Vittorio Arrigoni
1977 : l’Assemblée Générale des Nations Unies désigne le 29 novembre comme Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien.
Ceci semble être une compensation symbolique de la grande faille ayant frappé la justice et les droits de l’homme, trente années auparavant, jour pour jour, à travers la résolution 181.
En effet, le 29 novembre 1947, l’injustice aberrante traduite dans la résolution en question (181) entérina la scission de la Palestine historique en attribuant à la population hébraique d’autrefois plus de la moitié de tout le territoire, sachant que cette population qui ne possédait pas plus de 6% de la terre représentait le 1/3. Cette démarche représenta alors la mise en place des fondements pour la création de l’état israélien et pour la Nakba, c’est-à-dire le début du nettoyage ethnique du peuple palestinien par le terrorisme sioniste en premier lieu, puis par l’IDF (armée de défense israélienne) jusqu’au jour d’aujourd’hui.
Lundi dernier, à l’occasion de cette journée, une quarantaine de militants, parmi lesquels des représentants de l’ISM (Mouvement International de Solidarité), des journalistes et des volontaires palestiniens de Local Initiative se sont rassemblés à Beit Hanoun. Ils se sont mis à dessiner des graffitis sur les bâtiments laissés pour ruines durant les bombardements menés par l’offensive israélienne “Plomb Durci”.
Ces dessins véhiculent un message appelant à relancer la solidarité avec la cause palestinienne d’une part, et à réitérer la nécessité de boycotter Israël, responsable de crimes de guerre et de crimes contre les droits de l’homme. A ce sujet, Saber Al Za’anin, coordonateur de Local Initiative a tenu à exprimer et à réitérer la nécessité d’une intervention massive de la part de la société civile à travers le monde entier et ce, pour exercer des pressions sur Israël afin qu’il mette un terme à l’occupation et au blocus sur Gaza. Ainsi, il souligne l’importance vitale d’un appui international pour soutenir les palestiniens dans leur lutte et leur résistance non violente contre l’oppresseur israélien.
Il ajoute : “Nous avons dessiné les drapeaux de plusieurs pays représentés par les militants internationaux présents aujourd’hui à Beit Hanoun pour manifester à nos côtés. Il est grand temps pour que soient organisés des festivals, des manifestations et des campagnes de boycott à travers le monde entier pour dire stop à l’occupation israélienne et aux attaques quotidiennes perpétrées par les soldats de l’armée de l’occupation contre les civils gazaouis”. Dans la foulée, des militants et des volontaires se sont joints à la manifestation en direction du passage d’Erez, au même endroit où, deux jours plus tôt, six fermiers avaient été blessés par des snipers israéliens.
Parmi les internationaux présents, il y avait le survivant du massacre contre le navire turc Mavi Marmara, Ken O’Keefe. Le militant avait planté un drapeau palestinien tout près de la frontière et a tenu à rappeler aux médias tous ces militants turcs abattus par des commandos israéliens. Les victimes se trouvaient dans les eaux internationales en Méditérranée à la tête d’un convoi humanitaire dont l’objectif principal était d’expliquer au monde entier ce que voulait dire être solidaire avec une population opprimée.
Par ailleurs, Ken n’a pas manqué de dénoncer et de condamner le crime consistant à imposer une zone tampon. Dans ce contexte, un rapport récent de l’ONU a noté que la zone tampon empêchait les fermiers palestiniens d’accéder à 35% de tous les terrains cultivables et aux fonds fertiles situés à l’intérieur de la Bande de Gaza.
Ainsi, il précise : “Quand nous voyons des civils blessés et tués à la frontière alors qu’ils ne faisaient que travailler leur terre ou bien qu’ils étaient en train de ramasser et de récupérer des matériaux de construction à partir de restes d’édifices détruits (l’acquisition de ciment et de fer sont interdits par Israël), nous nous rendons malheureusement compte que le supposé relâchement du blocus n’est que pure propagande de Tel Aviv. Le blocus sur Gaza doit prendre fin et les seules et uniques personnes à même de mener à son élimination sont celles dont la conscience est toujours prête à agir, à l’instar de ce que nous faisons aujourd’hui”.
Notre manifestation s’est poursuivie ; nous étions à environ 100 mètres du mur, chantant et brandissant des drapeaux quand soudain, nous avons entendu un cri menaçant d’un soldat israélien en provenance d’une tourelle militaire proche. Cependant, au moment où le groupe s’était éloigné de la frontière (environ 500 mètres) un sniper a ouvert le feu en notre direction : vingt coups retentissent et les premières balles volaient à quelques mètres au dessus de nos têtes.
Tout le monde fuyait les tirs, mais les projectiles ont pu atteindre une cible : Vera Macht, membre de l’ISM a été légèrement blessée à une jambe.
Restons humains
* Vittorio Arrigoni réside à Gaza ville. Journaliste freelance et militant pacifiste italien, membre de l’ISM (International Solidarity Movement), il écrit notamment pour le quotidien Il Manifesto. Il vit dans la bande de Gaza depuis 2008. Il est l’auteur de Rester humain à Gaza (Gaza. Restiamo umani), précieux témoignage relatant les journées d’horreur de l’opération « Plomb durci » vécues de manière directe aux côtés des ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien.
Vittorio Arrigoni
Son blog peut être consulté à :
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
Vittorio Arrigoni a reçu le prix spécial « Rachel Corrie » à Ovada [Piémont italien] pour son travail d’information à Gaza : http://www.testimonedipace.org,