lundi 1 septembre 2014

Gaza a gagné la guerre et les Palestiniens sont en droit de célébrer

Gaza a triomphé et il le méritait tout particulièrement à une époque où les défaites s’accumulaient et où les complots contre le pays et sa foi se multipliaient. Une fois de plus, je remercie Gaza et ses martyrs…

JPEG - 75.1 ko
Ramallah, au lendemain de la proclamation du cessez-le-feu, manifeste son soutien à la résistance palestinienne - Photo : AA
Gaza a tout à fait le droit de célébrer sa victoire. De la même manière tout le peuple palestinien et les nations arabes et islamiques ont le droit de célébrer non seulement la fin de l’agression mais aussi la victoire des Gazaouis et la défaite des agresseurs et de tous ceux qui les soutenaient. Parmi ces derniers, il y a les Arabes qui sont restés silencieux et les Arabes qui attendaient, avec espoir, que les avions et les tanks de Netanyahou écrasent ce qu’il y a de plus honorable dans ce pays : sa résistance et son courage.
La résistance avec toutes ses factions a été victorieuse parce qu’elle a réussi à effrayer 6 millions d’Israéliens qui ont été obligés de passer la plus grande partie de leur temps dans des abris anti-atomiques par peur des roquettes. Aucun autre gouvernement arabe n’y était parvenu.
La résistance a aussi réussi à augmenter sa capacité de dissuasion d’une manière importante et elle a démontré une efficacité et une adresse au combat à laquelle ne s’attendaient pas du tout les Israéliens ni leurs amis arabes.
Israël s’est habitué, au fil des guerres précédentes, à la capitulation des Arabes dès le premier raid ou à leur fuite en masse vers les refuges les plus proches.
Cette fois-ci, c’est le contraire qui s’est produit, et c’est cela le miracle. La résistance n’a pas une seule fois agité le drapeau blanc, elle ne s’est pas laissée intimider par les avions de guerres F-16 made in USA ni par l’arsenal dernier cri d’extermination israélien. Les Palestiniens de la bande de Gaza ne se sont pas enfuis - ils ne l’auraient pas fait non plus si tous les postes frontière du monde avaient été ouverts - et ils n’ont pas essayé de forcer le bouclage égyptien parce qu’ils avaient décidé de mourir en martyrs dans les ruines de leurs villes, s’il le fallait.
Ce sont les colons israéliens des colonies du nord de Gaza qui se sont enfuis de chez eux après l’opération Nahal Oz* qui les a terrorisés. Toutes les certitudes de la défense israélienne ont été balayées par cette opération pendant laquelle des combattants de la Résistance ont surgi des tunnels pour tuer les soldats israéliens, tout en enregistrant calmement cette entreprise héroïque comme si c’était un pique nique.
La victoire a été obtenue non seulement grâce au courage du peuple palestinien et de ses forces de résistance, mais aussi grâce aux négociateurs qui ont fermement et bravement résisté à toutes les pressions et qui sont restés fidèles aux légitimes demandes palestiniennes : lever le siège, ouvrir les frontières, éliminer la zone tampon qui empêche les paysans de cultiver leurs terres, étendre la zone de pèche à 12 miles marins et engager rapidement des pourparlers sur la reconstruction de l’aéroport et d’un port.
Netanyahou a échoué et son avenir politique est compromis par cette humiliation. C’est Gaza qui a vaincu Alexandre le Grand, et exactement comme ils avaient vaincu son prédécesseur Olmert, ils ont vaincu Netanyahou et son gouvernement, et les ont couvert de honte.
Que va dire Netanyahou aux colons israéliens, hantés par la crainte des roquettes de la résistance, à qui il avait promis de faire cesser les tirs de roquettes qui pourtant n’ont pas cessé de pleuvoir jusqu’à la dernière minute avant le cessez-le-feu, et comment va-t-il justifier son échec à détruire les tunnels de la résistance, à la désarmer et à l’éliminer complètement ?
Il n’est pas étonnant que les ministres de son cabinet ne s’entendent pas sur le fait d’accepter ou de refuser le cessez-le-feu, car ils se rendent compte qu’ils ont perdu la guerre et que leurs électeurs vont leur lancer des chaussures parce que cette guerre n’a atteint aucun de ses objectifs. Tout ce qu’ils ont obtenu c’est d’être considérés comme des criminels de guerre qui vont bientôt avoir des comptes à rendre devant la Cour Pénale internationale.
Israël a perdu l’opinion publique internationale, en tous cas, la plus grande partie, et ne pourra plus tromper personne dans l’avenir comme il l’a fait par le passé. Le monde entier a vu à la TV - ou en a entendu parler à la radio - les corps déchiquetés des enfants dont les maisons ont été bombardées, les vieillards dont les refuges ont été démolis et les hôpitaux qui ont été bombardés avec les blessés dedans ; les images ne mentent pas.
Ceux qui ont fabriqué les roquettes, construit les tunnels et montré des nerfs d’acier tout au long de ces 51 jours d’agression sont les héros de Gaza. Des héros qui ont aussi manifesté un haut niveau de morale et d’éthique dans le combat : ils n’ont pas tué d’enfants israéliens, ils n’ont tué que des soldats, à la différence des soldats israéliens qui ont ciblé principalement des enfants.
Les chefs de la résistance et leurs hommes ont été victorieux à Gaza parce qu’ils ont été formés dans des académies militaires où on apprend la dignité, l’estime de soi et la persévérance, à la différence de celles qui enseignent la lâcheté, la déception et la peur de l’ennemi, fréquentées par les leaders arabes, leurs fils et leur généraux à la poitrine pleine de fausses médailles.
Merci au peuple de Gaza et merci aux martyrs et aux blessés qui nous ont appris ce que veut dire se sacrifier pour la mère patrie, comme ils nous ont appris à nous reposer sur nous-mêmes et à refuser de confier notre sort aux leaders arabes et à leurs armées à qui le sens de l’honneur et de la dignité fait désormais défaut.
Merci à la femme de Gaza qui est venue du quartier de Shujaya détruit par l’aviation israélienne, et qui a perdu sa maison et ses enfants bien aimés, ses voisins et toute sa famille ; cette femme incarne toutes les mères, les soeurs et les grand-mères des martyrs, qui en dépit de toutes leurs souffrances , sont sorties saluer la résistance et ses combattants et célébrer une victoire qui a coûté tant de vies, demandé tant de sang et exigé tant de courage.
Félicitations à Gaza pour cette victoire qui sera le prélude d’une victoire plus grande encore. Les roquettes sont toujours là et les cerveaux qui ont fabriqué les roquettes, construit les tunnels, planifié et mené les combats sont toujours là et ils feront de nouveaux miracles qui stupéfieront Israël et seront bien plus dangereux encore pour Israël.
La culture de la résistance est de retour, plus forte que jamais, et une nouvelle génération de chefs a émergé des ruines. Cette génération supplantera toute les précédentes, chassera les “dinosaures” qui lui barrent la route, et mènera la nation à la reconquête, du Jourdain jusqu’à la mer, de ses droits légitimes, pour établir un état unifié et tolérant dans lequel tous pourront co-exister dans la justice et l’égalité.
Gaza a triomphé et il le méritait tout particulièrement à une époque où les défaites s’accumulaient et où les complots contre le pays et sa foi se multipliaient. Une fois encore, je remercie Gaza, son peuple, ses martyrs et tous les grains de sable de sa plage, témoins des défaites de tous ceux qui ont envahi Gaza au cours des siècles.
Notes :
https://www.youtube.com/watch?v=uDR...
JPEG - 3.2 ko
Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du site Raialyoum. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.
http://www.raialyoum.com/?p=144322
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet