Si les Américains apposent leur veto, Abbas se tournera vers la Cours pénale internationale
Le brouillon d'une motion conjointe palestino-arabe demandant l'évacuation totale d'Israël de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici novembre 2016, a été déposé mercredi sur le bureau du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Ce projet de résolution devrait être prochainement soumis au vote du Conseil de sécurité, apprend-on mercredi.
Le texte de la motion établit que l'évacuation israélienne doit se dérouler "le plus rapidement possible dans la cadre du délai imparti, n'excédant pas le mois de novembre 2016 avec l'indépendance et le souveraineté de l'Etat de Palestine et le droit à l'autodétermination du peuple palestinien".
Le projet demande à "toutes les parties de respecter leurs obligations en vertu du droit internationel humanitaire, y-compris la Convention de Genève relative à la Protection des civils en temps de guerre datant d'août 1949".
Il exige également "la fin de toutes les opérations militaires israéliennes, des représailles, des déplacements forcés de civils, de tous les actes de violence et des hostilités".
Le groupe arabe qui a rédigé le texte pourrait néanmoins décider de ne pas le soumettre au vote du Conseil de sécurité s'il estime, ce qui risque fort probablement d'être le cas, que les Etats-Unis y apposeront leur veto.
Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est dit déterminé à passer outre les objections américaines à ses projets diplomatiques concernant "l'occupation israélienne", même si la relation avec Washington est déjà tendue.
M. Abbas, de retour de New York où il a évoqué lors d'un discours véhément devant les Nations unies son intention d'en finir avec le fonctionnement ancien des discussions de paix avec les Israéliens, a ainsi prévenu qu'il ne "renoncerait pas", malgré la réprobation américaine, à adhérer à la Cour pénale internationale en cas de "veto américain à une future résolution sur la fin de l'occupation israélienne".
"Les relations avec l'administration américaine sont tendues", a-t-il dit dans la nuit de mardi à mercredi à des journalistes au siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah (Cisjordanie). Il a qualifié de partiale la réaction américaine à son discours à l'ONU.
Les Etats-Unis ont jugé offensant son discours réclamant "la fin de l'occupation israélienne et l'indépendance de l'Etat de Palestine et accusant Israël de génocide et d'apartheid".
"La direction palestinienne subit de fortes pressions pour ne pas aller au Conseil de sécurité et adhérer à des organisations internationales, la première de ces pressions portant sur l'aide", a dit M. Abbas. "Les Palestiniens reçoivent chaque année 700 millions de dollars des Etats-Unis", a-t-il dit.
"L'atmosphère est tendue (...) et il n'est pas dans notre intérêt de la tendre davantage. Mais en même temps, je maintiens que nous ne pouvons pas revenir sur notre décision de présenter une résolution au Conseil de sécurité", a-t-il martelé.
"Des discussions sont en cours avec certains pays, arabes et autres, pour un vote d'ici trois semaines sur un projet de résolution prévoyant le retrait des Israéliens des territoires occupés depuis 1967 et un Etat palestinien indépendant dont la capitale serait Jérusalem-Est", a-t-il encore déclaré.
"Il faudra également préciser une date butoir pour l'occupation: un an, deux ans, trois (...) Nous voulons fixer cette limite et reprendre aussitôt les négociations", a-t-il promis. Nous sommes déterminés à poursuivre la lutte politique et nous ne reprendrons aucune négociation ne prévoyant pas un calendrier pour la réalisation de nos objectifs.
M. Abbas a admis ne pas avoir la garantie de recueillir les voix des neuf membres nécessaires pour l'examen d'un projet de résolution et, si nous les obtenons, il est fort probable que les Etats-Unis opposeront leur veto.
"Dans ce cas, nous irons devant les organisations internationales et en premier lieu nous signerons le Statut de Rome pour adhérer à la Cour pénale internationale. Simultanément, nous réexaminerons tous les accords avec Israël et notamment la coopération sécuritaire", a-t-il menacé.
Depuis qu'il a obtenu le statut d'observateur à l'ONU en 2012, l'Etat de Palestine menace de rejoindre la CPI, ce qui lui permettrait de poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
Evoquant le récent accord entre son parti le Fatah, et son rival islamiste du Hamas, qui contrôle toujours Gaza, M. Abbas a d'autre part assuré que le gouvernement d'union, accepté par les deux partis, se rendrait à Gaza peu avant une conférence internationale des donateurs pour la reconstruction prévue le 12 octobre au Caire.
"L'Autorité palestinienne et le gouvernement d'union seront les seuls responsables de tout ce qui entrera à Gaza, tandis que l'ONU sera responsable de surveiller l'utilisation des matériaux de construction", a-t-il précisé.
Pourparlers secrets entre l'AP et Israël
Des responsables israélien et palestinien auraient mené des pourparlers directs et secrets à Ramallah en marge de ceux tenus au Caire, a révélé mardi soir le site israélien Ynet.
Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah aurait rencontré un haut responsable israélien et les deux hommes auraient discuté d'une série de possibles mesures humanitaires envers les résidents de la bande de Gaza, notamment l'octroi de permis d'exportation de marchandises vers la Cisjordanie, ce qui pourrait stimuler un sérieux relent de l'économie dand l'enclave palestinienne.
La possibilité pour les Gazaouis de sortir de l'enclave palestinienne pour étudier en Cisjordanie ou à l'étranger a également été soulevée, ainsi que la possibilité de permettre aux hommes de 60 ans et plus de se rendre à Jérusalem lors des fêtes musulmanes
Par ailleurs, les pourparlers au Caire mettent l'accent sur la reconstruction de Gaza, une tâche sur laquelle le Hamas et le Fatah se sont mis d'accord pour qu'elle incombe au gouvernement d'union nationale palestinien. Les négociations portent également sur l'exportation des produits de Gaza à l'étranger et sur l'avenir de l'ouverture et du contrôle des postes frontaliers.
Des responsables israéliens ont déclaré à Ynet que la réunion n'indique aucun changement dans la politique israélienne et qu'aucun détail additionnel de sera fourni.
Police palestinienne
Dimanche, des dirigeants palestiniens ont confié au site israélien Walla! qu'un accord de principe avait été conclu entre le Hamas et le Fatah pour le déploiement de 3.000 policiers de l'Autorité palestinienne (AP) dans la bande de Gaza. Les policiers devraient être envoyés le long de la frontière avec Israël et de celle entre Gaza et l'Egypte, ainsi qu'aux passages frontaliers.
Cependant, les sources ont souligné que les détails techniques de l'accord n'ont pas encore été exposés ni discutés avec Israël, qui est censé approuver le transport à partir de Ramallah de milliers de policiers palestiniens sur son territoire vers la bande de Gaza.
Un haut responsable du Hamas, Moussa Abou Marzouk, et le chef de la délégation du Fatah, Azzam al-Ahmad, ont confirmé qu'un accord avait été conclu après deux jours de discussions au Caire. "Le gouvernement d'unité supervisera les points de passage (...) pour faciliter la reconstruction de la bande de Gaza", avait alors déclaré Abou Marzouk.
Il avait ajouté que les deux factions ont convenu de créer un mécanisme pour permettre l'entrée de matériaux de construction dans la bande de Gaza.
Les deux mouvements ont également trouvé une «solution au problème des salariés", selon les propos d'Abou Marzouk, se référant aux accusations du Hamas selon lesquelles l'AP n'avait pas payé les employés du gouvernement à Gaza.