jeudi 28 juillet 2011

Les sionistes parviendront-ils à faire officialiser leur histoire mythologique ?

France - 28 juillet 2011
Par Youssef Girard
Après trois semaines d’atermoiements, les éditions Hachette Education se sont finalement résolues à remettre en vente les manuels scolaires d’histoire destinés aux classes de Première et de Quatrième contestés par diverses organisations sionistes (1). L’éditeur a décidé de résister aux pressions de ceux qui souhaitaient transformer les manuels d’histoire, destinés aux collèges et aux lycées français, en relais de la propagande sioniste.
Contre le refus des éditions Hachette Education de se plier aux injonctions sionistes, le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), présidé par Sammy Ghozlan, a décidé de solliciter l'arbitrage du Ministère de l’éducation nationale. Le BNVCA demande au Ministère « de faire retirer les manuels incriminés » (2) afin qu’il officialise l’enseignement de la mythologie sioniste - celle d’« un peuple sans terre pour une terre sans peuple » – dans les programmes d’histoire des collèges et des lycées français.
Pour l’association Europe-Israël qui est à l’origine de l’offensive sioniste contre les éditions Hachette, Jean-Marc Moskowicz appelle « l'ensemble de la communauté juive », « l'ensemble des amis d'Israël »  et « l'ensemble des professeurs » à boycotter les manuels scolaires d’Hachette Education et à se tourner vers « les manuels d'autres éditeurs beaucoup plus sérieux et surtout beaucoup plus neutres » (3).
Ne s’arrêtant pas à demander le retrait des manuels scolaires des éditions Hachette, ces organisations s’attaquent aussi à l’éditeur. Dans son communiqué, le BNVCA accuse, entre autre, Hachette d’être un « relai de la propagande palestinienne » et d’inciter « à la haine ». Pour Europe-Israël, Hachette, en refusant de se plier aux injonctions sionistes, mène une « propagande anti-israélienne ».
Bien plus, ces organisations sionistes accusent les éditions Hachette d’antisémitisme. Ainsi, le BNVCA parle de la réapparition de L’Enseignement du mépris (4) en référence au célèbre ouvrage de l’historien Jules Isaac traitant des origines chrétiennes de l'antisémitisme. Selon Jules Isaac, l’antisémitisme chrétien était transmis aux enfants par le catéchisme. Pour le BNVCA, les manuels d’Hachette s’inscriraient dans cette tradition de l’enseignement de l’antisémitisme chrétien. « Ce nouvel enseignement de la haine », trouverait, selon le BNVCA, « son vecteur dans un parti pris pour la seule cause palestinienne ».
Instrumentalisant la mémoire de la lutte contre l’antisémitisme, l’association Europe-Israël menace Hachette de publier des « révélations » sur son passé et sur « ses vieilles "amitiés" particulières qui expliquent peut-être ce type de positions anti-israéliennes ».
Outre ces accusations d’antisémitisme, le BNVCA affirme étudier, avec « ses conseils », « l'opportunité d'une procédure pénale contre Hachette » et « contre les auteurs des textes ». Ces propos relèvent plus de la menace que d’autre chose car il sera très difficile, pour le BNVCA, d’engager une procédure contre les éditions Hachette et les auteurs des manuels incriminés puisque ceux-ci ne font que raconter un moment de l’histoire de la Palestine. L’association Europe-Israël se montre plus menaçante à l’égard de l’éditeur puisqu’elle promet « d'autres actions contre la société Hachette ».
La Ligue de Défense Juive (LDJ) ayant déjà mené une expédition « musclée » contre les éditions Hachette, nous pouvons nous poser des questions sur la nature des futures « actions » évoquées par l’association Europe-Israël (5).
Au-delà de ces accusations et de ces menaces, les organisations sionistes démontrent, par leur activisme portant sur le contenu des manuels scolaires, qu’elles ont très bien compris l’enjeu représenté par l’enseignement de l’histoire. Significativement, le BNVCA évoque, dans son communiqué, les « enfants et adolescents perméables à toute information avec un statut officiel ». Ces organisations savent pertinemment que l’officialisation de la mythologie sioniste dans les programmes de l’éducation nationale française est une garantie durable de la délégitimation des revendications historiques du peuple palestinien et de ceux qui, en France, les soutiennent.
Chaque année, plusieurs centaines de milliers d’élèves étudient l’histoire dans les collèges et les lycées français. Si les organisations sionistes parviennent à faire officialiser leur mythologie par le Ministère de l’éducation nationale, alors des centaines de milliers d’élèves seront soumis à cette propagande et à travers eux des millions de foyers. Après cela, il deviendra très difficile, pour les soutiens de la Palestine en France, d’expliquer à des millions de personnes que ce qui leur a été enseigné par leurs professeurs n’est qu’une mythologie ne reposant sur aucun fondement historique réelle. L’officialisation de la mythologie sioniste dans les collèges et les lycées serait un des plus durs coups portés au soutien à la Palestine en France.
En conséquence, la question du contenu des manuels scolaires devraient être au centre de la mobilisation de tous ceux qui, en France, veulent soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour faire aboutir ses revendications historiques légitimes.
(1) Girard Youssef, « Les sionistes chargés de réécrire l’histoire de la Palestine pour les lycées français », ISM-France, 10 juillet 2011
(2) « Le BNVCA demande l’arbitrage du Ministre de l’Éducation Nationale suite à la décision des Editions Hachette de remettre en vente des manuels d’histoire contestables et contestés, perçus comme des relais de la propagande palestinienne », BNVCA, 22 juillet 2011
(3) Moskowicz Jean-Marc, « France: l’éditeur Hachette refuse de corriger les manuels scolaires anti-israéliens ! », Europe-Israël, 22 juillet 2011
(4) Isaac Jules, L’Enseignement du mépris, Paris, Ed. Fasquelles, 1962. Notons que Jules Isaac fut l’auteur, avec Albert Malet, d’une célèbre collection de manuels d’histoire, appelée « Malet et Isaac », éditée en son temps par les éditions Hachette.
(5) Hamza Hicham, « Des extrémistes pro-israéliens envahissent les locaux des éditions Hachette », Oumma.com, 14 juillet 2011