Les organisations de droits humains et les associations de défense des droits des prisonniers ont recensé plusieurs centaines de moyens de tortures utilisés contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes pendant les interrogatoires.
- Les méthodes sont multiples : passages à tabac, placer les prisonniers sous l’eau froide puis l’eau chaude, les menotter ou immobiliser de longues périodes avec les bras attachés dans le dos, les attacher à une porte ou une fenêtre pour de longues périodes de temps, souvent des heures...
Selon Fouad Khuffash, le directeur du Centre Ahrar d’étude des prisonniers et des droits humains, la torture peut être divisée en deux catégories : physique et psychologique. Pour certains, la torture psychologique est moins préjudiciable que la torture physique, mais les cicatrices mentales laissées par les deux sortes de torture peuvent être à l’origine de traumatismes durables.
Khuffash ajoute : "La torture dans les prisons israéliennes est systématique et commence avec l’arrestation du prisonnier, pas avec son interrogatoire. Elle est pratiquée selon des méthodes étudiées pour répondre au cas du détenu et à la nature de son dossier. Les officiers du renseignement se relayent, chacun jouant le rôle qui lui est assigné."
Selon Fahd Abu Al-Hajj, le directeur du Centre Abu Jihad des Affaires des Prisonniers à l’Université de Jérusalem, 73 méthodes d’interrogatoire sont considérées comme "très populaires" dans les prisons israéliennes. Ces techniques témoignent de la barbarie et du manque de respect des principes de base des droits humains, a-t-il déclaré.
Il a ajouté : "La preuve en est qu’un grand nombre de prisonniers meurent pendant les interrogatoires, le dernier d’entre eux étant Raed Al-Jabari."
Al-Hajj pense que l’usage de la torture par les services secrets israéliens est systématique et qu’aucun prisonnier dans aucune prison n’y échappe.
Selon lui, les prisonniers sont passés à tabac, douchés alternativement à l’eau brûlante et glacée, attachés pendant de longues heures, les mains menottées derrière le dos, à une fenêtre ou une porte ; on les fait aussi asseoir sur des chaises pour les battre avec des bâtons jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance ; ces bastonnades visent les endroits sensibles du corps provoquant des blessures qui mettront des années à guérir quand elles engendrent pas des maladies chroniques.
L’organisation israélienne des droits humains, B’Tselem, dit, dans son rapport, que 105 moyens de torture qui sont utilisés contre les détenus palestiniens, constituent de sévères violations des droits humains. Un comité des droits humains de l’ONU dit que la torture dans les prisons israéliennes "traverse la ligne rouge", et précise que les Israéliens ne reculent pas devant des méthodes aussi brutales que briser le dos des prisonniers, leur arracher les doigts et leur tordre les testicules.
Les Renseignements israéliens basent la torture des détenus sur de soi-disant instructions secrètes approuvées en 1987, après le déclenchement de la première Intifada. Ces directives les autorisent à appliquer une pression physique et psychologique "modérée" sur les prisonniers. Cela a servi de couverture légale à la torture pratiquée par les agents des services secrets israéliens.
Au cours des 10 dernières années, les méthodes d’interrogatoire ont évolué : de centrale, la torture physique est devenue l’auxiliaire de tortures psychologiques d’une violence telle qu’elles laissent des traces indélébiles.
Mohammed Kilani, qui a subi de nombreux interrogatoires, dit que ce qu’il a vécu de pire c’est d’être resté plus de deux mois à l’isolement, attaché à une chaise.
Il dit aussi qu’il n’y a pas de moyen de tortures pratiqué dans quelque prison que ce soit dans le monde qui n’ait été soit conçu, soit utilisé par les autorités israéliennes à moment donné.
Selon les statistiques, environ 72 prisonniers sont morts sous la torture dans les prisons israéliennes depuis 1967, sur un total de plus de 200 prisonniers morts en prison.
Le premier prisonnier mort sous la torture a été Yousef Al-Jabali le 4 janvier1968 dans une prison de Naplouse. Beaucoup d’autres prisonniers sont morts depuis dans les mêmes circonstances, comme Qassem Abu Akar, Ibrahim Al-Rai, Abdul Samad Harizat, Attia Za’anin, Mustafa Akkawi et d’autres, jusqu’au dernier en date, Arafat Jaradat.