Par Christian Merville | 16/12/2010
George Mitchell est un optimiste. Cela se voit, cela s'entend. Hier même, l'émissaire spécial de Barack Obama au Proche-Orient donnait l'impression de voir venir des discussions « substantielles » pour relancer un processus dont le monde entier attend l'acte de décès - dans les rares capitales du moins où l'on continue de suivre les développements d'un dossier sans rebondissements mais à tiroirs. Les raisons de ce soudain regain d'espoir ? C'est que, dit cet infatigable globe-trotter de la paix, dans un camp comme dans l'autre on voudrait voir les États-Unis poursuivre leurs efforts. Ouais...
Depuis qu'il a pris en charge ses nouvelles fonctions, le 21 janvier 2009 à 15h,heure de Washington, l'ancien sénateur a battu tous les records de mileage dans la présente administration exception faite peut-être de celui établi par Hillary Clinton. Il est parvenu ainsi à créer l'illusion d'une dynamique, bien sûr stérile et lassante à la longue, sauf pour son auteur.
Depuis qu'il a pris en charge ses nouvelles fonctions, le 21 janvier 2009 à 15h,heure de Washington, l'ancien sénateur a battu tous les records de mileage dans la présente administration exception faite peut-être de celui établi par Hillary Clinton. Il est parvenu ainsi à créer l'illusion d'une dynamique, bien sûr stérile et lassante à la longue, sauf pour son auteur.
La tactique « Andrei Gromyko » (du nom du ministre soviétique des Affaires étrangères vingt-huit années durant, surnommé Monsieur Niet à cause des fins de non-recevoir opposées à toutes les initiatives de l'Occident) s'est révélée payante en définitive. Le roseau n'a pas été emporté par la tempête ; c'est le chêne qui a plié. Dès le mois de janvier dernier pourtant, le président américain reconnaissait devant le journaliste Joe Klein l'échec de ses efforts en faveur de la formule « deux États pour deux peuples ». Il ajoutait : « Je crois que nous avons surestimé notre capacité à les persuader de s'engager sur cette voie. » Oubliées donc les belles envolées du discours du Caire et les affirmations péremptoires sur la nécessité d'un gel des colonies. L'histoire retiendra de tout cela que le leader de la plus formidable puissance depuis la Rome antique a mis un genou à terre devant l'incroyable arrogance d'un ancien videur de boîte de nuit propulsé à la tête de la diplomatie de son pays.
C'est que le successeur de George W. Bush n'a pas voulu se doter des moyens de sa politique. Bush père n'avait pas hésité, quand il le fallait, à bloquer l'octroi à Tel-Aviv d'un aide de dix milliards de dollars. « Je suis un petit homme bien seul face à de puissantes forces politiques composées d'un millier de lobbyistes à Capitol Hill », avait-il lancé, sans crainte de se mettre à dos, entre autres, la toute-puissante Aipac. Ce fut là l'un des facteurs qui lui coûtèrent son élection et la leçon a été retenue par ses successeurs. Mais, dirait Cyrano de Bergerac, quel geste !
Au lieu de quoi on observe ces dernières semaines une désolante apathie au niveau de l'action, une mollesse dans le propos qui démentent les interventions oratoires passées. Oui, le 44e chef de l'exécutif US s'est montré incapable de faire bouger les choses. Oui, sa secrétaire d'État a vu dans la promesse d'un gel « temporaire » de quelques maigres points de peuplement en Cisjordanie, alors que la construction était appelée à se poursuivre à Jérusalem-Est, une concession « sans précédent ». Non, il n'a jamais voulu voir ce qui était pour tous une évidence : le rejet de toute idée de solution négociée d'un conflit vieux de soixante-deux ans. Non, il n'a jamais tenté le moindre geste pour rapprocher, à tout le moins en apparence, le Premier ministre israélien et le chef de l'Autorité palestinienne, prisonniers le premier de son aide ultra, le second des extrémistes du Hamas.
Les résultats sont là : des perspectives de règlement dont l'évocation même a disparu du calendrier diplomatique international, un chef de gouvernement israélien prisonnier pour longtemps encore de ses alliés au sein de sa coalition et, face à lui, un Abou Mazen encore plus affaibli que par le passé, un monde arabe raspoutinisé par le danger perse (relisez certains documents divulgués par WikiLeaks...) comme un lapin par le serpent, une Amérique « tigre de papier », une Europe à la traîne, engluée dans ses problèmes de croissance. Et une Hillary Clinton qui se remet à exhorter les uns et les autres à s'attaquer « sans plus tarder » aux questions de fond. Une sommation qui n'a pas causé des sueurs froides dans les deux camps.
Au Caire, pendant ce temps, le comité de suivi de la Ligue arabe se réunit aujourd'hui, en présence de Abbas, « pour examiner la marche à suivre après l'échec des efforts américains », a-t-il fait savoir sans rire. Au Caire encore, George Mitchell, toujours lui, rencontre Hosni Moubarak, lequel entre-temps aura vu le successeur de Yasser Arafat, flottant dans un habit trop grand pour lui.
On veut bien faire semblant de croire que l'inusable Dennis Ross, hier en Israël, saura épauler l'autre émissaire yankee. Mais qui donc soutiendra Obama le jour où il se décidera à passer à l'action ?
C'est que le successeur de George W. Bush n'a pas voulu se doter des moyens de sa politique. Bush père n'avait pas hésité, quand il le fallait, à bloquer l'octroi à Tel-Aviv d'un aide de dix milliards de dollars. « Je suis un petit homme bien seul face à de puissantes forces politiques composées d'un millier de lobbyistes à Capitol Hill », avait-il lancé, sans crainte de se mettre à dos, entre autres, la toute-puissante Aipac. Ce fut là l'un des facteurs qui lui coûtèrent son élection et la leçon a été retenue par ses successeurs. Mais, dirait Cyrano de Bergerac, quel geste !
Au lieu de quoi on observe ces dernières semaines une désolante apathie au niveau de l'action, une mollesse dans le propos qui démentent les interventions oratoires passées. Oui, le 44e chef de l'exécutif US s'est montré incapable de faire bouger les choses. Oui, sa secrétaire d'État a vu dans la promesse d'un gel « temporaire » de quelques maigres points de peuplement en Cisjordanie, alors que la construction était appelée à se poursuivre à Jérusalem-Est, une concession « sans précédent ». Non, il n'a jamais voulu voir ce qui était pour tous une évidence : le rejet de toute idée de solution négociée d'un conflit vieux de soixante-deux ans. Non, il n'a jamais tenté le moindre geste pour rapprocher, à tout le moins en apparence, le Premier ministre israélien et le chef de l'Autorité palestinienne, prisonniers le premier de son aide ultra, le second des extrémistes du Hamas.
Les résultats sont là : des perspectives de règlement dont l'évocation même a disparu du calendrier diplomatique international, un chef de gouvernement israélien prisonnier pour longtemps encore de ses alliés au sein de sa coalition et, face à lui, un Abou Mazen encore plus affaibli que par le passé, un monde arabe raspoutinisé par le danger perse (relisez certains documents divulgués par WikiLeaks...) comme un lapin par le serpent, une Amérique « tigre de papier », une Europe à la traîne, engluée dans ses problèmes de croissance. Et une Hillary Clinton qui se remet à exhorter les uns et les autres à s'attaquer « sans plus tarder » aux questions de fond. Une sommation qui n'a pas causé des sueurs froides dans les deux camps.
Au Caire, pendant ce temps, le comité de suivi de la Ligue arabe se réunit aujourd'hui, en présence de Abbas, « pour examiner la marche à suivre après l'échec des efforts américains », a-t-il fait savoir sans rire. Au Caire encore, George Mitchell, toujours lui, rencontre Hosni Moubarak, lequel entre-temps aura vu le successeur de Yasser Arafat, flottant dans un habit trop grand pour lui.
On veut bien faire semblant de croire que l'inusable Dennis Ross, hier en Israël, saura épauler l'autre émissaire yankee. Mais qui donc soutiendra Obama le jour où il se décidera à passer à l'action ?