Le séisme qui a touché les habitants de la frontière de la bande de Gaza a arrêté le temps à leurs yeux après avoir perdu les refuges de l’été de l’hiver. La moitié d’entre eux sont toujours réfugiés, et l’autre moitié a pris sur elle et a décidé de construire des grottes et ont planté des tentes offertes par la Croix rouge.
Si l’on décide de ne pas emprunter l’entrée est d’Abu Hamam, située sur les frontières, c’est que l’on est à des dizaines de mètres des frontières. Le plus surprenant c’est les centaines d’oiseaux blessés qui rodent au-dessus et autour du tas de déchets tout près des frontières.
Il ne manque plus que les cris de loup pour rendre l’endroit encore plus effrayant. Les restes de maisons détruites rappellent de tristes souvenirs écrasés par les engins de l’occupation. Arrivé aux quartiers proches des bases miliaires, qui n’est pas ce qu’il y a de plus facile, l’odeur de la mort qui provient des chemins de terre est frappante.
Le quartier Abu Hamam, à l’est de la zone frontalière est une zone qui a été dévastée lors de la dernière guerre contre Gaza et a échappé aux médias ce qui suscite la colère de ses habitants qui commencent à revenir petit à petit malgré la destruction de leurs maisons.
Lors de la guerre contre Gaza, 20 000 maisons ont été totalement détruites par l’occupation et 40 000 autres ont été partiellement détruites. L’occupant refuse toujours l’ouverture des passages et l’entrée des matériaux de construction pour reconstruire la ville.
Des grottes et des tentes
Ceux qui reviennent aux décombres de leurs maisons se préparent à vivre le choc et à accepter la situation avec la venue de l’hiver. Ceux dont la maison a été complétement détruite ont planté des tentes et des cabanes en plastique, et ceux dont la maison a été partiellement détruite ont acheté une petite quantité de ciment pour réparer ce que la guerre a détruit.
Le citoyen Khamiss Allouh, 40 ans, affirme qu’il a fourni beaucoup d’efforts et d’argent pour construire une cabane constituée de quelques branches et de bouts de plastiques tout près des oliviers qui entouraient sa maison qui n’ont pas été épargnée par l’occupation, ni même les oiseaux qu’il élevait depuis des années.
Il ajoute au CPI : "notre maison a déjà été bombardé par le passé, mais jamais je n’ai cru que la maison serait entièrement détruite, quand je suis revenu après la guerre je n’ai pas su retrouver ma maison. Toutes nos affaires sont sous les décombres. C’est avec beaucoup d’effort que nous avons sorti des draps, des linges de maison et des habits avec lesquels nous nous protégeons du froid avec l’arrivée de l’hiver".
Khamiss Allouh a quasiment fini tous les préparatifs de sa nouvelle cabane, il n’est pas sur qu’elle tiendra avec les tempêtes de l’hiver mais, comme il le déclare, il est contraint d’y habiter après en avoir eu assez de vivre dans les écoles et les agences de secours qui abritent encore ses parents.
Ses quatre filles, dont la plus grande n’a pas fêté ses 7 ans, posent beaucoup de questions sur la télévision, le réfrigérateur. Leur père les avait convaincues, avant notre arrivée, de ne plus poser de questions et de cesser les recherches des poupées, après avoir retrouvé plusieurs de leurs jouets.
Un lit et des dépenses
Ce qui dérange le plus Oum Charif, voisine de Khamiss, c’est les chats qui se sont répandus dans le quartier juste après leur retour. Ce n’est pas le fait que ces chats abiment la nourriture et polluent l’endroit qui l’a dérange mais plutôt le fait d’abimer ce qui a couté des milliers de Shekels et beaucoup d’efforts.
Elle ajoute au CPI : « nous avons fui nos maisons après les bombardements de mi-ramadan et nous y sommes retournés à la fin de la guerre. Nous n’avions plus reconnu les limites de nos maisons au milieu des tas de destructions. Comme vous le voyez nous avons commencé il y a quelques jours à construire des cabanes en bois et en nylon. Ces chats grimpent sur nos cabanes et font des trous qui feront rentrer la pluie en hiver »
Oum Charif a l’air agacée du niveau des prix, son mari est chômeur et ses 7 enfants ont besoin d’argent pour payer les transports qui les emmènent à l’école chaque jour. Elle s’est retrouvée avec 5000 Shekels (1000 euros) qu’elle a obtenus après un long effort, pour construire un lieu pour dormir, tout près de sa maison détruite.
Elle poursuit : « j’avais une maisons avec plusieurs pièces, une cuisine et un salle de bain. Maintenant je vis dans une cabane en plastique et j’ai besoin d’habits d’hiver après que l’occupation a brulé les habits d’enfants. Je veux que l’on me donne un lit pour l’hiver et que l’on me reconstruise ma maison. J’ai peur de cette cabane qui ne nous protégera pas du froid et des pluies de l’hiver »
De nouveaux endettements
Avec beaucoup de tristesse, Mohamed Allouh, 33 ans, parle de son studio qu’il avait habité il y a moins d’un an et qui lui avait couté 22 000 dollars. Il a encore une dette de 5000 dollars… Il y a quelques jours, il s’est de nouveau endetté de 1000 dollars de plus pour construire une simple maison près de ses proches et de ses voisins.
La Croix rouge a offert à son père une tente qu’il a montée à l’entrée du quartier dévasté pour montrer aux institutions humanitaires et aux associations de bienfaisance de l’ampleur de leurs souffrances. Mais Mohamed n’a pas eu la chance d’avoir une tente il a donc décidé de construire une pièce en plastique comme ses voisins.
Je suis en colère car nous n’avons pas eu le droit aux aides. Nous sommes une zone marginalisée ignorée par les institutions. Les obus ont détruit ma maison, maintenant, comme mes voisins je vis dans un refuge temporaire mais je n’ai ni de lit ni de couvertures pour mes enfants… ni même d’habits »
Avec l’arrivée de l’hiver dans les zones frontalières dans lesquels des milliers de maison ont été détruites par l’occupation depuis les chaudes journées de l’été, les cabanes de cuivre et de plastiques se multiplient. Elles sont habitées par de nombreux citoyens qui ont préféré rester près des décombres de leurs maisons et de leurs jardins dévastés. Les habitants de la bande de Gaza attendent toujours la reconstruction de leurs maisons détruites par l’occupation.