si son appui financier est bien concret.
Beaucoup d’Israéliens refusent de voir l’Europe comme partenaire politique sérieux, à l’image des Etats-Unis. Le gouvernement israélien fait parfois sourde oreille devant les appels des Vingt-Sept, ou accepte modérément et avec réserve, comme dans le cas épineux de faire de Jérusalem une capitale conjointe des deux Etats, hébreu et palestinien.
Pourtant, la tournée au Proche-Orient d’Ashton démontre une volonté pour l’UE de reprendre la main sur un dossier sensible. La Haute représentante le déclare elle-même : « J’ai demandé à me rendre à Gaza » parce que « j’ai besoin de me faire une idée du problème et des questions que nous avons à résoudre ».
Le désir de voir l’UE se muer en acteur, comme le disait le ministre espagnol Miguel Angel Moratinos, est donc un souhait d’actualité, qui risque cependant de se heurter à des obstacles sur le terrain. En effet, un groupe de députés européens qui tentaient de se rendre à Gaza en décembre dernier s’est vu barrer la route, aucune garantie donc pour Catherine Ashton, qui prévoit elle aussi de se rendre dans le bastion du Hamas et de mener à bien son projet.
Quoi qu’il en soit des résultats de cette tournée, la position de l’UE au sein du Quartette ainsi que son poids économique dans la région seront toujours une porte ouverte pour l’Europe sur des perspectives intéressantes. Certains argueront que pour ce faire, un changement de stratégie est préalablement nécessaire. Plus de risques politiques à prendre et le courage d’endosser un rôle principal pour régler ce conflit qui perdure depuis des années peuvent être le chemin de ce changement.
Pacynthe Sabri