Par Christian Merville | 24/05/2011
Le point Barack Obama dans son discours du 19 mai au siège du département d'État : « Les frontières d'Israël et de la Palestine doivent être établies sur la base des lignes de 1967, avec des échanges décidés d'un commun accord ("mutually agreed swaps") pour l'établissement de frontières sûres et reconnues pour les deux États. » Quelques minutes plus tard, la propagande israélienne, Benjamin Netanyahu en tête, entrait en transe, tandis que la partie arabe officielle choisissait de botter en touche. La confusion était telle que des éclaircissements s'imposaient, que le président américain s'est hâté d'apporter.
Le même Obama, devant l'American Israel Public Affairs Committee (Aipac), quarante-huit heures plus tard : « Laissez-moi répéter ce que j'ai dit et non pas ce qu'on m'a fait dire. Les lignes de 1967, avec des échanges décidés d'un commun accord, cela signifie, par définition, que les deux parties elles-mêmes - les Israéliens et les Palestiniens - négocieront une frontière différente de celle du 4 juin 1967. C'est là une formule que connaissent bien tous ceux qui ont planché sur le sujet. Elle permet aux parties concernées d'assumer les changements intervenus ces 44 dernières années. ».
Le même Obama, devant l'American Israel Public Affairs Committee (Aipac), quarante-huit heures plus tard : « Laissez-moi répéter ce que j'ai dit et non pas ce qu'on m'a fait dire. Les lignes de 1967, avec des échanges décidés d'un commun accord, cela signifie, par définition, que les deux parties elles-mêmes - les Israéliens et les Palestiniens - négocieront une frontière différente de celle du 4 juin 1967. C'est là une formule que connaissent bien tous ceux qui ont planché sur le sujet. Elle permet aux parties concernées d'assumer les changements intervenus ces 44 dernières années. ».
À deux jours d'intervalle, l'homme le plus puissant du monde, le représentant de la nation qui soutient à bout de bras l'État hébreu, aura tenu à rappeler à son protégé, l'espace de quarante-cinq minutes la première fois, d'une vingtaine de minutes la seconde fois, qu'il ne pouvait continuer d'ignorer les dures réalités de la géopolitique, des changements intervenus dans l'opinion publique, de la démographie surtout. Dans les cercles proches de l'administration démocrate, on rappelle ces temps-ci que la victoire acquise quatre jours à peine après le déclenchement du blitzkrieg a permis à Tel-Aviv d'asseoir son contrôle sur la rive occidentale du Jourdain et de Gaza, sans compter la partie arabe de Jérusalem, soit des régions à forte densité arabe, avec un taux de natalité élevé, ce qui, à terme, risque de modifier l'équilibre au sein de l'entité sioniste.
Cinq mois et demi avant l'échéance présidentielle, la Maison-Blanche tente de courir plusieurs lièvres. Elle cherche en premier à se débarrasser d'une casserole proche-orientale dont elle se passerait d'autant plus volontiers qu'elle continue en sus d'avoir sur les bras l'indécollable sparadrap afghan et une guerre irakienne dont on ne voit toujours pas l'issue. Ou, à défaut d'en finir avec la question d'Orient - envisager une telle éventualité relève d'un optimisme que rien ne saurait justifier -, à tout le moins enclencher le mécanisme susceptible de nourrir un espoir de solution, même à long terme. Dans l'immédiat, on aura amené Mahmoud Abbas à revenir à la table des négociations ce qui, du même coup, éloignerait le danger d'une nouvelle crise résultant de la reconnaissance d'un État palestinien par l'Assemblée générale des Nations unies lors de la session appelée à s'ouvrir le mois prochain. Or, l'affaire se présente mal, avec notamment la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne semblant glisser dans le camp des pro-Palestiniens, ce qui laisserait les États-Unis dans l'inconfortable position d'unique défenseur de la cause israélienne.
Autant de raisons de déblayer au plus vite le terrain pour permettre au chef de l'exécutif US de se consacrer à la plus importante des batailles, celle de sa réélection, le 6 novembre 2012, placée d'ores et déjà - et cela, mieux que quiconque, les stratèges du parti le comprennent - sur le thème de l'économie, ainsi que se plaisait à le répéter jadis Bill Clinton.
Mais avant que l'on en arrive là, Barack Obama et Benjamin Netanyahu devront s'employer à dissiper la méfiance qui caractérise leurs rapports. Une mission qui demeure du domaine de l'impossible, aux dires de tous ceux qui les connaissent. La première rencontre entre les deux hommes, tenue à l'hôtel King David de Jérusalem, remonte au 23 juillet 2008, alors que le sénateur de l'Illinois briguait l'investiture de son parti. Très vite, il était apparu à leur entourage que le courant ne passait pas, tant semblait large le fossé qui les séparait. Les rapports entre eux n'ont cessé de se dégrader depuis lors, le Premier ministre israélien, droit dans ses bottes idéologiques, multipliant les rebuffades, et le président de plus en plus indisposé par la morgue de ce Monsieur Niet qui ne manquait pas une occasion de lui chercher noise et de prendre un malin plaisir à tenter de se faufiler dans la cour des grands à chaque fois que l'occasion s'en présentait.
« La communauté internationale est lasse de suivre cet interminable et stérile processus », a dit Obama dans son discours au département d'État. Dans l'assistance, affichant une mine désabusée, George J. Mitchell aurait pu faire sien le propos, lui l'infatigable négociateur qui vient, en désespoir de cause, de rendre son tablier.
Cinq mois et demi avant l'échéance présidentielle, la Maison-Blanche tente de courir plusieurs lièvres. Elle cherche en premier à se débarrasser d'une casserole proche-orientale dont elle se passerait d'autant plus volontiers qu'elle continue en sus d'avoir sur les bras l'indécollable sparadrap afghan et une guerre irakienne dont on ne voit toujours pas l'issue. Ou, à défaut d'en finir avec la question d'Orient - envisager une telle éventualité relève d'un optimisme que rien ne saurait justifier -, à tout le moins enclencher le mécanisme susceptible de nourrir un espoir de solution, même à long terme. Dans l'immédiat, on aura amené Mahmoud Abbas à revenir à la table des négociations ce qui, du même coup, éloignerait le danger d'une nouvelle crise résultant de la reconnaissance d'un État palestinien par l'Assemblée générale des Nations unies lors de la session appelée à s'ouvrir le mois prochain. Or, l'affaire se présente mal, avec notamment la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne semblant glisser dans le camp des pro-Palestiniens, ce qui laisserait les États-Unis dans l'inconfortable position d'unique défenseur de la cause israélienne.
Autant de raisons de déblayer au plus vite le terrain pour permettre au chef de l'exécutif US de se consacrer à la plus importante des batailles, celle de sa réélection, le 6 novembre 2012, placée d'ores et déjà - et cela, mieux que quiconque, les stratèges du parti le comprennent - sur le thème de l'économie, ainsi que se plaisait à le répéter jadis Bill Clinton.
Mais avant que l'on en arrive là, Barack Obama et Benjamin Netanyahu devront s'employer à dissiper la méfiance qui caractérise leurs rapports. Une mission qui demeure du domaine de l'impossible, aux dires de tous ceux qui les connaissent. La première rencontre entre les deux hommes, tenue à l'hôtel King David de Jérusalem, remonte au 23 juillet 2008, alors que le sénateur de l'Illinois briguait l'investiture de son parti. Très vite, il était apparu à leur entourage que le courant ne passait pas, tant semblait large le fossé qui les séparait. Les rapports entre eux n'ont cessé de se dégrader depuis lors, le Premier ministre israélien, droit dans ses bottes idéologiques, multipliant les rebuffades, et le président de plus en plus indisposé par la morgue de ce Monsieur Niet qui ne manquait pas une occasion de lui chercher noise et de prendre un malin plaisir à tenter de se faufiler dans la cour des grands à chaque fois que l'occasion s'en présentait.
« La communauté internationale est lasse de suivre cet interminable et stérile processus », a dit Obama dans son discours au département d'État. Dans l'assistance, affichant une mine désabusée, George J. Mitchell aurait pu faire sien le propos, lui l'infatigable négociateur qui vient, en désespoir de cause, de rendre son tablier.