L'armée israélienne a détruit lundi un réseau de transport d'électricité mis sur pied dans un village de Cisjordanie grâce à l'aide financière de la Coopération technique belge (CTB), révèle Oxfam-Solidarité dans un communiqué jeudi. C'est la première fois qu'Israël détruit un projet belge, souligne l'ONG, qui exhorte le gouvernement belge "à condamner publiquement les actions d'Israël et à réclamer des dédommagements pour cette destruction". Les dommages sont estimés à 55.000 euros. L'ambassadeur israélien à Bruxelles a par ailleurs été convoqué dans l'après-midi au cabinet du ministre des Affaires étrangères en affaires courantes, Didier Reynders.
Lundi matin, les bulldozers israéliens ont fait tomber 70 pylônes électriques et détruit 4,5 kilomètres de câbles électriques du réseau de transport d'électricité aménagé à Khirbet al-Tawil, un village de l'entité de Naplouse, en Cisjordanie, grâce à l'aide financière apportée par la CTB. "Les poteaux ont ensuite été coupés en morceaux pour éviter qu'ils ne soient réutilisés. Tout le village est sans électricité depuis lors", explique le chef du village de Khirbet al-Tawil, Bassam Akher, cité dans le communiqué d'Oxfam-Solidarité.
Mercredi matin, les villageois ont tenté de reconstruire l'infrastructure mais l'armée israélienne, de retour sur les lieux, a stoppé cette tentative, précise Oxfam-Solidarité. "Si l'on regarde la période entre début janvier et fin août de cette année, et qu'on la compare avec la même période en 2013, on remarque que 10% de personnes en plus se sont retrouvées sans abri à cause de démolitions. Il s'agit de 823 personnes, dont 448 enfants. Un autre projet belge, l'aire de jeu d'une école maternelle dans le village d'Al-Aqaba, est également menacée de destruction", ajoute le communiqué.
Selon l'ONG, les différentes questions parlementaires font apparaître un manque de véritable politique de la part de la Belgique "pour faire face" à la destruction des projets. Elle a donc appelé jeudi, via Twitter notamment, le gouvernement à condamner publiquement les démolitions et a réclamer "des indemnités à Israël" pour les dégâts.
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a réagi jeudi matin, déclarant que la Belgique "condamne cette destruction", contraire "au droit international", et demande une indemnisation. "Nous avions déjà pris plusieurs initiatives auprès des autorités israéliennes pour éviter la destruction prévue de longue date de ce projet mis en place en collaboration" avec ces mêmes autorités. "Israël doit accepter que les populations puissent vivre dans des conditions décentes."
Une procédure sera également entamée au niveau européen pour savoir comment "réagir en commun" face à ces destructions, souligne le ministre, et amener ce sujet dans les discussions entre l'Union européenne et Israël. Enfin, l'ambassadeur israélien à Bruxelles a été convoqué jeudi au cabinet de Didier Reynders. "Nous voulons comprendre la raison de ce geste et lui faire part de notre condamnation, de notre souhait de coordination au niveau européen et de la demande d'indemnisation", a expliqué M. Reynders. L'ambassadeur de Belgique à Tel-Aviv a également réagi sur place.
Cet acte préfigure, selon Didier Reynders, les discussions qui se tiendront lors de la conférence au Caire sur la reconstruction de la bande de Gaza, le 12 octobre. "Il faut en effet le minimum de garanties au sujet des installations en passe d'être construites ou reconstruites", a conclu le chef de la diplomatie belge.