Vik2Gaza
Gaza- Ville - Partout dans le monde, la mer est une étendue d’eau qui se perd à l’horizon et pour l’œil nu, c’est une aventure infinie qui sollicite l’imagination, le désir, l’envie d’aller au-delà du sol sous nos pieds.
Sur cette terre militairement assiégée, où chaque attaque vise à miner l’autonomie de la population et la rend dépendante des « généreuses » concessions des oppresseurs, la mer est l’un des rares moyens de subsistance.
Dans la Bande de Gaza, la mer est aussi une frontière infranchissable, cela devient un chantage de la voir chaque jour, calme ou agitée, une menace hors nature pesant continuellement sur elle, complètement dépendante d’une volonté inhumaine d’accablement. La mer palestinienne de la Bande de Gaza est totalement sous le contrôle militaire de l’État d’Israël : depuis la côte, officiellement on ne peut traverser que trois miles, laissés à la discrétion des tireurs en service sur les bateaux israéliens.
Ce matin, le Convoi « Restons humains » a rencontré les associations de pêcheurs qui se coordonnent quotidiennement pour lever l’ancre à l’aube et retrouver leur mobilité dans les eaux sous occupation. Bien que les traités internationaux prévoient la souveraineté d’un État jusqu’à vingt miles marins, l’état de siège vécu en Palestine oblige les pêcheurs, environ 4000, à s’arrêter à l’intérieur des trois miles, en subissant de nombreuses attaques de la part de l’armée, ayant pour conséquence des arrestations, 150 dans les dernières années, des blessés, des morts et la saisie des bateaux.
Ces opérations militaires, et non des moindres, l’attaque « Plomb Durci », continuent à polluer les eaux et à empoisonner les poissons de la Méditerranée, ce qui rend l’une des principales activités de cette bande de terre encore plus difficile, et empêche toute activité sportive en mer, comme nous le rappelle un syndicaliste représentant des pêcheurs.
La rencontre se termine devant un port rempli de petites embarcations, chacune marquée par une nouvelle histoire de résistance ; parmi celles-ci, nous apercevons OLIVA, le petit bateau dédié à Vittorio Arrigoni, ayant levé l’ancre quelques jours après sa mort, qui continuera à effectuer les opérations de monitoring, assistance et interposition qu’il pratiquait, guidé par l’idée d’une Méditerranée sans frontière, où chaque personne serait libre de se déplacer et d’atteindre de nouvelles terres. Le bateau OLIVA, comme toutes les activités menées par Vik, aura le soutien des réalités prenant part au convoi, tout comme celui des comités populaires contre le mur et les colonies ayant permis la réalisation de ce rêve, inauguré durant le premier jour de la conférence sur la résistance populaire à Bil’in.
Pour le Convoi, la journée se poursuit vers deux des plus importants centres médicaux de Gaza ville, et sur la route, nous avons la chance de croiser et de traverser un cortège promu par les réseaux d’artistes contribuant chaque jour à la Résistance du peuple palestinien. Leur accueil est aussi chaleureux que celui auquel nos frères et sœurs palestiniens sont en train de nous habituer.
Le premier hôpital que nous visitons est le Shifa Hospital, nous le trouvons en pleine activité. Il s’agit de la structure qui, pendant les assauts militaires, secourt et soigne les personnes blessées par arme à feu. Après l’opération « Plomb Durci », cet hôpital a mené des recherches sur les conséquences à long terme des armes non conventionnelles utilisées par l’armée israélienne dans ce qu’elle considère désormais comme son laboratoire à ciel ouvert.
Bien que l’occupation mette en danger son autonomie énergétique, le travail précieux que l’équipe médicale réalise quotidiennement confirme que le Shifa Hospital reste le seul centre capable de prêter assistance aux personnes souffrant de stérilité suite à l’utilisation du phosphore blanc par Israël.
Le deuxième hôpital que nous visitons est l’Alawda Hospital, situé à l’intérieur du camp de réfugiés de Jabaliya. Cette structure, financée totalement par les organisations non gouvernementales, a assisté 500 personnes pendant l’opération « Plomb Durci », avec la participation active des bénévoles de l’ISM, dont Vittorio, à l’intérieur des ambulances.
Jabaliya Camp accueille le Convoi avec l’enthousiasme de centaines de personnes parmi les 190.000 encore forcées à vivre dans un espace de 1,4 km carrés ; l’un des habitants les plus âgés nous fait les honneurs de la maison. C’est par un match de football, fini étrangement à égalité, que nous nous saluons avec la promesse de revenir bientôt. Without your freedom, we’ll never be free !
14 mai 2011 - Vik2Gaza - Vous pouvez consulter cet article à :
http://vik2gaza.org/2011/05/14/molt...Traduction de l’italien : Y. Khamal