Moins d'une semaine après avoir accepté un cessez-le-feu à Gaza, Israël a annoncé dimanche sa décision de s'approprier 400 hectares de terres en Cisjordanie, en représailles à l'un des évènements déclencheurs de la guerre.
Israël a décidé de déclarer propriété de l'État israélien ces 400 hectares proches de la colonie de Gva'ot, dans les environs de Bethléem, en réaction au meurtre de trois jeunes Israéliens en juin dans le secteur, a indiqué l'armée dans un communiqué.
Les parties concernées ont 45 jours pour faire appel, a-t-elle précisé.
Il s'agit d'une décision qui revient à une confiscation «sans précédent» par son ampleur depuis les années 1980, s'est alarmée l'organisation anticolonisation «La Paix maintenant», les responsables palestiniens décriant pour leur part un nouvel affront israélien.
Les parties concernées ont 45 jours pour faire appel, a-t-elle précisé.
Il s'agit d'une décision qui revient à une confiscation «sans précédent» par son ampleur depuis les années 1980, s'est alarmée l'organisation anticolonisation «La Paix maintenant», les responsables palestiniens décriant pour leur part un nouvel affront israélien.
C'est la première annonce du genre rendue publique depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 8 juillet.
La guerre a parachevé un cycle de violences israélo-palestiniennes provoquées par l'enlèvement, le 12 juin, de trois adolescents près de Gush Etzion, un bloc de colonies situé en zone entièrement sous contrôle israélien à une dizaine de kilomètres au sud de Bethléem. Gva'ot fait partie de Gush Etzion.
Les trois étudiants d'écoles religieuses ont été retrouvés morts le 30 juin. Israël a attribué leur meurtre au Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle la bande de Gaza et qui est aussi présente en Cisjordanie. Le Hamas nie et dit que, si des membres du Hamas sont impliqués, lui-même n'a jamais été informé de leur projet.
Les Palestiniens indignés
La poursuite de la colonisation (la construction d'habitations civiles dans les territoires occupés ou annexés par Israël depuis 1967) est largement considérée comme une entrave majeure aux efforts déployés depuis des décennies pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Sous le premier ministre Benyamin Nétanyahou depuis 2009, le nombre d'unités (logements ou maisons) construites est passé de 1500 ou 1800 les années précédentes à 2000 ou 2500, dit «la Paix maintenant». Le mouvement s'est par ailleurs propagé vers l'est et l'intérieur de la Cisjordanie, selon Hagit Ofran, une responsable de l'association israélienne qui milite pour la fin du conflit israélo-palestinien.
La décision annoncée dimanche «ne fera que détériorer encore davantage la situation», a déploré Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, rappelant que la communauté internationale considérait comme illégales les colonies en territoire occupé.
Le négociateur palestinien Saëb Erakat a fustigé d'un même trait la guerre dans la bande de Gaza et la poursuite de la colonisation comme «des crimes (qui) anéantissent toute perspective de solution à deux États (israélien et palestinien coexistant côte à côte) en même temps que le processus de paix».
La décision d'accaparer ces 400 hectares est une «punition collective infligée aux Israéliens que l'on éloigne encore davantage d'une perspective de paix avec deux États pour deux peuples», a réagi Hagit Ofran.
Vers une «nouvelle ville»?
Selon elle, l'appropriation est fondée sur une loi ottomane de 1858 en vertu de laquelle l'État peut récupérer des terres non occupées et non cultivées.
Pour Mme Ofran, le synchronisme, quelques jours après le cessez-le-feu accepté avec le Hamas dans la bande de Gaza, n'est pas anodin. Il donne l'impression que «le langage qu'Israël comprend est celui de la violence (exercée par le Hamas), c'est à mes yeux un dangereux message adressé aux Palestiniens».
Elle redoute que la colonisation ne s'intensifie encore avec un premier ministre soumis selon elle à la pression de sa droite et des maigres gains de la guerre à Gaza.
Le conseil des colonies de Gush Etzion a, lui, salué dans un communiqué l'annonce faite dimanche comme le prélude à l'expansion de Gva'ot et à la naissance d'une «nouvelle ville».
Gush Etzion fait partie de ces blocs de colonies que les Israéliens entendent bien conserver dans toute éventualité de règlement avec les Palestiniens.
Environ 60 000 personnes y vivent, selon «la Paix maintenant», mais seulement 10 à 15 familles à Gva'ot.
Au total 350 000 colons vivent en Cisjordanie et environ 200 000 à Jérusalem-Est, selon l'ONG.