[ 03/12/2010 - 00:09 ] |
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Robert Fisk – CPI Pour qu’elle arrête d’extorquer les biens des autres, les Etats-Unis avaient récemment offert un pot-de-vin à "Israël". Cette dernière l’a refusé. Normalement, un tel acte est illogique. Il est illogique d’offrir des chasseurs-bombardiers d’une valeur de trois milliards de dollars contre un gel provisoire de la colonisation en Cisjordanie, pour quatre-vingt-dix jours seulement ! Pire, le gel ne concerne pas la partie orientale de la ville d'Al-Quds. Si Benyamin Netanyahu continue la construction de colonies sur les terrains arabes de la ville, nous dirons adieu à la ville d'Al-Quds comme capitale palestinienne. Une personne logique qualifiera, normalement avec un peu dégoût, l’offre d’Obama avec un seul mot : concession. Toute personne qui se met aux côtés d’un groupe contre un autre, injustement, sera considérée comme complice. Toute personne qui ne se met pas contre la saisie de terrains des autres sera considérée comme complice. Toute personne qui ne se met pas contre l’invasion de l’Iraq sera considérée comme complice. Obama fait exactement cela, en priant Netanyahu de se mettre en phase avec la loi internationale pour trois mois seulement. La vraie réalité, c’est que les politiciens et les journalistes occidentaux acceptent ces stupidités sans vérifications, comme si c’était un nouveau pas vers la « paix ». Cela montre à quel point est arrivée la peur d’Obama face à ceux qui soutiennent "Israël" dans le Congrès et le Sénat. Si on fait le compte : trois milliards de dollars en trois mois, cela veut dire 71 millions de dollars par jour ; tout cela pour stopper la colonisation pour trois mois seulement. En plus de cette mine d’or, Washington continuera à user du veto contre toute décision condamnant "Israël". Elle continuera également à empêcher les Palestiniens de déclarer leur Etat. En tout cas, on demande d’arrêter la colonisation illégitime pour quatre-vingt-dix jours seulement, mais elle continuera à plein régime dans la ville d'Al-Quds ! Mme Hillary Clinton (secrétaire d’Etat américaine) a cru en un Etat palestinien, qui ne vient pas à l’encontre de la sécurité d’"Israël", pendant un voyage à Ramallah, la fausse capitale de la Palestine. Elle a constaté que les gardes de son convoi n’étaient pas des soldats israéliens, mais des professionnels palestiniens. Ella a remarqué, écrit Rogers Cohen dans le New York Times, pendant son voyage, que les Palestiniens ne se lamentent plus sur leur sort. Ils se construisent et construisent leurs institutions. Salam Fayyad, premier ministre palestinien, par exemple, avait fait ses études aux Etats-Unis. Il est normal alors qu’ils mettent le développement et la sécurité dans leurs priorités. Ces Palestiniens démunis qui sont soumis à une armée sauvage depuis 43 ans en plus de ces Palestiniens qui sont loin de leur partie ont arrêté de se plaindre. Ils arrêtent de râler. Ils commencent à travailler pour un seul but. Le but n’est pas la justice, ni la démocratie bien évidemment. Le seul but que doit respecter tout un chacun, de toute religion, reste la sécurité. Oui, les Palestiniens respectent enfin la vraie fraternité humaine. Enfin, "Israël" aura la sécurité. L’anecdote disant que la ville d'Al-Quds serait la capitale éternelle d’"Israël" et qu’elle ne serait divisible arrive à son summum. Si Netanyahu avait une petite jugeote, il accepterait ces quatre-vingt-dix jours. Et dès leur fin, il dénigrerait les Etats-Unis. Et dès que cette période prendra fin, les Palestiniens devraient se montrer courageux et s’asseoir avec les Israéliens pour décider des frontières d’"Israël" et de la Palestine. Toutefois, puisqu’"Israël" maîtrise 62% de la Cisjordanie, Fayyad (le premier ministre palestinien) n’aura à discuter qu’au sujet d’environ 10,9% de la Palestine historique. Enfin, pour 827 dollars par seconde, ils devraient vite réagir, et ils le feront. Et nous, nous devrons baisser la tête, de honte. Mais nous ne le ferons pas. Parce qu’il y aura des cadeaux, de l’argent, beaucoup d’argent. Ainsi, il n’y a qu’à dire : Adieu Palestine. Article écrit par Robert Fisk, pour le journal Al-Dostour, le 29 novembre 2010, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) |